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Blogres - Page 140

  • L'homme qui empile des cailloux

     

     

     

    par Pascal Rebetez

     

     

    Hier, j’ai rencontré un des ces hommes qui travaillent à leur propre effacement par l’accumulation des cailloux.

    Certains écrivent, ne supportant pas un jour sans poser patte de mouche sur papier chiffon ou frappe de clavier sur le sable cybernétique. Ainsi en va-t-il désormais des blogueurs obsessionnels qui, au quotidien, livrent leurs pensées, leurs phrases et c’est bien un peu de la vanité, n’est-ce pas, de songer que cet exercice soulagera le monde ou forcira les esprits. De là à ce que l’entraînement soit une addiction, il n’y a qu’un pas, une course, une mécanisation ou pire, une habitude, un tic, quelque chose de répétitif, de l’ordre du fonctionnariat. Chaque jour, ma petite pensée, mon petit personnage. Chaque année, à date fixe, rituellement, mon livre paraît, terriblement poignant et essentiel, réglant les comptes les plus troubles de ma vie, en une prière aussitôt reprise à des milliers d’exemplaires et, pour faire bonne mesure, comme autrefois à la sortie de l’église, on offre au tronc des pauvres quelques poèmes hermétiques. L’ensemble des honnêtes gens ne peut que s’incliner devant tant de ferveur et de piété… Vanité, vanité !

    Hier, j’ai parlé à un inconnu, un ancien taulard qui empile les cailloux au bord de la rivière. Il fait cela parce que ça lui plaît mais aussi, comme souvent les Judas repentis, parce qu’il y voit une mission, un appel aux humains, une prière à la nature.

    Je suis souvent plus ému de trois cailloux empilés que de toute une bibliothèque alignée.

    Je sais aussi que les deux activités ne sont pas incompatibles et que parfois les livres, comme les cailloux, se refusent au courant et aident à imaginer la beauté d’une certaine forme de résistance.
  • Le Rendez-vous d'Ellen, de Pierluigi Fachinotti

    Par Alain Bagnoud

    Pierluigi Fachinotti, médecin à Genève, avait comme projet de « tenter de raconter une histoire qui dise le parcours d’hommes et de femmes qui se débattent dans les liens invisibles du passé. »
    Il a suivi pour cela la branche mâle d’une famille. Trois hommes. Taddeo, Biagio qui prendra l’identité d’un mort de passage, et Enrico. Le grand-père, le père, le fils, ballottés entre le nord de l’Italie, l’Ethiopie, la Suisse, entre le fascisme mussolinien, l’immigration des travailleurs et la vie des secondos.
    Le Rendez-vous d’Ellen montre effectivement le poids que portent les personnages et, parfois, « la nostalgie de cet ailleurs inaccessible qui hante toute relation humaine ».
    Un premier roman maîtrisé, donc, surtout dans la restitution du passé. Les récits à la première personne d’Ellen et d’Enrico m’ont paru en effet un peu moins intéressant. Un récit bien construit, même si le coup de théâtre final semble artificiel.
    Mais le résultat est manifestement inférieur à l’ambition proclamée de Fachinotti, qui voulait rien de moins que communiquer sa conviction sur « l’existence d’un lieu secret dans chaque être, une part d’ombre et de lumière [qui] donne son éclat à chacun », et parler de « ce lieu intime [qui] est la part la plus belle de l’homme ».
    Noble ambition. Le texte se lit en général agréablement, c’est déjà ça.
     
    Pierluigi Fachinotti, Le Rendez-vous d’Ellen, L’Aire
     
    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud.)

  • Jérôme contre Goliath

    Par Pierre Béguin

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    Jérôme Kerviel, le trader dont les activités boursières prétendument «clandestines» ont abouti à une dette de près de 8 milliards, est devenu, avant sa future consécration par l’inévitable film à sa gloire, puis son oubli définitif, une célébrité pourchassée par les paparazzis, (qui estiment à 60000 euros les premières photos live), en même temps qu’une icône des marchés de produits dérivés avec T shirts à son effigie et inscription I love you bien en vue sur le torse. Précisément, pourquoi l’aime-t-on? Après tout, il n’est que le plus grand looser de l’histoire de la finance dans une société qui, a priori, ne valorise que le succès et la réussite matérielle. Cet engouement médiatique et populaire peut donc sembler paradoxal. Bien entendu, comme pratiquement tous les succès médiatiques, «la folle dérive» (Le Temps) de Jérôme Kerviel appartient à ces pseudo-événements orchestrés sous la forme d’un sensationnalisme offert en réponse à la routine et à la prévisibilité du quotidien. Bien entendu, le personnage plaît parce qu’il révèle la langue de bois, la myopie crasse, voire la duperie cynique – pour ne pas dire plus – de la communauté financière. Bien entendu, il séduit aussi, comme l’incarnation d’une vengeance, par sa capacité à berner les puissants qui, au-dessus du politique et de tout cadre démocratique, gouvernent en maîtres du monde à leur seul profit. Mais il y a autre chose. Le plus souvent, les célébrités, lorsqu’elles se présentent au public, semblent affirmer dans le même temps que les dieux peuvent descendre sur terre pour se mêler un instant aux mortels. Souvenons-nous par exemple de Johnny Hallyday qui, poussant jusqu’au cliché cette attitude, descendait sur scène dans une nacelle le temps d’un concert avant de remonter sur  son Olympe où son existence était censée se dérouler. Avec Jérôme Kerviel, c’est l’inverse. On a l’impression qu’un simple mortel, parti du bas de l’échelle – le middle office – a non seulement atteint le royaume des dieux mais qu’il a surtout accompli l’exploit d’y semer une véritable pagaille. Comme un héros mythologique, un voleur d’étincelles, il restitue à l’homme une importance, un pouvoir, dont il se croyait à jamais dépossédé par un XXe siècle déshumanisé qui l’avait peu à peu relégué au rang de l’anecdote, du fait divers ou du numéro. Jérôme contre Goliath. Une sorte d’Oussama Ben Laden de la finance (comparaison n’est pas soutien) qui, avec de petits moyens relativement à l’adversaire auquel il s’attaque, parvient à faire vaciller le colosse hautain dont la suffisance se drape dans la surabondance matérielle et financière. Tout redevient plus humain. Avec Jérôme Kerviel, le temps d’un battage médiatique, l’individu, tout en se vengeant de son exil forcé, semble reprendre sa place au centre d’un système qui l’avait rejeté à sa circonférence ou asservi comme un simple rouage.
    Je m’égare? Je construis une forme idéalisée ne révélant que mes désirs frustrés de citoyen constamment dégradé par la culture consumériste? Peut-être. Mais il n’est pas désagréable de croire un instant en une portée symbolique de cette histoire, fût-elle une «folle dérive». Croire que la célébrité momentanée du trader n’est pas seulement qu’un produit supplémentaire d’une industrie ne servant finalement qu’à une chose: vendre. Un instant. Avant qu’on en fasse un film…

  • Ribes et Chiacchiari au Théâtre de la Presle

     

    Par Olivier Chiacchiari

    Plusieurs courtes pièces signées par Jean-Michel Ribes et moi-même prendront corps du 7 au 15 février à Romans-sur-Isere (Rhône-Alpes).
    Un florilège concocté par la compagnie de l'Oeil nu, en fonction de l'ironie et du caractère métaphorique des textes choisis.
    Les saynètes issues de ma plume appartiennent à une pièce intitulée Nous le Sommes tous (l'Age d'Homme 1996) qui traite des lâchetés ordinaires du quotidien.
    Je vous livre ici les premières répliques d'une séquence représentative de l'ensemble: deux hommes témoins d'une rixe s'interrogent toute la scène durant sur la meilleure façon d'intervenir. Petite fable inspirée par l'impuissance patente de l'ONU - malgré ses résolutions successives - face à la guerre de Bosnie.

    Hors de la vue du public, deux hommes se battent.
    Le 1er passant les observe, stoïque et parfaitement calme.
    Arrive le 2e passant.

    2e passant –
    Que se passe-t-il ?
    1er passant – Je n'en sais rien.
    2e passant – Il y a longtemps qu'ils se battent ?
    1er passant – Je ne suis ici que depuis quelques minutes.
    2e passant – Et vous restez là, sans réagir ?
    1er passant – A mon avis, ça fait des heures que ça dure.
    2e passant – Il faut faire quelque chose !
    1er passant – C'est ce que je me dis depuis quelques minutes.
    Un temps.
    2e passant – Alors qu'attendons-nous ?
    1er passant – Si c'était si facile!
    2e passant – Il suffirait de les séparer.
    1er passant – Vous croyez ?
    2e passant – Bien sûr !
    1er passant – Sans essayer de comprendre ?
    2e passant – Comprendre quoi ?
    1er passant – Vous êtes bien naïf, monsieur.
    2e passant – Pardon ?
    Un temps.
    1er passant – Vous êtes du quartier ?
    2e passant – Séparons-les !
    1er passant – Il nous faudrait une bonne raison pour le faire.
    2e passant – Les empêcher de s'entretuer ne suffit pas ?
    1er passant – Non, ça ne suffit pas, votre empressement est louable, il part d'un bon sentiment, mais ça ne suffit pas. Avant d'agir, il faut comprendre.
    2e passant – Il n'y a rien à comprendre...
    1er passant – Il y a toujours quelque chose à comprendre !

    ...

    Restons-en là, car comme le disait Molière:
    Le théâtre n'est pas fait pour être lu, mais pour être vu.

    EN SAVOIR DAVANTAGE

  • La baise et les impôts


    par Pascal Rebetez

    Lundi dernier, en première page de la Tribune, l’œil égrillard du lecteur matinal a pu apprécier, avec quelques longueurs d’avance sur sa déclaration fiscale pisseuse et ses croissants baveux, l’énormité provocatrice et la vanité sexuelle de François Longchamp, notre chef du Département de la solidarité et de l'emploi, qui se déclare, je cite le malheureux secrétaire de rédaction de la Julie : « pour les baises d’impôts ». C’est ce qu’on appelle en langage d’imprimerie, une coquille. Il faut donc comprendre qu’en baisant les impôts à tout bout de Longchamp, on ne risque pas grand chose, à condition de se protéger avec d’encore plus lumineuses et sexuellement non transmissibles coquilles.
    C’est curieux, ce « baiser », geste d’amour à l’origine, signe de déférence et de tendresse qui est devenu transitivement l’équivalent de niquer, porter atteinte, tromper, piéger, vaincre, voler et même violer. Il en est de l’évolution du lexique comme celle des contributions publiques : à force de tendre sa sébile à tout va, l’Etat tourne autour du pot et ne récolte tout au plus que des fifrelins et autres boutons de culotte. Il rompt alors le pacte de la donation volontaire pour imposer le don : l’impôt, c’est ce qui est imposé. D’aucuns, les plus malins de la tablée sont les spécialistes du baiser de Judas : ils vont poser ailleurs leur authentique tendresse et leur jolie fortune. Les autres, les moyens, les distraits, les salariés paient. Ils paient pour voir baisser mais n’en jouissent que fort peu. La coquille alors est vide et les omelettes sans œufs. Est-ce la foule qui fait le bœuf ou le bœuf qui fait la poule ? etc.

  • Einstein glorifie l'imagination

    Proposée par Olivier Chiacchiari

     

       

     

        L'imagination

        est plus importante

        que le savoir

     

        Albert Einstein

     

       

        Si l'un des plus éminents scientifiques l'affirme

        sans ambages, on peut garantir à la fiction

        un avenir éternel...

  • Le staphylocoque est l'avenir de l'homme

    Par Pierre Béguin

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    Mon père atteint malheureusement l’âge vénérable où une hospitalisation est à craindre. Qui survint il y a une quinzaine de jours. Urgences. Beau-Séjour. Chambre à quatre lits. Sur la porte, un autocollant rouge attire l’attention du visiteur sur les précautions d’hygiène et le port obligatoire de gants en caoutchouc. A côté d’un des quatre noms, un petit signe rouge désigne le patient contaminé. Je me renseigne. Staphylocoque doré résistant. Ça tombe mal: ma mère, selon son médecin traitant, n’est pas en état de supporter cette bactérie. Contamination interdite. Je le signale au médecin qui m’avoue son impuissance. J’insiste. En vain. En partant, je remarque sur les autres portes le même autocollant et le même signe rouge à côté de certains noms. Idem au deuxième étage. Pourquoi ne regroupent-ils pas les malades porteurs du staphylocoque doré dans les mêmes chambres au lieu d’exposer les autres à une contamination? L’ostracisme d’une telle mesure ne s’en trouverait-il pas médicalement justifié? Fort de cette logique, je remonte poser la question au médecin qui me souligne, sans m’en expliquer les raisons, l’inutilité d’un tel regroupement qui n’a pourtant rien de familial. Trois jours plus tard, un deuxième signe rouge fait son apparition. Là, je m’inquiète vraiment. Quelles perspectives, papa? Anthrax? Ostéomyélite? Septicémie? Pour toute réponse, je reçois l’acrimonie des infirmières, par ailleurs particulièrement acrimonieuses, et la gêne du médecin. Deux jours passent qui amènent un troisième signe rouge. Seul mon père résiste encore. Cette fois, branle-bas de combat. J’exige un test et, en cas de résultat négatif, son déplacement immédiat. Même les médecins traitants de mes parents s’en mêlent. Le lendemain matin, test; le soir, résultat: pas de staphylocoque doré résistant mais pas de changement de chambre non plus. Finalement gain de cause est obtenu par mon frère dont la stratégie aux accents slaves semble plus efficace que ma logique desséchante et insistante: un couple que 59 ans de vie commune n’ont pas réussi à séparer pourrait l’être en quelques secondes par une bactérie dont la propagation n’a a priori rien de résolument fatal! Œuvre de tant de jours en un jour effacée! Bref, on place mon père dans une chambre individuelle. Ironie! De nos jours, ce sont les personnes non contaminées qu’on met en isolement. Ça promet pour l’avenir! Sur toutes les portes, à tous les étages – je jure, lecteur inquiet, que je dis la vérité –, les petits signes rouges se sont multipliés. Le surlendemain, Val-Fleuri, une EMS où nous avions déposé un dossier, nous informe qu’une place se libère. Soulagement. Le même jour, scandale à Val-Fleuri! Voyages du personnel et des conjoints, repas (g)astronomiques, voiture de fonction et salaire inapproprié pour le directeur, etc. On dilapide joyeusement l’argent pour motiver les cadres. Les débordements habituels en quelque sorte. L’Etat coupe les subventions à Val-Fleuri. Il n’y a plus de petits prétextes pour économiser. On vit décidément une époque formidable! Les conseils d’administration ou autres Pdg vivent comme des nababs, les banques, soutenues par l’argent public, engloutissent des milliards dans des krachs que trois neurones auraient suffi à prévoir et les états, évidemment endettés, coupent, coupent, coupent… le plus souvent où il ne faudrait pas couper. E la Nave va! Pour ceux qui ont les moyens, passe encore! On nous l’a bien dit, à Val-Fleuri: votre père est prioritaire  parce qu’il est solvable. Mais les autres? Pas de panique! Il reste Beau-Séjour, ses infirmières souriantes et son staphylocoque. Ah, quelle belle société! Le parachute doré pour les uns, le staphylocoque doré pour les autres.
     

    Moralité: Il faut mourir de son vivant. N’hésitons plus: fumons, buvons, jouissons, mangeons gras! Et surtout pas de sport, sous aucun prétexte! Je ne sais pas pour vous mais moi, c’est décidé: ce soir, c’est charcuterie, beurre, viande rouge en sauce, dessert crémeux. Et puisqu’il est temps encore pour les bonnes résolutions de janvier, demain – promis, juré! – j’arrête le sport et je commence à fumer.

  • Les petits arrangements, de Claude-Inga Barbey

    Par Alain Bagnoud

     

     Gilda, l’héroïne du livre, s’est fait quitter par
     son prince. Ça semble un peu mièvre,
     dit ainsi, mais c’est bien ce qui s’est passé.
     Il l’a séduite, voulue, désirée, prise. Un
     homme beau, plus jeune qu’elle, une statue
     vivante qu’elle couvait, qu’elle admirait,
     qu’elle cajolait, qu’elle entretenait. Elle a largué
     un premier mari pour cet Ulysse, l’a épousé, lui
     a fait un enfant.

     Mais emprisonné dans cet amour, contrôlé, chargé de famille, dévirilisé, le bel homme doit sauver sa peau et s’en va.

    C’est le chagrin de Gilda qu’on suit dans ce livre, ses tentatives pour regagner son homme, ou l’oublier, ou le remplacer par un prétendant, jusqu’à sa résolution finale de ne plus juger mais d’accepter que chacun suive sa route. Dans l’intervalle, elle a rencontré des prétendants divers, des êtres un peu à part, un SDF, un réfugié…

    Ulysse ? Les prétendants ? Oui. Claude-Inga Barbey établit un parallèle régulier entre son héroïne, qu’elle renomme Pénélope, et l’Odyssée. Histoire de donner à son histoire de la profondeur, du sens, de la généraliser. Le livre se termine d’ailleurs en Grèce, par une conclusion paradoxale, mais logique puisqu’Ulysse finalement ne revient pas : « C’est décidé. Pénélope part en voyage. »

    Pourquoi pas ? Le parallèle est parfois éclairant, parfois juste anecdotique, mais ce n’est pas la première fois qu’on utilise les mythes grecs à toutes les sauces. Plus gênantes sont les quelques incohérences du récit. Comment expliquer par exemple que cette Gilda riche, qui a des propriétés et entretient son mari, travaille comme serveuse dans un bar ?

    L’essentiel, quand même, est ailleurs. Dans la petite musique de Claude-Inga Barbey, ce chagrin et ce charme. Dans son don d’observation du quotidien qui lui fait épingler en quelques notes un être, une situation.

    Toutes choses qui font que ce livre se lit d’une traite et instaure une ambiance de tristesse, mais aussi de vitalité. Il suggère que même si tout peut s’expliquer a posteriori, si les schémas sont probables et les événements prévisibles, une grande liberté guide les destins, que la vie réserve des surprises, préserve le mystère des êtres, et est finalement intéressante même dans les plus téléphonés de ses dénouements.

     

    Claude-Inga Barbey, Les petits arrangements, Editions d’autre part

    (Publié aussi dans Le blog d’Alain Bagnoud.)

  • Une plume envolée

     

    par Pascal Rebetez

     

    Tristesse après avoir appris le décès le 18 janvier d’Anne-Lise Thurler à l’âge de 47 ans. J’avais lu cet été son dernier roman « La fille au balcon » paru chez Zoé et l’avais trouvé passionnant, fort, inspiré, puisant dans la relation familiale une source narrative d’une grande justesse. Et puis, elle, Anne-Lise, je l’avais croisée au Salon du livre. Nous avions discuté avec élan de diverses choses. Pas de littérature, non, mais de l’éducation, des enfants - elle en a eu deux - du cheval qu’elle pratiquait et puis… de sa maladie qu’elle m’avait avouée sans fausse pudeur, disant les yeux dans les yeux, qu’il y avait peu de chances qu’elle s’en remette, que la Faucheuse avait trop d’avance…

    Et la Faucheuse a gagné une fois de plus. Elles sont trop nombreuses ces femmes  de quarante ans qui succombent au cancer. J’enrage, impuissant comme toujours face à l’inéluctable. Une femme jeune, une mère décède. Qui était aussi un auteur. Est-ce que vraiment les livres survivent ? Cela en vaut-il la peine d'ailleurs? J’espère qu’on la lira encore longtemps.

  • Nietzsche, le génie rendu fou

    Proposée par Olivier Chiacchiari

     

     

     

     

        Ce qui est montré

        n'est pas ce qui est vu

     

        Friedrich Nietzsche

     

       

       

        L'une des innombrables pensées lumineuses

        de ce philosophe de génie, qui s'est efforcé

        de réfléchir par delà bien et mal,

        jusqu'à s'en rendre fou.