Ribes et Chiacchiari au Théâtre de la Presle (01/02/2008)

 

Par Olivier Chiacchiari

Plusieurs courtes pièces signées par Jean-Michel Ribes et moi-même prendront corps du 7 au 15 février à Romans-sur-Isere (Rhône-Alpes).
Un florilège concocté par la compagnie de l'Oeil nu, en fonction de l'ironie et du caractère métaphorique des textes choisis.
Les saynètes issues de ma plume appartiennent à une pièce intitulée Nous le Sommes tous (l'Age d'Homme 1996) qui traite des lâchetés ordinaires du quotidien.
Je vous livre ici les premières répliques d'une séquence représentative de l'ensemble: deux hommes témoins d'une rixe s'interrogent toute la scène durant sur la meilleure façon d'intervenir. Petite fable inspirée par l'impuissance patente de l'ONU - malgré ses résolutions successives - face à la guerre de Bosnie.

Hors de la vue du public, deux hommes se battent.
Le 1er passant les observe, stoïque et parfaitement calme.
Arrive le 2e passant.

2e passant –
Que se passe-t-il ?
1er passant – Je n'en sais rien.
2e passant – Il y a longtemps qu'ils se battent ?
1er passant – Je ne suis ici que depuis quelques minutes.
2e passant – Et vous restez là, sans réagir ?
1er passant – A mon avis, ça fait des heures que ça dure.
2e passant – Il faut faire quelque chose !
1er passant – C'est ce que je me dis depuis quelques minutes.
Un temps.
2e passant – Alors qu'attendons-nous ?
1er passant – Si c'était si facile!
2e passant – Il suffirait de les séparer.
1er passant – Vous croyez ?
2e passant – Bien sûr !
1er passant – Sans essayer de comprendre ?
2e passant – Comprendre quoi ?
1er passant – Vous êtes bien naïf, monsieur.
2e passant – Pardon ?
Un temps.
1er passant – Vous êtes du quartier ?
2e passant – Séparons-les !
1er passant – Il nous faudrait une bonne raison pour le faire.
2e passant – Les empêcher de s'entretuer ne suffit pas ?
1er passant – Non, ça ne suffit pas, votre empressement est louable, il part d'un bon sentiment, mais ça ne suffit pas. Avant d'agir, il faut comprendre.
2e passant – Il n'y a rien à comprendre...
1er passant – Il y a toujours quelque chose à comprendre !

...

Restons-en là, car comme le disait Molière:
Le théâtre n'est pas fait pour être lu, mais pour être vu.

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