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Blogres - Page 143

  • Les studios PIXAR croquent le monde en plein vol

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    A l'approche des fêtes de fin d'année, efforçons-nous d'entretenir un peu de magie pour divertir l'esprit des adultes et enchanter celui des enfants.
    PIXAR, pour ceux qui ne connaissent pas, est une société créée par Steve Jobs en 1986 (créateur d'Apple en 1976 !) qui produit des films d'animation connus dans le monde entier (Ratatouille, les Indestructibles, Toy Story, etc.).
    Leurs productions primées maintes fois à juste titre, comportent des courts métrages qui viennent de paraître dans un DVD réunissant pas moins de 13 opus. Et l'on peut dire que ces courts n'ont rien à envier aux longs, ça non, un véritable festival d'humour et de poésie, dont les prouesses techniques n'ont d'égal que l'excellence des scénarios.
    J'en veux pour exemple ce bijoux intitulé For the birds, métaphore des dérives grégaires d'une société représentée par une bande d'oiseaux agglutinés sur une ligne à haute tension. Cette communauté étriquée et belliqueuse se chamaille au coude à coude sur quelques mètres de câble (parmi des kilomètres existants), lorsqu'arrive un grand volatile débonnaire aux intentions amicales. Mais la démarche innocente du nouvel arrivant agace. Elle déclenche les railleries, puis la colère de la communauté qui se transforme progressivement en une meute avide de lynchage collectif... jusqu'à ce qu'un rebondissement hilarant renvoie toute la communauté à son propre ridicule !
    Une simple histoire muette qui s'impose comme une fable universelle, et le tout en moins de trois minutes ! Witold Gombrowicz a écrit dans son journal: «Si vous voulez me parler d'une manière efficace, ne le faites jamais directement». L'expression brève et ludique de PIXAR illustre parfaitement cette réflexion.

  • L’espace vide du monstre

     

     

    par Pascal Rebetez

     

     

    Lisez un des ouvrages les plus étonnants de cette année en Suisse romande. Il est l’oeuvre de la Fribourgeoise Isabelle Flückiger et ça m’a fouetté les sangs et « rebouillé » comme on l’est rarement dans nos vertes vallées. Outre l’intrigue - qui voit une jeune glandeuse, toute creusée par la vacuité de sa vie, tenter de se rendre exceptionnelle par la maîtrise de la vie des autres - il y a dans l’écriture de ce troisième roman une force, un tempo ensorcelant, une grâce d’écriture qui épatent.

    Est-ce qu'il existe une littérature femelle? En tout cas, celle-ci vous tient aux choses...

     

     

    C’est paru aux Editions de l’Hèbe en 2007.
  • La symphonie du loup, par Marius Daniel Popescu

    Par Alain Bagnoud

    Marius Daniel Popescu, c’est une personnalité. Quelqu’un qui fait réaliser à plein cette idée proustienne qu’en abordant un auteur, on se retrouve dans son individualité, dans sa vision du monde, qu’on a accès à sa subjectivité. Avec La symphonie du loup, événement littéraire de la rentrée, on est dans un roman original, mais on est aussi dans Popescu.
    Dans son histoire d’abord. La Roumanie, l’enfance, l’apprentissage de la vie, la mort du père, un personnage rebelle, ennemi du parti unique, grand séducteur, écrasé par un camion plein des briques qu’il destinait à construire une chambre pour que son fils puisse venir habiter avec lui. Et, en écho, Lausanne, la vie de famille, la femme et les deux fillettes du héros.
    On se trouve aussi dans une vision du monde. Une vision ample, englobante qui s’exprime dans des épisodes caractéristiques minutieusement racontés, intégrant l’exceptionnel et le banal tout aussi bien. Qui décrit un personnage singulier, un personnage qui ne peut être que Popescu, vu à travers la distance de la deuxième personne puisque le texte est médiatisé par le grand-père, qui semble s’adresser au héros.
    Tout ça est dit dans une langue très personnelle. Rythmique, répétitive, martelée, ample. Composées de longues phrases juxtaposées, avec un vocabulaire simple, peu de figures de style mais un pouvoir descriptif et évocateur très fort. Ce n’est pas une écriture de nuances, d’effets raffinés, de mesure à la française. Au contraire. Popescu n’est pas dans la miniature, mais dans la fresque.
    Bien sûr, j’ai entendu les reproches qu’on fait au livre : le texte n’est pas raffiné. La construction est faible. A côté de scènes évocatrices il y en a de tout à fait banales. Le volume aurait gagné à être raccourci. Il y a, particulièrement après la page 280 environ, des scènes complètement hors sujet dont la présence nous fait nous demander si les éditeurs de la maison José Corti sont arrivés jusque là dans leur lecture.
    Tout ça est peut-être juste mais n’est finalement pas très important. Parce qu’on reçoit ici un chef-d’œuvre brut, et le rapport qu’on a avec lui est le même qu’on peut établir avec une personnalité bien tranchée. Soit on ne supporte pas cette présence qui submerge le lecteur et on referme le livre, agacé par ces scènes dans lesquelles un être omniprésent semble dire : tout ce qui m’arrive est important. Soit on se laisse emporter par la vision, la verve, l’énergie, les torrents de sensibilité, le sentiment d’exception, l’envie de peindre sa vie comme une destinée et soi-même comme un personnage. Alors, on est emporté par Popescu comme par un ami généreux, libre, enthousiaste, débordant de vie, curieux, profondément personnel dans sa vision et dans son expression.
    Moi, vous l’avez compris, je fais partie de cette catégorie de lecteurs. J’ai marché dans ce texte hors normes, j’ai été séduit par le personnage et charrié par le flux du récit.
    On peut y préférer bien sûr certaines choses. Tout n’est pas de même force. Certaines scènes roumaines sont proprement hallucinantes (l’annonce de la mort du père, le cheval martyrisé, le colis reçu à l’armée, etc.) alors que les épisodes familiaux lausannois par exemple m’ont paru longuets, peut-être parce que le bonheur est toujours un peu ennuyeux. Mais globalement, il faut bien reconnaître que La symphonie du loup marque la littérature romande par sa puissance, son originalité, sa singularité.

    Marius Daniel Popescu, La Symphonie du loup, José Corti

    Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud)

  • Quand la démocratie vacille...

    Par Pierre Béguin

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    Des élections en Suisse  souvent me renvoient à un jour de juillet 1987 à Bogota. A cette époque, Fernando Botero, le fils aîné du célèbre peintre et sculpteur colombien, s’apprêtait à faire ses premiers pas en politique en briguant une place au législatif de la Mairie de Bogota. Son parcours électoral devait impérativement passer par la visite d’un certain nombre de tuburios – comme on appelle les bidonvilles en Colombie –, l’objectif étant, bien entendu, d’en accumuler le plus possible dans la même journée. Par l’intermédiaire de son beau-frère d’alors, un Suisse installé de longue date, et avec succès, dans la capitale, il nous invita, un ami et moi, à l’accompagner dans sa campagne en milieu très défavorisé. Peu au fait à ses débuts, semblait-il, des réalités sociales de son pays, il allait monter dans sa BMW lorsqu’un responsable du parti libéral lui fit comprendre clairement que ce véhicule était peu approprié aux électeurs qu’il se devait de rallier à son panache, non pas blanc mais néanmoins certain, il faut bien le reconnaître. C’est donc dans un cortège de Jeeps, flanqués d’une dizaine de gardes du corps et autant de fusils mitrailleurs que nous commençâmes la campagne électorale de Fernando Botero, sans très bien comprendre, par ailleurs, le rôle que nous étions censés y jouer.

    Il nous apparut très vite que, derrière le discours politique stéréotypé, se tenaient en fait des tractations dignes d’un souk: le candidat libéral promettait généralement, en contrepartie des voix de tout le bidonville, un arrêt de bus et des canalisations. Mais promesses de politiciens sont promesses d’ivrognes, là-bas comme ici. Toujours déçus, les électeurs pauvres se méfient des beaux parleurs. Et c’est là, précisément, que nous entrions en scène. Fernando Botero donnait à notre présence, dans son discours, un caractère très officiel: nous étions deux émissaires de la démocratie helvétique, garantissant la parole et le sérieux du candidat que notre seule présence cautionnait. Ce qui valait à la délégation suisse, à chaque visite, un accueil fervent et empressé. Le problème fut que cet accueil s’accompagnait des inévitables libations à l’aguardiente comme test de virilité, libations que nous ne pouvions refuser sous peine de décrédibiliser notre candidat. Si bien que, dès le troisième bidonville, la démocratie suisse commença sérieusement à vaciller sur ses bases et à perdre de son prestige. La fin de la journée fut pathétique pour l’image de la Confédération et j’en demande humblement pardon à Micheline Calmy-Rey. Comme dit l’autre, ce ne fut pas Marignan, certes, mais ce ne fut pas Sempach. Dans tous les cas, je préfère vous en épargnez la description afin de ne pas heurter votre fibre patriotique.

    Pour sa première tentative en politique, Fernando Botero ne fut pas élu au législatif de Bogota. Je ne sais si le vacillement de la démocratie suisse en fut une cause indirecte, si ses émissaires manquèrent à ce point de résistance et de virilité qu’ils rendirent leur candidat peu crédible. Mais je sais que, sitôt après cet épisode, Fernando Botero entreprit une ascension fulgurante qui devait le mener sept ans plus tard – et ce fut la dernière fois que je le vis – à la tête du Ministère des Armées (autant dire Premier Ministre en Colombie) avant de s’emmêler les pieds dans des affaires de corruptions avec les narcotrafiquants et de chuter encore plus rapidement. Depuis son premier essai manqué dans les bidonvilles de Bogota, il avait renoncé à se servir de la démocratie suisse comme caution. Ce fut peut-être là son erreur…

  • Les temps modernes ne cessent de l'être

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    Je m'étais promis de ne pas le faire. Et pourtant je l'ai fait. C'est vrai. Mais si je ne me reconnais aucune excuse valable, j'invoque une circonstance atténuante: c'est l'avenir qui m'a forcé la main.
    Samedi dernier, j'entre dans une librairie avec un but bien précis. Je me dirige vers le rayon concerné, j'identifie mon objectif dans toute son imposante richesse et m'en empare sans hésiter, lorsque mon regard croise un autre objectif. Son alter ego. Moins encombrant. Plus complet. Au même tarif ? Allons donc !
    J'empoigne le concurrent déloyal. Soupèse, retourne, lis la notice. Dilemme cornélien: l'original volumineux dans une main et son prolongement électronique dans l'autre…
    A partir de là tout devient confus, je crois que je viens à bout du dilemme, je crois que je me dirige vers la caisse le regard fuyant, je crois que j'arrive chez moi la goutte au front et l'objet de la trahison à la main.
    J'allume mon ordinateur, déballe le CD-ROM, le glisse dans le lecteur, ça y est: la nouvelle édition du Petit Robert s'illumine devant mes yeux !
    Pour la première fois en 20 ans de compagnonnage, aux 2,1 kilos de cellulose et quelques 3000 pages de la version papier, j'ai préféré un disque polycarbonate de 16 grammes. Est-il possible que 60 000 mots y cohabitent ? Et quand bien même, quel intérêt d'informatiser le dictionnaire ?
    Je compulse le mode d'emploi. Clic. J'obtiens la définition souhaitée. Bon. Compulse encore. Clic clic. Chaque mot est interactif. Pas mal. Clic clic clic, étymologies, synonymes, citations en cascades, incroyable, le tout en liens hypertexte, vertigineux, je navigue à clics perdus dans les abysses de mon Robert numérique, comment ai-je pu vivre sans lui !
    Au paroxysme de mon exaltation, je me fige. Et lance un regard embarrassé en direction de l'ancienne version qui trône encore sur mon bureau. Little Bob, mon vieil ami cellulosique... qu'en est-il ? Finie l'odeur du papier, la texture du papier, le bruit du papier ? Peut-on tourner cette page d'un simple coup de clic ?
    Je m'étais promis de ne pas le faire. Et pourtant je l'ai fait. Mais qu'on se le dise: c'est l'avenir qui m'a forcé la main… clic !

  • Les cailloux du bonheur

     

     

     

    par Pascal Rebetez

     

     

    Il y a parfois une succession de petits bonheurs qui, assemblés, tels des cailloux pour la constitution d’un cairn, aide à la sensation verticale d’une existence que l’on sent plus intense et tenue. Encore faut-il les assembler, ces cailloux, en voir la règle d’équilibre, leur libre dépendance.

    J’ai vu l’autre soir le spectacle au Poche, Vacances de Viala et, comme c’était la première, il y avait Viala, vieux loup de mer et dialoguiste émérite, et puis les acteurs, le remarquable Thierry Meury, une gueule, une présence, un splendide rocher d’émotion contenue et sa partenaire Caroline Gasser, toujours juste dans sa singularité verticale elle aussi, avec cette sorte de grâce qui ne s’apprendra jamais dans les écoles. Et puis, les copains, beaucoup de Jurassiens pour l’occasion, la Castou, Maurice, Philippe, Lucia, et l’on boit, on rigole, on est contents du bon tour qu’on a joué à la vie, nés tout là-bas dans les confins et ici aujourd’hui…

    On rit à ressortir quelques expressions idiomatiques : mon « requeutzer » a grand succès, tant il est devenu rare dans les conversations.

    Et puis mardi, autre bonheur, celui de découvrir à travers son dernier roman le sud-africain André Brink, que, malgré sa célébrité, je n’avais jamais lu. Il était sur la pile des livres chez ma copine.

    A l’aube, rentrant chez moi, la tête toute pleine de L’amour et l’oubli et le corps pas prêt d’oublier tout l’amour échangé, je tombe sur trois sacs emplis de livres destinés au vieux papiers du mercredi matin. J’en emplis un entier de titres et d’auteurs passionnants. J’aime acheter des livres. J’aime encore davantage en trouver !

    Autre petit bonheur, celui d’avoir résolu quelques problèmes d’écriture, ou plutôt d’avoir l’impression de moments de grâce dans la rédaction de ce monologue commandé par une comédienne.

    Et puis, petit caillou telle une cerise sur le gâteau de ces jours heureux, la mise au pas de l’insolent Blocher, ce père Ubu, renvoyé à sa réaction et à son usine chimiques.

    Pas un petit caillou, plutôt le souvenir du pavé... 

  • Pokhara, par Serge Bimpage

    Par Alain Bagnoud

    Pokhara est un court texte elliptique qui semble la partie émergée d’un iceberg : on perçoit, sous la ligne de flottaison, une immense masse juste suggérée.

    Viktor et Léon, deux vieux amis, fêtent leur cinquantaine dans les montagnes du Népal. Ils se connaissent depuis l’enfance, ils ne savent plus très bien quand ils se sont rencontrés pour la première fois. Pendant quelques jours dans ce décor grandiose, il est question entre eux de choses graves. De l’amitié, de la crise de la cinquantaine et surtout de la manière de conduire son existence.

    Entre eux il y a des souvenirs, une femme convoitée par tous les deux et que Viktor a fini par épouser. Ils ont connu deux trajectoires différentes, ils ont adopté deux manières opposées de mener leur vie.

    Léon est un baroudeur plutôt silencieux, un humanitaire habitué des conflits et des camps, globe-trotter qui a abandonné femme et enfants. Viktor vit depuis des années en couple, dirige un restaurant, a des valeurs bourgeoises. Leur amitié est faite d’attirance et d’agacement, de rivalité et de flashs d’amour.

    Ils passent quelque temps dans un refuge, sur un plateau désertique, puis se dirigent vers un camp de base près de l’Annapurna. A mi-chemin, Viktor renonce. Léon va jusqu’au bout, seul, mais quand il retrouve son ami en ville, c’est… Non, vous savez bien : on ne révèle pas la fin des romans, surtout quand il y a une surprise. 

    Serge Bimpage, Pokhara, Editions de L’Aire

    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud)

  • Votez érotique!

    Par Pierre Béguin

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    Je m’apprête à faire consciencieusement, mais tristement comme toujours, mon devoir en vue des votations du 16 décembre. Je constate, une fois de plus, que le seul redressement des finances, pour nécessaire qu’il soit, n’en constitue pas moins notre unique projet de société, et que nos grands communicateurs, dans le but de rassembler l’électeur, n’ont rien trouvé de mieux pour illustrer le fascicule joint au bulletin de vote que la représentation d’un défilé d’ombres errantes et tristes comme des zombies, sensé exprimer, je suppose, l’état d’esprit du citoyen d’aujourd’hui. Tout cela nous fait sérieusement voir la vie en morose et contribue à la grande débandade genevoise. Dommage! Le mot «redressement» est pourtant si prometteur…

    Aussi me permets-je de formuler, comme le fit en son temps Jonathan Swift à la couronne d’Angleterre, une modeste proposition en vue d’un véritable redressement. Si elles veulent durcir les forces vives de la République, faire monter la sève électorale et répandre la semence propre à féconder nos institutions, que nos autorités choisissent, en guise de préliminaires, une illustration à la gloire des grands maîtres de la Turgescence, des Rembrandt de la Turlute, des Caravage de la bagatelle! Alors cesseront enfin ces râles pr73975034.jpgimaires contre les partis. Et nous verrons l’électeur, fouetté au sang, se redresser d’un coup d’un seul et, sans plus blesser les partis, avec l’arrogance roide et fière d’un vrai libéral, se mettre à jouer en bande à la brigade des stupres, introduisant aux urnes de (nouveaux) membres, essentiellement virils, sans que d’aucunes ne leur susurrent qu’ils prennent la queue s’ils ne sont pas trop glands. Ou encore, choisissant d’autres voies, il entrouvrira délicatement l’enveloppe pour extirper de sa gaine affriolante, même si elle n’est pas de soie, cette invitation au plaisir et, après l’avoir allongée précautionneusement sur la table la plus proche, il entreprendra avec ferveur son devoir de citoyen. L’accès en étant devenu plus aisé, il pointera avidement sur elle son sésame et, à peine l’aura-t-il effleurée, qu’il ressentira intensément l’excitation monter d’un cran  pour s’abandonner aussitôt voluptueusement aux exquises sensations du pouvoir électoral. Il prendra néanmoins le temps, en poses suggestives, de tenter les scénarios les plus osés, quitte, au risque de déplaire, de ribler quelque peu, avant de cesser tout va-et-vient indécis et de s’écrier «Oui! Oui! Ça y est!». Ensuite, après une pause bienvenue et avant une lente et délicate descente à la boîte aux lettres, il caressera longuement du bout des lèvres le renflement de l’enveloppe et glissera délicatement le fruit de l’exercice dans sa fente accueillante.
    Certes, nos autorités ne manqueront de se raidir devant une telle proposition. Qu’elles considèrent toutefois les charmes et les attraits qui l’habitent. Si, d’aventure, les ébats du citoyen ne répondent pas à ses attentes légitimes – et il n’est nul besoin de consulter Youssouf N’Burubu, grand marabout à Annemasse, pour savoir que c’est assez souvent le cas – il aura appris, par l’attente excitée du prochain exercice, que gémissements et râles, accouplés aux poses les plus provocantes, n’y font rien! Il saura dorénavant que patience et doigté – surtout doigté – sont de meilleurs conseillers. Il remettra donc sans cesse son ouvrage sur le métier avec le ferme espoir, dans un grand élan libérateur, de pénétrer les Arcanes politiques même par des voies détournées et d'opérer le redressement annoncé pour atteindre enfin le nirvana tant espéré...

  • Floyd Mayweather, un prodige de la boxe

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    Si Ernest Hemingway, Jack London et Norman Mailer (disparu le 10 novembre dernier) étaient encore des nôtres, ils n'auraient manqué ce rendez-vous pour rien au monde.
    Demain soir à Las Vegas, Floyd "Pretty Boy" Mayweather remettra son titre en jeu face à l'Anglais Ricky "Hitman" Hatton.

    Un combat* au sommet attendu par des millions d'amateurs du genre, dont moi. J'en ai déjà l'adrénaline qui monte...
    Car on ne peut apprécier la boxe sans admirer Mayweather, ce serait comme aimer la musique classique en dédaignant Bach ! Il y a du génie chez ce champion invaincu et détenteur de cinq titres mondiaux, qui semble issu d'un croisement entre le tonnerre et la foudre. Il a un punch redoutable et enchaîne les prouesses techniques à une telle vitesse qu'on a parfois l'impression que ses adversaires bougent au ralenti.
    Dans tous les domaines, il est des virtuoses qui font corps avec leur discipline, comme s'ils étaient venus au monde dans le seul but de la pratiquer, d'y exceller avec une aisance et une grâce souveraine. Mayweather est de ceux-là. Et son art s'ennoblit.
    Demain soir, il est peu probable que la puissance brute de Hatton l'emporte, même si ce valeureux adversaire demeure également invaincu à ce jour. Mais sait-on jamais! Car en matière pugilistique, la moindre erreur peut s'avérer fatale. C'est ce qui rend chaque victoire admirable. Et toute défaite honorable. Que le meilleur gagne !

     

    Championnat du monde WBC des welters, diffusé en direct sur Canal + dans la nuit de samedi à dimanche.

  • L'ironie au frigo

    proposée par Pascal Rebetez

     

    L'ironie, c'est de l'espoir refroidi

     

    Roger Vailland, écrivain, communiste, libertin, addictif, né il y a un siècle et qu'il faut relire d'urgence.