Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Les 50 oeuvres qui comptent en Suisse romande

    Par Alain Bagnoud

    LD080502ApoCouv1.jpg

    Saviez-vous qu’Alexandre Adler avait écrit un SAS ? Oui, Alexandre Adler lui-même, « l’ancien soviétologue diplômé de Libération, l’ex-éditorialiste associé au Monde ». Le titre de son polar est alléchant. Ça barde à Bandahar.
    Un roman chroniqué dans Les 50 œuvres qui comptent en Suisse romande, publié par La distinction, revue de critique sociale, politique, littéraire, artistique, culturelle et culinaire fondée en 1987.

    On y trouve d’autres livres qui ont passé parfois inaperçus. Par exemple le peu connu L’envers des choses, de Michel Tournier qui « nous relate les amours fraternellement incestueuses et les tribulations érotiques de deux jumeaux vrais de l’aristocratie éphésienne du IIème siècle après J.C. ». Ou un Dan Brown inconnu. L’auteur a en effet retrouvé dans ses tiroirs, après le succès du Da Vinci Code, un manuscrit plus ancien, Sous le mystère des flots, parlant de l’Atlantide. Ou un recueil des éditoriaux de Michel Danthe, lorsqu’il assumait la direction de Construire avant celle du Matin dimanche…
    Non, là, vraiment, je le sens, vous n’y croyez plus. C’est trop. Vous ne vous laisserez pas piéger plus longtemps !
    Bien sûr, ce sont des faux. Des recensions d’ouvrages qui n’ont pas existé. Ce dont se fait une spécialité La distinction, qui place dans chacun de ses numéros la chronique d’un livre imaginaire.
    Se moquant de ces bibliothèques idéales, ces dix ouvrages les meilleurs de l’année, ces 100 livres qu’il faut avoir lus, brocardant ses têtes de turc avec un humour irrésistible, La distinction a fait l’œuvre salutaire de réunir 50 de ces lectures en recueil.
    Ce qui vous permettra de tout savoir sur L’amant du Hei-Lung-Kiang de Marguerite Duras ou des traductions que l’éminent pissoir-poète Oskar Freisinger a fait de quelques articles de Paul Ricoeur, annotées par le médiatique curé François-Xavier Amherdt ( L’herméneutique philosophique de Paul Ricoeur et son importance pour l’exégèse biblique)… 

    Les 50 œuvres qui comptent en Suisse romande, La distinction, Editions Faim de siècle & Cousu muche
  • Le temps des moutonneries

     

     

     

     

    par Pascal Rebetez

     

     

     

     

    Bientôt les gens ne feront plus que se rassembler. Dimanche, la finale de l’euro, et hop ! on désalpe vers d’autres pâturages, ceux des vacances mais aussi des festivals. Là où l’individu est chanté, glorifié, mis en scène et sous les feux, ce sont d’entières communautés d’idem et de semblables qui s’attroupent, se mélangent, exsudent de concert.

    Nous n’aimons plus être seul. Qu’est-ce à dire ? Est-ce par peur, par ennui de soi-même ? L’autre nous réconforte, il nous distrait. L’autre est un spectacle, peut-être même un miroir, et ça diffracte à l’infini et perpétue le jeu des ressemblances, des « on est tous pareils », tiens-moi la main, levons les briquets, aimons ensemble les mêmes héros, les mêmes divinités. On parle même de grandes messes (pour le sport, la culture) et ce sont de drôles d’églises qui prolifèrent et enflent du besoin si commercialement correct de « ne pas bronzer idiots » comme s’intitulait autrefois la publicité des clubs Méditerranée. Ils ont gagné.

    Plus personne ne cherche l’ombre.

    Le farniente est devenu louche.

    Il faut aller brouter. Ensemble. Et au bout du compte, se faire tondre.

    Bonnes vacances.
  • Bouffée d'élan

    Si_tu_venais_grand.jpgPAR ANTONIN MOERI



    « Si tu venais » est un titre magnifique. Il évoque exactement l’atmosphère dans laquelle nous entraîne Jean-Dominique Humbert, qui met en scène un narrateur attentif aux présences des êtres humains, aux bruits du monde, aux parfums. Ce peut être une narratrice. Elle ou il attend. Car l’attente est une promesse de bonheur, une musique douce. « J’attendais. On est bien parfois sans rien dire. Il suffit d’être là simplement dans la patience heureuse. Comme cela, sans plus, à écouter le soir qui monte ».
    Les femmes qui passent, dans un train, sur un trottoir ou un quai de gare, sont  « saisies » avec délicatesse. Les phrases du livre sont comme des caresses. Un narrateur imagine celle qu’il emmènerait un jour dans un restaurant dont le nom fait rêver. C’est une blonde qui passe à vélo ou celle en blue-jeans qui lit, dans un compartiment, « un gros livre aux pages jaunies ».
    Le mot mélancolie me vient à l’esprit en lisant le dernier livre de Jean-Dominique Humbert. Cette musique douce dont je parlais plus haut pourrait rappeler celle de Schubert. Or cette mélodie entraînante ne saurait soustraire le lecteur au désert du réel, aux fêlures d’un monde qui se veut bien ordonné. Voyez par exemple ce couple : Il porte une chemise blanche, semble calme mais fume beaucoup ; elle présente un œil au beurre noir qui laisse présager une situation dramatique.
    Mais la noirceur d’un monde odieux ne sera ni décrite ni sondée. Celui qui écrit ici se veut poète avant tout. Le chuintement d’un ruisseau, le son d’une cloche au loin, le chant d’un merle, le bruissement d’une feuille, un brin d’herbe qui pousse au bord d’un chemin constituent pour lui un chiffre dont la clé n’est pas perdue, qu’on pourrait retrouver dans la minute heureuse, cette volupté que vous éprouvez quand, les coudes sur la table en bois, vous écoutez le soir qui monte sur la ville.

    Editions Bernard Campiche

  • L'aventurier, de Gilbert Pingeon

    Par Pierre Béguin

     pingeon[1].jpg

    Dans le dernier roman de Gilbert Pingeon L’Aventurier, le narrateur, appelons-le Robert Choupart puisque c’est ainsi qu’il s’invente son identité – Robert comme le Dictionnaire? ChoupART? –, a décidé un jour de se retirer d’un jeu social qu’il exècre et de cesser toute relation intramondaine, pour des raisons que le texte ne développe pas expressément mais que le lecteur comprend implicitement au gré des pages. Son mode de rébellion est l’immobilisme: il feint une maladie qui le cloue au lit. Seule une aide ménagère, Valentine, avec laquelle il établit une relation pour le moins étrange (qui trompe qui?) et un jeu de pouvoir quelque peu pervers, est autorisée à entrer dans sa chambre. Le récit commence au moment où Robert Choupart décide de mettre un terme à sa réclusion volontaire. Son objectif final se limite à la porte de sa chambre, objectif qu’il n’atteint pas à la fin du texte mais qui lui semble plus que jamais – à tort? – à sa portée.

    Lire la suite

  • Foot et ordre

    Par Alain Bagnoud

    198038073_small.jpgJ’avais critiqué ici la fan zone. Permettez-moi de faire amende honorable. J’avais tort. J’ai compris par la pratique que ce genre de défouloir est indispensable à la paix sociale, et désormais, l’admiration m’envahit : bien joué, messieurs ! Beau travail !

    Mais précisons de quoi il s’agit, pour ceux qui ne seraient pas au courant. En lien avec l’euro de foot à Genève, on a créé sur la plaine de Plainpalais une fan zone. Au centre, des écrans géans sur lesquels on peut voir les millionnaires courir après un ballon. Tout autour, des grillages et des quantités de flics, publics ou privés, qui patrouillent en fourgon, se tiennent en groupes comminatoires ou fouillent au corps ceux qui passent. Dans la zone grillagée, les pauvres parqués. Ils viennent tout seuls. On n’a pas besoin de les amener. Ils assument leur déplacement, et bien mieux, ils paient cher leurs consommations pour la plus grande gloire des sponsors.
    Des dizaines de milliers de gens, à qui on donne la permission de s’exprimer et de faire la fête. Ils vibrent et crient durant l’action, puis, le match fini, la police autorise ceux qui ont des voitures à klaxonner pendant une heure. Enfin, tous au dodo, afin d’être en forme le matin pour construire les maisons, nettoyer les bureaux ou y travailler. Ce dispositif ingénieux et subtil permet  d’annihiler sans grands frais les frustrations quotidiennes que produisent les boulots insatisfaisants, les salaires modestes, les biens de luxe inatteignables et les humiliations sociales.
    Système magnifique ! Grâce à lui, nous n’avons pas à craindre l’agitation sociale, les bouleversements politiques ou une quelconque révolution. Tous ça est liquidé. Régulièrement. L’eurofoot cette année, le mondial dans deux ans, et ça continue ensuite.
    Et le plus beau : ça se fait quasi naturellement. Personne ne peut crier au complot, à la manipulation, au groupe de pouvoir qui voudrait calmer la population. Tout ronronne dans le consensus, l’ordre triomphe, l’argent s’accumule ici et là pendant qu’ailleurs règnent la fête du foot, la liesse populaire et les sentiments sportifs. Diablement bien pensé. Vive la fan zone !  


    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud.)

  • La vie rêvée des écrivains

     

    par Pascal Rebetez

     

     

     

     

    Sur la terrasse du Café des Bastions, nous devisons, l’autre écrivain et moi. Il a écrit un livre d’amour à sa présente dans lequel il convoque les histoires précédentes. Ça n’a pas été sans malentendu, dit-il : celle-ci eut préféré être le modèle unique. Et pourtant, quelle belle preuve de confiance que de s’offrir avec tout ce qui nous constitue, y compris nos amours déçues, nos lointains coups de foudre, nos poèmes à bout de souffle.

    J’ai le même problème. Comment, sans fâcher, publier un livre où ce sont les anciennes relations qui ont motivé les textes ? Comment ne plus lire ces mêmes textes que pour ce qu’ils sont : des souffles, des émois, des sensations ? Peu importe désormais la destinataire. Jugeons les textes sur pièces : ils sont bons ou mauvais. Ils parlent aux lecteurs, ou pas. J’ai essayé de convaincre mon amoureuse. Elle m’a fait des scènes de jalousie. On a noirci du papier et remâché nos rancunes, chacun restant sur sa position.

    Finalement, elle a trouvé la parade. Elle aussi s’est essayée à la perversion littéraire, entretenant une relation épistolaire avec un autre écrivain. Non, non, m’assura-t-elle quand je découvris les missives, ce n’est que de la fiction, du romanesque ; un peu de vengeance aussi.

    Résultat des courses : nous nous sommes séparés, comme dans la vie.

    Bientôt deux livres seront publiés, livres de l’amour, celui qui vit toujours. Comme dans un roman.
  • Course de relais

    1550063174.jpg
    Par ANTONIN MOERI




    « Si l’on envisageait la littérature comme une course de relais jamais interrompue, il semble bien que ce serait des mains de Dostoïevski que Kafka aurait saisi le témoin », écrivait Nathalie Sarraute il y a soixante ans. Voyons de plus près le cauchemar mis en scène par l’auteur russe. L’homme blessé des Carnets du sous-sol (« cette prise de parole suffocante d’un rat qui gémit ou qui piaille au fond de son trou ») s’imagine devant un public pour proférer son long cri argumenté.
    Première alerte : Je n’ai rien su devenir du tout, ni un héros ni un insecte. Seconde alerte : J’ai voulu devenir un insecte à de nombreuses reprises. L’idée de transformation revient plusieurs fois dans le discours de l’atrabilaire. Autre alerte : L’auteur compare l’homme à la conscience accrue à une souris humiliée. Une autre encore : Dans une guinguette sale, un officier déplace le héros comme s’il déplaçait une chaise. Il m’avait traité comme une mouche, une mouche vilaine et sale, la plus intelligente, la plus cultivée et la plus noble des mouches, mais une mouche que tout le monde humiliait. Un peu plus loin, c’est un lieutenant infatué qui examine notre misanthrope comme il examinerait un puceron. Et dans les bras d’une prostituée, le narrateur se représente « cette idée de la débauche, absurde, répugnante comme une araignée ». Sans oublier le ver de terre auquel il se compare, le ver de terre le plus répugnant, le plus risible, le plus minable, le plus stupide, le plus jaloux de tous les vers de terre du monde.
    Insecte, mouche, souris, puceron, araignée, ver de terre. Le bestiaire est explicite et l’image de la course de relais que proposait Nathalie Sarraute pour suggérer le lien qui existe entre l’œuvre de Dostoïevski et celle de Kafka, cette image est appropriée. En tous les cas, elle me donne envie de poser un autre regard sur les fictions de Dostoïevski et sur celles de Kafka.

  • A l'hôtel avec Ornella Muti

     Par Pierre Béguin

     948690661.jpg

    J’étais jeune, j’étais fou, je ne doutais de rien, je n’étais qu’un foyer de possibles. C’était mon premier jour à Los Angeles. Un jour qui contenait encore intact ma soif d’existence brûlante, ma curiosité de notre merveilleux enfer, mon impatience d’entrer dans ce monde de flammes, de plaisirs, de libertés, d’oubli. Moi qui ai toujours cru que la nature n’a jamais rien produit de plus beau qu’une belle femme, je n’imaginais pas terre plus prometteuse que Hollywood Boulevard et ses incessants défilés d’actrices, de starlettes, dont la plupart, c’est sûr, n’attendait que mon arrivée. Donc, j’étais jeune, j’étais fou, je ne doutais de rien, je n’étais qu’un foyer de possibles. Comme Rastignac, il me fallait prendre de la hauteur pour défier cette ville où j’allais m’installer pour une longue période…

    Direction downtown. Hôtel Bonaventure. Au dernier étage, un restaurant tournant me permettra de jauger mon nouveau territoire…

    En traversant le hall d’entrée, je reste figé. Une superbe créature, seule, assise à une table du café bar. Seule? Impossible! L’autre doit s’être absenté quelques secondes. J’observe la table. Un verre, uniquement. Pas de doute! Elle est seule. Une telle apparition pour mon premier jour dans la cité des anges! Je ne peux pas laisser passer l’occasion. Sans même réfléchir à la manière dont j’allais l’aborder, je me dirige résolument vers elle. A quelques mètres de la table, je flaire quelque chose d’anormal. Un projecteur. Des caméras. Une scène de film! Encore quelques pas et, comme Tintin, j’allais faire irruption dans une scène de film…

    Alors je reconnais la femme: c’est Ornella Muti. Je le savais! Une telle beauté seule à une table de café, dans la vraie vie, ce n’est pas possible. Au cinéma non plus, d’ailleurs. Le serveur lui apporte un téléphone. Elle parle avec un sourire enchanteur et des yeux qui s’illuminent. Et puis, rapidement, comme si le temps n’existait plus, il arrive. Il peut bien s’appeler Klaus Kinski, je le trouve vieux, moche, peu apte à faire se pâmer d’amour Ornella Muti. Erreur de casting! Sincèrement, j’aurais mieux fait l’affaire. Il s’assied. Elle le regarde langoureusement. Ils s’embrassent longuement. Et la scène s’arrête…

    Je décide de rester. Je ne renonce pas. Je suis jeune, je suis fou, je suis un foyer de possibles. C’est l’Amérique, Hollywood. Tout est permis! Je trouverai l’occasion d’aborder la belle italienne. Je dois essayer. Certains pourront bien, plus tard, être au lit avec Madonna, moi je préfère de loin l’hôtel avec Ornella! Déjà, la même scène reprend. Téléphone. Sourire. Il s’assied. Elle le regarde langoureusement. Ils s’embrassent longuement…

    Toute l’après-midi, attendant vainement l’opportunité, j’ai regardé Klaus Kinski embrasser longuement Ornella Muti. Et dire qu’on le paie pour ça! Toujours les mêmes qui ont de la chance! Time and money, ça s’appelait, le film. Je ne l’ai jamais vu, je n’en ai même jamais entendu parler. Time and money! Tout était dit. Du temps, je n’en avais plus; de l’argent, je n’en avais pas. Résigné, j’ai pris l’ascenseur pour le dernier étage avant que l’obscurité ne recouvrît la ville. Au sommet de l’hôtel Bonaventure, celui qui contemple Los Angeles au coucher du soleil, ce n’est plus Eugène de Rastignac sur la butte Montmartre, c’est Lucien de Rubempré de retour à Angoulême. Des illusions perdues…

    Retour de nuit au quartier mexicain, où j’habite. Je me sens déjà moins fou, moins jeune. Y’a pas à dire, l’Amérique, ça fait mûrir rapidement…

    Montage d’extraits de la nouvelle éponyme parue dans Rencontre, Ed de l’Aire, 2008

  • Pierre de scandale, le Calvin de Nicolas Buri

    Par Alain Bagnoud

     

     

    pierre_de_scandale_120x170.gifIl y a quelque chose de paradoxal et de provocateur à choisir Jean Calvin comme sujet, pour un romancier, alors que la période dans laquelle nous vivons traîne ses principes dans la boue. Il n’aurait pas beaucoup aimé le foot et ses transes collectives, une chose à rappeler en ces jours où l’Euro envahit Genève. Il interdisait la danse et la musique (à part les psaumes), réprouvait la mode et codifiait les parures, couvrait ses fidèles de noir, réglementait la sexualité, fustigeait l’amusement, la fête et la joie sociale.

     

    Il est vrai que dans l’économie, c’est autre chose, puisque les principes de Calvin ont créé le capitalisme, si on en croit Max Weber, et permis le libéralisme qui sévit aujourd’hui. Triomphe de Calvin dans ce domaine.

     

    Bref, Nicolas Buri a choisi de raconter la vie de ce personnage magistral, de son enfance à sa fin. Nicolas Buri, scénariste. 

     

    On se doit de rappeler sa profession, tant le roman Pierre de scandale bénéficie des qualités que Buri a acquises dans l’exercice de ce métier. Le texte est très bien construit, composé de scènes courtes, imagées. Il cherche à donner « une vision panoramique de la vie du personnage en saisissant des instants saillants » (postface).  Et ça marche. Les moments historiques, qui alternent avec les scènes plus intimes où on voit Calvin avec ses proches, établissent une image globale et pas si monolithique que ça du grand théologien.

     

    Roman historique, donc, mais composition romanesque. Une figure d’inquisiteur est inventée, des scènes supposées, par exemple des rencontres avec Luther, ou avec Servet à Paris, dans la jeunesse de Calvin… Le résultat est passionnant, même si, parfois, il manque un peu de chair à l’écriture. Comme si le personnage principal avait glacé parfois la plume de Buri.

     

    Malgré tout, il est difficile de lâcher ce livre quand on l’a commencé. Ceux qui ne connaissent pas Calvin y apprendront des choses qui les pousseront à voir plus loin, et les autres continueront à se poser des questions.

     

    Par exemple pourquoi cet homme, qui a commencé sa protestation dans l’esprit de la Renaissance (Nicolas Buri le fait rencontrer plusieurs fois Rabelais), finit sa vie (dans le livre de Buri) en imposant à ses ennemis la torture et le bûcher médiévaux…

     

     

     

    Pierre de scandale, Nicolas Buri, Editions d’autre part

     

    (Publié aussi dans Le blog d’Alain Bagnoud.)

     

     

  • Douche froide

     

      

     

    par Pascal Rebetez

     

     

     

    Tout me confirme la défaite : il suffit de lire les résultats, de ressentir la déception palpable chez tous mes voisins, amis et concitoyens, de subir le regard provocateur des entraîneuses pour comprendre qu’il n’y aura pas de rémission. C’est la douche froide. On peut rentrer ses drapeaux, tirer la couverture, dormir sur un oreiller paresseux : désormais il faudra vivre sans elle. La défaite est consommée ; il y a loin désormais de la coupe à ses magnifiques lèvres. La victoire en déchantant, c’est ainsi, qu’y faire ?

     

    J’ai beau me dire que tout est terminé, il n’empêche qu’à chacune de ses apparitions, quand je la croise sur son terrain de prédilection, j’ai un rien de serrement de cœur.

     

    Nous cherchons des excuses, nous avons manqué de réalisme, d’opportunisme. Il eut fallu d’entrée de jeu… et puis les conditions météo… l’arbitrage… cette passivité ricanante du public… une certaine routine. C’était prévisible. Comment voulez-vous que, quand on regarde les statistiques…?

     

    Ce matin, j’ai vraiment la détestable impression d’avoir perdu davantage qu’une rencontre : c’est le goût même du jeu qui s’en est allé avec cette nouvelle défaite.