La vie rêvée des écrivains (18/06/2008)

 

par Pascal Rebetez

 

 

 

 

Sur la terrasse du Café des Bastions, nous devisons, l’autre écrivain et moi. Il a écrit un livre d’amour à sa présente dans lequel il convoque les histoires précédentes. Ça n’a pas été sans malentendu, dit-il : celle-ci eut préféré être le modèle unique. Et pourtant, quelle belle preuve de confiance que de s’offrir avec tout ce qui nous constitue, y compris nos amours déçues, nos lointains coups de foudre, nos poèmes à bout de souffle.

J’ai le même problème. Comment, sans fâcher, publier un livre où ce sont les anciennes relations qui ont motivé les textes ? Comment ne plus lire ces mêmes textes que pour ce qu’ils sont : des souffles, des émois, des sensations ? Peu importe désormais la destinataire. Jugeons les textes sur pièces : ils sont bons ou mauvais. Ils parlent aux lecteurs, ou pas. J’ai essayé de convaincre mon amoureuse. Elle m’a fait des scènes de jalousie. On a noirci du papier et remâché nos rancunes, chacun restant sur sa position.

Finalement, elle a trouvé la parade. Elle aussi s’est essayée à la perversion littéraire, entretenant une relation épistolaire avec un autre écrivain. Non, non, m’assura-t-elle quand je découvris les missives, ce n’est que de la fiction, du romanesque ; un peu de vengeance aussi.

Résultat des courses : nous nous sommes séparés, comme dans la vie.

Bientôt deux livres seront publiés, livres de l’amour, celui qui vit toujours. Comme dans un roman.

20:24 | Tags : amour et écriture | Lien permanent | Commentaires (3)