Le temps des moutonneries
par Pascal Rebetez
Bientôt les gens ne feront plus que se rassembler. Dimanche, la finale de l’euro, et hop ! on désalpe vers d’autres pâturages, ceux des vacances mais aussi des festivals. Là où l’individu est chanté, glorifié, mis en scène et sous les feux, ce sont d’entières communautés d’idem et de semblables qui s’attroupent, se mélangent, exsudent de concert.
Nous n’aimons plus être seul. Qu’est-ce à dire ? Est-ce par peur, par ennui de soi-même ? L’autre nous réconforte, il nous distrait. L’autre est un spectacle, peut-être même un miroir, et ça diffracte à l’infini et perpétue le jeu des ressemblances, des « on est tous pareils », tiens-moi la main, levons les briquets, aimons ensemble les mêmes héros, les mêmes divinités. On parle même de grandes messes (pour le sport, la culture) et ce sont de drôles d’églises qui prolifèrent et enflent du besoin si commercialement correct de « ne pas bronzer idiots » comme s’intitulait autrefois la publicité des clubs Méditerranée. Ils ont gagné.
Plus personne ne cherche l’ombre.
Le farniente est devenu louche.
Il faut aller brouter. Ensemble. Et au bout du compte, se faire tondre.
Bonnes vacances.