Emil Cioran ou le cynisme visionnaire
Par Olivier Chiacchiari
N'avoir rien accompli
et mourir en surmené
Cioran
La clairvoyance de ces quelques mots se passe de commentaire.
A méditer sans modération.
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Par Olivier Chiacchiari
N'avoir rien accompli
et mourir en surmené
Cioran
La clairvoyance de ces quelques mots se passe de commentaire.
A méditer sans modération.
Par Pierre Béguin
Tenez! Je vous livre ci-dessous ma pensée fétiche, celle qui m’a le plus souvent soutenu dans les vicissitudes de l’existence, et tout spécialement dans ses mois de novembre, avec leurs concerts de bise, leur ciel bas et lourd, leurs barreaux de pluie, leurs épreuves semestrielles et leur centaine de dissertations à corriger:
«Autant qu’il pleuve pendant qu’il fait mauvais temps!»
Par Olivier Chiacchiari
Les scénaristes américains sont en grève depuis trois semaines pour tenter d'obtenir quelques dollars supplémentaires sur leurs droits d'auteur... Je soutiens sans réserve, car je me suis moi-même adonné à l'exercice du scénario il y a quelques années, ici, en Suisse romande, et c'est loin d'être mon souvenir le plus réjouissant.
Ce que j'ai pu constater, c'est que le scénariste - qui fournit le texte de base, la matière première sans laquelle rien ne se ferait - est le dernier à être considéré dans le processus de production et le premier à se faire évincer lorsque l'occasion se présente. Un rôle essentiel mais jetable, de crainte qu'il n'empiète sur la toute puissance du réalisateur.
Car si au théâtre, l'affiche mentionne: une pièce de, mise en scène par... au cinéma, elle affirme: un film de ! Point exclamatif final. Dont acte.
Voilà pourquoi les scénaristes les plus méritants finissent toujours par devenir réalisateur. Résultat, il y a pléthore de réalisateurs et pénurie de scénaristes. Là où l'affaire se complique, c'est que les producteurs sont friands de scénaristes qui ne réalisent pas, pour proposer des scénarios à des réalisateurs qui n'écrivent pas. Quadrature du cercle qui embarque des pelletées de jeunes recrues dans des galères démotivantes... peu importe, on en prend d'autres et on recommence !
Or, en Suisse romande, cinéma et télévision relèvent de l'artisanat, non de l'industrie, c'est la raison pour laquelle on devrait privilégier les relations humaines et les collaborations durables. La production y gagnerait, les spectateurs aussi. Mais la plupart des producteurs locaux refusent d'intégrer cette évidence, ils s'obstinent à suivre le modèle américain avec des moyens romands, alors ma foi...
Je lance un appel à tous les aspirants scénaristes: si vous aimez écrire, si vous avez une bonne histoire à raconter, écrivez un roman, une pièce de théâtre, une nouvelle, un poème, une chanson, un conte, mais pas un scénario ! Voie sans issue ! Et si vous persistez contre tout bon sens, alors bétonnez votre contrat et faites-vous rémunérer à la mesure de vos souffrances, car dans le meilleur des cas, le seul bénéfice que vous pourrez en retirer sera financier. Et vous ne l'aurez pas volé.
Vous êtes, Monsieur B., un « grand professionnel » de la politique : cela, même vos ennemis s’accordent à le reconnaître. Vous avez pour ce faire l’intelligence et tout l’argent qu’il faut. Mais justement. Je vous ai écrit une première fois il y a huit ans, Monsieur B., pour vous dire tout le mal que je pensais de votre projet d’entrer au gouvernement, et dénoncer « un système parfaitement programmé, une stratégie parfaitement sous contrôle, là où d’autres ne veulent voir que la sincère défense de convictions ». Depuis, vous avez raté votre premier putsch, mais réussi le second, le « système B. » a parfaitement fonctionné, vous êtes partout, vous êtes la Vedette, votre ego enfle de jour en jour comme celui de la grenouille de la fable, bientôt vous paierez pour qu’on confectionne des chocolats à votre image – et demain, en dépit de vos dérapages, de vos méthodes nauséabondes et des innombrables preuves données, en quatre ans, de votre mépris du droit, de la collégialité, voire même de la Constitution, vous vous retrouverez peut-être président de la Confédération. J’aime encore mon pays, Monsieur B. Je ne me fais pas à l’idée qu’on détourne à son profit la démocratie avec un tel culot. Je vous écris pour vous dire à nouveau que « je ne marche pas ».
Est citoyen, pour Aristote, qui a part au fait de gouverner et d’être gouverné. Ma qualité de citoyenne me donne donc encore, pour le moment, le droit de refuser publiquement d’être gouvernée par vous. Pour le moment : car quand vous serez devenu notre Grand Guide avec l’assentiment de tous et que chacun sera susceptible à tout moment et au moindre signe de différence de se voir étiqueté « mouton noir »… il sera trop tard pour parler. Or l’exercice de la parole publique est (toujours selon Aristote) l’autre faculté propre au citoyen.
Je vous dois un aveu, Monsieur B. : depuis huit ans vous êtes devenu ma bête noire, mon obsession...
Suite du texte ici (texte complet)
par Pascal Rebetez
Le bilan d’EasyJet est excellent et, en une année, c’est quasiment l’ensemble de la population suisse (5,8 millions de passagers) qui a décollé en low-cost du territoire suisse. Quel bonheur ! Quelle facilité ! Nous sommes désormais tous devenus des nomades. Attention, pas des Roms, hein, faut pas déconner ! Nous, on est branchés, on s’envoie en l’air, pas cher, on visite en deux jours les villes qui comptent en Europe, et si l’on traverse la Manche, on ne la fait pas !
Non, si on se fait tondre, c’est en toute connaissance de cause. Nous faire croire qu’on connaîtra une ville en vingt-quatre heures, transport aller et retour de l’aéroport compris, c’est de l’arnaque pure, doublée d’une prétention sans vergogne à soi-disant rencontrer l’autre. Il faut le dire : outre que les vols EasyJet ne sont pas donnés, taxes comprises, taxis, prix des hôtels exorbitants, cadeaux obligatoires à acheter, tout cela nous mène à des dépenses assez considérables. Mais l’admettre, c’est déjà passer pour un pigeon. Alors pigeon d’accord, mais voyageur. J’ai été jusqu'à peu un très bon client, vraiment, très tenté par toutes ces destinations exotiques, Malaga, Liverpool, etc. Tes rêves d’ailleurs à portée de main et de porte-monnaie…
Et puis désormais, j’hésite, surtout quand, isolé en montagne, je vois le défilé incessant des traces des nomades dans le ciel.
5,8 millions de passagers dont la plupart sont des consommateurs touristiques, sans aucun réel besoin d’aller ailleurs mais qui y vont parce que ça se fait et que la pub est ainsi faite et l’enthousiasme si généralisé, y compris dans les médias tellement prompts à se réjouir des excellents bénéfices des jeunes compagnies, et ceci malgré que le kérosène, c’est aussi du pétrole et beaucoup de CO2, non ? Le bilan écologique d’EasyJet n’est pas excellent, c’est évident.
Donc les compagnies sont contentes et le modèle EasyJet est d’une grande rentabilité, comme dit son chef helvète.
Question à cinquante centimes : pourquoi n’y a-t-il pas de vol pour Bucarest, alors que les clients nomades sont si nombreux à vouloir du low-cost ?
(Voir aussi Le blog d'Alain Bagnoud)
Par Pierre Béguin
Pour tous ceux qui douteraient encore de l’utilité de la presse gratuite, le journal 20 minutes livre une information capitale par la bouche (et ce n’est pas rien!) de Salma Hayek. L’actrice mexicaine, fervente catholique, attribue à une intervention divine la perfection de ses seins. Dans l’édition du 16 novembre, en page 22 (je cite mes sources, mon confrère Chiacchiari ayant pu constater, lors de sa récente pensée de la semaine, qu’avec un certain lecteur la précision en ce domaine est une exigence absolue), en haut de la page 22 donc, la belle révèle qu’elle était une adolescente complexée (original, non?): «Contrairement aux autres filles de ma classe, j’étais plate comme une planche et je vivais cela très mal». C’est alors que le miracle eut lieu, un de ces miracles qui vous donnent envie de vous convertir immédiatement à une religion répondant si bien aux attentes des hommes: «Durant un voyage avec ma mère, nous nous sommes arrêtées dans un église réputée pour ses miracles. J’ai trempé mes mains dans l’eau bénite et j’ai dit: «S’il vous plaît Seigneur, faites que mes seins grossissent!». Quelques mois plus tard, ma poitrine s’est développée».
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je n’hésite plus: je me fais catholique! Que la concupiscence, toutefois, ne nous détourne pas de l’essentiel: cet aveu pourrait nous permettre de remonter la piste menant à Dieu et d’identifier enfin notre Père à tous. Il semblerait donc qu’Il habite au Brésil, qu’Il se cache sous un pseudonyme du genre Oliveira Santos da Silva (ou quelque chose d’approchant) et qu’Il fasse précéder ce nom de l’appellation «Docteur». Il paraît même, selon certaines rumeurs d’Orléans (non, ce n’est pas Jeanne D’Arc!), qu’Il aurait inscrit sur sa porte «Chirurgie plastique». Et voilà pourquoi, au Brésil tout spécialement, on ne sait plus à quel sein se vouer. Et voilà pourquoi, à partir de maintenant, les agnostiques auront tout faux.
Merci qui? Merci 20 minutes! Merci Salma Hayek!
Pour rester dans la presse récente – à un autre niveau certes mais toujours en relation avec Dieu – La Vie protestante (je salue son rédacteur s’il me lit et j’en profite pour lui rappeler que j’attends son téléphone depuis deux mois… Eh oui! Ça se passe comme ça chez les protestants, le rédacteur est aussi invisible que Dieu. Alors que chez les catholiques, les veinards, Il se manifeste, et plutôt gaillardement: voyez les seins de Salma Hayek! Enfin! Quand je dis «voir», il s’agit d’un vœu pieu que même l’œcuménisme ne saurait exaucer… Bon! Je me suis complètement égaré dans ma phrase. Je reprends.) La Vie protestante, donc, (dans son édition du mois de novembre 2007, en page 7, dans la rubrique «Economie») consacre un article à la bulle immobilière américaine (Non, lecteur! Rien à voir avec les seins de Salma Hayek!). Son auteur (dont je tairai le nom, le soupçonnant fortement – et je le comprends – de ne pas désirer se compromettre dans un article dédié avant tout aux seins de Salma Hayek, même s’ils mènent à Dieu), son auteur, donc, approuve l’intervention spontanée des banques centrales américaines et européennes, accourues d’un seul homme à la rescousse sur les marchés de crédit. Que les banques centrales aident les banques responsables de la crise et laissent les citoyens victimes de la bulle perdre leur maison est, bien entendu, économiquement justifiable. Et tant pis pour l’éthique! L’auteur pose tout de même cette question rhétorique: «N’aurait-il pas fallu interdire l’action des banques centrales pour donner une leçon d’équité civique au secteur financier en le laissant s’écrouler sous le poids de ses erreurs et crier revanche avec les loups d’une autre époque?» Et de répondre aussitôt : «Non. Bien sûr, car qui demanderait à un pompier de retrouver et punir un pyromane avant d’éteindre l’incendie?» Sauf que le citoyen, lui, peine à distinguer, dans ces histoires de bulle immobilière, le pompier du pyromane. Et qu’il ne comprend pas pourquoi le fait d’éteindre a priori l’incendie empêcherait a posteriori de punir le coupable. A moins que pompiers et pyromanes soient un peu les mêmes, comme flics et voyous en somme. Mais punit-on les dieux de l’Olympe de leur insouciance, même si les hommes paient l’addition? Non, bien sûr, car ces exigences éthiques sont "d'une autre époque". Tiens, tout cela me rappelle l’histoire récente de notre chère République genevoise!
Et pendant ce temps, que fait la Régie? Je veux dire: que fait Dieu? Demandez à 20 minutes et à Salma Hayek!
PS. Oui, je sais! J’avais annoncé la suite de ma rubrique To read or not to read. Mais ces considérations littéraires n’ont guère d’importance en regard de l’actualité lorsque celle-ci est si brûlante (et c’est le cas, ne trouvez-vous pas?). A la semaine prochaine, donc!
Par Olivier Chiacchiari
Une obsession grammaticale, ça commence par une angoisse au détour d'un mot qui déconcerte. Et voilà que le doute s'installe, voilà que le savoir vacille, voilà qu'on s'acharne à interroger les limites de sa connaissance avant de se jeter à corps perdu sur le premier dictionnaire venu!
Ouf, une réponse claire, mais pour combien de temps? L'angoisse génère l'obsession, à moins que ce ne soit le contraire, c'est bien connu.
Au fil des ans, mes obsessions se sont focalisées sur la conjugaison du subjonctif imparfait (élégant bien qu'inutile), le pluriel des mots composés (nécessaire bien qu'improbable), les participes passés ne s'accordant pas avec le verbe être (ils se sont lavé les mains (sic))... enfin bref, tous les terrains qui relèvent de l'aventure grammaticale extrême!
Voici la dernière en date, j'ai nommé: le substantif androgyne. Ces mots dont on ne peut distinguer le sexe, qui oscillent entre masculin et féminin, à tel point qu'on voudrait parfois pouvoir les dévêtir...
J'ai dressé une liste que je vous invite à tester ici, et si en plus vous débusquez les trois exceptions qui s'y nichent, vous êtes vraiment incollable.
Abîme - Aérogare - Alluvion - Amalgame - Amarre - Amiante - Amorti - Amour - Antidote - Aparté - Apogée - Apostrophe - Argile - Armistice - Astérisque - Augure - Chasuble - Délice - Dithyrambe - Dividende - Echappatoire - Echauffourée - Ecritoire - Edelweiss - Effluve - Electrode - Eliminatoire - Eloge - Enzyme - Ephéméride - Epice - Epitaphe - Epître - Equinoxe - Equivoque - Escrime - Estime - Evangile - Exergue - Granule - Haltère - Hémisphère - Hémistiche - Interface - Intervalle - Interview - Métastase - Météore - Météorite - Minuit - Moufle - Oasis - Opprobre - Orgue - Orque - Pétale- Planisphère - Recel - Sémaphore - Sitcom - Tentacule
Pour obtenir les réponses, cliquez ici
Par Pascal Rebetez
Profiter de cette tribune pour saluer une frangine de lettres, Pierrette Micheloud, partie rejoindre les déesses et les dieux de la « gynandrie », ce lieu alchimique de la femme nouvelle, cette mystique poétique qu’elle aimait à développer dans ses textes comme dans sa vie.
Pierrette est décédée d’un cancer et m’en parlait avec une touchante sérénité au printemps dernier, dans une salle du Sénat français où étaient réunis les jurés et les lauréats des Prix de la Francophonie. C’était un tout petit bout de femme, – de bientôt 92 ans mais qui s'était rajeunie de cinq ans en arrivant à Paris– vive, souriante, la voix cascadante, attentive aux autres et à leurs oeuvres qu’elle a défendues en tant que critique, membre de jurys, créatrice de Prix littéraires.
Proposée par Olivier Chiacchiari
Les mots ne doivent être que le vêtement,
sur mesure rigoureuse,
de la pensée.
Jules Renard
Que l'on me permette d'ajouter:
le reste n'est que bavardage.