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    proposée par Pascal Rebetez

    Je ne garde rien par-devers moi quand j’écris, je joue ma vie dans l’aventure, proclame l’écrivain, et c’est pourquoi je suis tout entier dans mes livres. Et non parce que je jouis là d’un point de vue sans équivalent sur le corsage entrebâillé de l’innocente lectrice.

    Eric Chevillard

  • Tous au Terrier

    Par Alain Bagnoud

    Le Terrier lance un appel que je suis content de relayer.

    Ce petit théâtre indépendant a créé depuis 1999 trente-huit spectacles de lectures. Des mises en scène intéressantes, avec d’excellents comédiens, des textes originaux, un réseau d’échange et de liens. L’association fait le bilan :

    « Un acquis précieux, assorti d’un désir d’aller plus loin encore, tant au niveau des textes à faire entendre que du public à élargir – et pour cela, nous avons besoin, bien sûr, de votre soutien. »

    On peut donc devenir membre (50 francs par an et deux invitations offertes), membre abonné (100.-  et une invitation à l’année) ou membre donateur, « c’est-à-dire obtenir la possibilité, pour toutes les lectures de la saison, de passer devant le « chapeau » sans rien y déposer – et avoir la conscience absolument tranquille… ainsi que la satisfaction encore plus forte de soutenir une entreprise artistique hors du commun – sans compter notre reconnaissance éternelle). »

    Leur reconnaissance éternelle ? Ah, n’hésitons pas !

    Voici l’adresse : Association Le Terrier, 71 bd de la Cluse, 1205 Genève. Et le mail : leterrier@bluewin.ch. Pour s’inscrire ou demander à être informé sur les spectacles.
    Et pour vous appâter, le programme de l’année. Rien que des pointures :

    Alexandre Vialatte                        par Jean Bruno
    H. Guibert et Zouc                       par M.-A.Borsinger
    Primo Lévi                                   par Philippe Lüscher
    Adrien Pasquali                            par Nicolas Rinuy
    Italo Svevo                                  par Louis Martinet
    Sade                                          par André Neury
     
    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud)

  • Noir désir

     

    Proposée par Pierre Béguin

     

    "Il y a deux tragédies dans l'existence: posséder ce qu'on désire et ne pas posséder ce qu'on désire."

                                                                                             Oscar Wilde

  • La Cour des petits aux Marionnettes de Genève

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    Mardi 30 octobre aura lieu la première de ma pièce La Cour des petits aux Marionnettes de Genève, créée l'an dernier par Guy Jutard.
    Le succès fut tel que le spectacle se jouera à nouveau jusqu'au 11 novembre (les 2 et 3 au Théâtre du Pommier à Neuchâtel).

     

    Il s'agit d'une farce féroce sur le milieu culturel d'un hypothétique Petit Pays, pour laquelle j'ai reçu le Prix de la Société Genevoise des Ecrivains en 1998.
    Guy Jutard en a fait un spectacle de marionnettes pour adultes, une guignolade contemporaine drôle et provocatrice.

    Donc, si vous appréciez les monologues intérieurs de plus de deux heures rédigés au passé simple... abstenez-vous! En revanche, si vous aimez le théâtre qui fait rire et qui décape, n'hésitez pas!

     

    http://www.marionnettes.ch/Spectacles.php?page=Fiche&id=pub@COURP

  • Le silence des agneaux

    Par Pierre Béguin


     

    Dans la Tribune du 15 octobre, Marc Bretton, dans son éditorial sur l’affaire du salaire du Président des SIG, soulignait l’étonnante discrétion du monde politique, et tout spécialement des partis de droite qui tenaient là une occasion rêvée d’écorner le PS et Robert Cramer avant les élections. Et d’expliquer pertinemment les raisons de cette discrétion par la sur représentation généralisée des politiciens dans des conseils d’administration particulièrement bien rétribués qui rendent difficile la promiscuité des dénonciations.
    Comment expliquer alors le silence politique le plus étonnant qui n’ait jamais enveloppé notre chère République, un silence qui recouvre le plus grand scandale de l’histoire genevoise qui n’en a pourtant pas manqué: le scandale de la BCG. Il y a quelques semaines, toujours dans la Tribune, un article annonçait comme une victoire une dette finalement inférieure aux trois milliards attendus. Et c’est tout! Pas de commentaires, silence radio! Plus d’1/7 de la dette du canton contractée par quelques individus en quelques années, et puis rien! Alors que la République se met dans tous ses états pour mille francs d’amendes indélicatement annulées par un magistrat, qu’elle est au bord de la Révolution pour quelques millions scandaleusement dilapidés à la Rue du Stand, elle reste de marbre pour plus de deux milliards évaporés dans sa Banque cantonale. Décidément, la politique genevoise n’a pas le sens des proportions.
    Bien sûr, avant de se transformer miraculeusement en agneaux silencieux, certains loups ont hurlé. A commencer par A gauche toute ou SolidaritéS (il n’y a qu’eux qui parviennent à se reconnaître). Quelques hurlements, babines retroussées et dents acérées, et puis plus rien! Vint ensuite le MCG (Mouvement Citoyens Genevois) qui donnait l’impression de considérer la dénonciation de ce scandale comme un acte fondateur du parti. Quelques hurlements, babines retroussées et dents acérées, et puis plus rien! Et la justice bien entendu, volontaire, décidée à empoigner le dossier et à commettre quelques actions d’éclat sur la voie publique, babines retroussées et dents acérées, et puis plus rien! Comment expliquer ce silence? Marc Bretton, répondez-moi! Dans le canton de Vaud, pour le même scandale, on avance lentement, sans se presser, gentiment, mais on avance. On publie même des livres à succès sur le scandale de la BCV. A Genève, dans l’indifférence générale, tout ce beau monde est de retour aux affaires, à supposer qu’il ne les ait un jour quittées. Et pourtant, Marc Roger aura au moins servi à faire la preuve de la ténacité et de l’efficience de la justice genevoise, quand elle le veut.

    Je me souviens des rumeurs d’Orléans, comme dit Romain Gary, qui entouraient l’élection du Procureur Zappelli. On prétendait alors, au Café du Commerce, que cette élection visait avant tout à couvrir les petits copains, politiciens ou autres, dans l’affaire de la BCG. Rumeurs infondées, honteuses, indignes de notre belle République, et contre lesquelles je m’insurge avec véhémence. Il serait tout de même regrettable, si d’aventure la justice venait à proclamer que cette affaire tombait sous le coup d’une prescription, de donner fondement à ces rumeurs mesquines. D’autant plus que Genève aurait alors des airs de République bananière, ce qui ne manquerait pas, encore une fois, de faire le lit de l’UDC.
    Le silence des agneaux n’aurait-il rien d’innocent?

  • Sur le silence des écrivains face à l’UDC

    Par Silvia Ricci Lempen, écrivaine
    (Article paru dans Le Temps  le 25 octobre 2007)

    Dans un texte paru dans Le Temps du 19 octobre, où il s’interroge sur les raisons du silence presque général des écrivains suisses face à l’UDC, le dramaturge alémanique Lukas Bärfuss relève à juste titre que «l’écrivain (…) n’a aucune influence sur les opprimés, les sans-papiers, les demandeurs d’asile. Il ne les connaît pas, ils ne lisent pas ses livres et ils n’en écrivent pas non plus». Mais regardons la situation en face. A défaut de pouvoir toucher ces catégories de la population particulièrement exposées au racisme et à l’exploitation, «l’écrivain suisse» contemporain dispose-t-il au moins d’une quelconque autorité morale sur l’ensemble de la société, qui donnerait du sens à ses éventuelles prises de position publiques ? Il est permis d’en douter.

    Lukas Bärfuss analyse, pour autant que je puisse en juger avec une certaine pertinence, le statut et l’attitude des écrivains suisses de langue allemande. J’aimerais pour ma part livrer quelques considérations désenchantées sur la situation en Suisse romande.

    En tant que vice-présidente de l’AdS (Autrices et Auteurs de Suisse) jusqu’à il y a quelques mois, j’ai participé activement à l’organisation de plusieurs rencontres destinées à rassembler les écrivaines et écrivains romands autour de thèmes de discussion divers, pas nécessairement politiques. Si elles ont occasionnellement permis de nouer quelques relations amicales, ces rencontres, peu fréquentées, n’ont jamais réussi à faire émerger le sentiment d’une identité commune, l’envie de débattre sérieusement ensemble de l’actuelle évolution du paysage culturel et politique et de réagir à cette évolution par des démarches structurées. Par ailleurs, les prises de position personnelles, qu’il s’agisse de politique culturelle ou de politique tout court, sont rarissimes. Tout cela donne l’impression que les acteurs et actrices de la littérature romande n’ont rien à dire sur l’état du monde et préfèrent, soit jouir en solo de leur popularité (car des écrivains populaires romands, heureusement, il en existe !), soit  tenter de résoudre, chacun dans son coin, les problèmes auxquels ils sont confrontés : difficulté croissante à publier du fait de la fragilisation des maisons d’édition, difficulté croissante, sauf rares exceptions, à obtenir des  critiques dans les médias, difficulté à vendre face au rouleau compresseur des ouvrages français. 

    Or, cette impression d’individualisme n’est que partiellement exacte. Pour décider de s’exprimer publiquement, en tant qu’écrivain, sur un sujet d’ordre général, il ne suffit pas d’avoir quelque chose à dire, il faut aussi se sentir légitimé à le dire. Il faut que la société ait un minimum d’attentes à l’égard de la parole publique de l’écrivain, attentes qui ne peuvent se manifester que dans le contexte d’une relation organique entre la société et la littérature. Cette relation, aujourd’hui, en Suisse romande, est pratiquement rompue ; en se taisant sur les affaires publiques, les écrivaines et les écrivains romands ne font que prendre acte de cette rupture.

    Les gens de lettres ont toujours été guettés par la prolétarisation matérielle, mais ce à quoi l’on assiste aujourd’hui, particulièrement en Suisse romande, c’est un phénomène que l’on pourrait définir comme la prolétarisation symbolique de la littérature elle-même. Certains écrivains romands touchent un large public et même des droits d’auteur, la plupart rament à la poursuite d’un petit peu de reconnaissance, mais toutes et tous se meuvent dans un climat où, foncièrement, ce qu’ils ont à dire en plus de ce qu’ils disent dans leurs œuvres n’intéresse personne. Ce constat s’applique aux artistes en général, à preuve la totale inefficacité du manifeste contre le durcissement des lois sur les étrangers et sur l’asile signé en 2006 par des centaines de créatrices et créateurs de toutes les disciplines, dont certains célèbres. S’agissant des écrivains,  la perte de prestige actuelle de l’écrit, concomitante à sa marchandisation, leur a enlevé collectivement le dernier reste de l’aura dont certains d’entre eux se servaient autrefois pour s’ériger en « consciences du pays ». On peut s’en accommoder ou même s’en féliciter, la disparition des maîtres à penser étant plutôt une bonne nouvelle. Mais dans ces conditions, s’étonner de leur silence en matière politique est une pure hypocrisie.

     

  • Etourneaux

     Pascal REBETEZ

     

     

    Un vol d'étourneaux

    sur les vignes gelées

    et ma poitrine gonfle

    dans l'ivresse de ton cru.

    Au revers des saisons,

    des ailes et de la sève

    enflent mes poumons

    qui soulèvent les labours.

    J'ai ton goût dans le bec,

    ô ma buse assoupie,

    et les serres plantées

    à ta folle envergure.
  • Le silence des intellectuels

    Par Alain Bagnoud

     Affiche de l'UDC, reprise par le parti néonazi allemand NPD29 % pour l’UDC. Le Schweizerisches Volkspartei. Presque un Suisse sur trois a voté pour le parti nationaliste qui organise le culte du chef, qui prône la haine de l’étranger, qui utilise toutes les ficelles du populisme. Qui fait des amalgames douteux, qui simplifie à outrance, qui, caché derrière sa propagande xénophobe, défend les puissances économiques. Il a dépensé 20 fois plus pour sa dernière campagne que son adversaire direct, le parti socialiste, deuxième en importance. De l’argent dont on ne connaît pas la source !

    En face, des partis en déliquescence, sonnés parce qu’ils ne reconnaissent plus les règles du jeu. Leur ancien partenaire les a modifiées en cours de partie sans qu’ils s’en aperçoivent. Ils protestent :

    - C’est faux ! On ne doit pas ! Ce sont des méthodes de voyous !

    Ils s’indignent. Ils ont raison. Ça ne change rien.

    Et puis il y a nous. Les intellectuels. Empruntés, embêtés. Au-dessus de la mêlée. La bouche en cul de poule :

    - Oui, bien sûr, nous n’aimons pas ces idées et ces gens. Mais leur parti est en définitive démocratique. Il respecte les institutions.

    - On ne peut pas aller contre le peuple. Il faut admettre ses choix.

    - Toutes les opinions sont bonnes à dire, ça donne de l’ardeur au jeu politique.

    - Ne simplifions pas, la situation est complexe.

    Ou, encore plus lâche (je l’ai entendu il y a trois jours) :

    - Je n’arrive plus à me définir, je ne vote pas, il n’y a plus d’idéologie. (Sic !)

    Mais quand on nous interroge sur ce que nous aurions fait dans les années trente en Allemagne ou en Italie, il n’y a aucun doute. La main sur le cœur ! Nous aurions résisté ! Nous nous serions fait entendre ! Grâce à nous, le fascisme n’aurait pas passé !

    Tout serait donc une question de conditionnel passé ? Et si on replaçait les choses au présent ? Si on se remettait à expliquer, à parler ? A prendre position ? A avoir un peu de courage ?

    Parce que, décidément, il y a urgence !

      

    (Voir aussi Le blog d'Alain Bagnoud)
  • Du danger de l'écriture

    Par Pierre Béguin

     

    Dans le journal de Jules Renard, ou dans celui des Goncourt, combien de romanciers, de poètes et d’auteurs dramatiques depuis longtemps oubliés et qui bombaient alors le torse devant le génie qu’ils se reconnaissaient ou que leur concédaient parfois leurs contemporains? Combien de noms inconnus autrefois encensés, combien d’anonymes en quête d’une gloire, immédiate ou posthume, qu’ils n’ont jamais obtenue?
    Auraient-ils sacrifié tant de temps, de plaisirs, de rencontres – bref de vie – à l’écriture s’ils avaient su qu’ils resteraient, ou qu’ils retomberaient, dans la fosse commune de l’oubli? Auraient-ils seulement écrit?
    Ecriture, vaine marotte, vaine quête!
    Un auteur mesure-t-il ce qu’il perd de vie à lui sacrifier la sienne?

    1023238423.jpgDans un roman inachevé Paris au XXe siècle, écrit en 1863 mais publié en 1994, Jules Verne fait tenir à Michel, le héros de l’histoire, et à son oncle, dans la bibliothèque de ce dernier, le dialogue suivant :
    « - Eh bien ! A quoi penses-tu, lui demandait [l’oncle], quand il l’apercevait immobile et rêveur?
    - Je pense que cette petite chambre renferme de quoi rendre un homme heureux pour toute sa vie !
    - S’il sait lire!
    - Je l’entends bien ainsi, dit Michel.
    - Oui, reprit l‘oncle, mais à une condition.
    - Laquelle
    - C’est qu’il ne sache pas écrire!
    - Et pourquoi cela mon oncle.
    - Parce qu’alors, mon enfant, il serait peut-être tenté de marcher sur les traces de ces grands écrivains!
    - Où serait le mal, répondit le jeune homme avec enthousiasme.
    - Il serait perdu. »
    L’oncle, solennellement, fait alors promettre à son neveu de marcher sur cette Terre promise sans jamais vouloir en défricher le sol ingrat – en réalité recommandation déguisée d’un père à son fils : celui de Jules Verne se prénomme aussi  Michel, né deux ans plus tôt en 1861. C’est que, dans ce Paris des années 1960, l’écrivain imagine les plus illustres de ses prédécesseurs et contemporains retombés dans l’oubli complet. La dernière édition des œuvres de Corneille date de 1873, à peine plus récente que celles de Racine, Pascal, Molière ou La Fontaine. De Chateaubriand, «que ses Mémoires d’outre-tombe n’ont pu sauver de l’oubli» – bien qu’il ait employé 40 ans de son existence et noirci des milliers de pages pour nous parler de sa modestie – en passant par Lamartine et Musset, et jusqu’à Victor Hugo en personne, «oublié comme les autres [parce qu]’il n’a pas tué assez de monde pour que l’on se souvienne de lui», autant de chefs-d’œuvre croupissant dans quelques bibliothèques poussiéreuses de collectionneurs marginaux, «dans un monde qui n’est plus qu’un marché, une immense foire» où l’Art n’intéresse plus personne. «Car c’est la profession de foi du siècle, on a dit : que sais-je, sous Montaigne, peut-être avec Rabelais, qu’est-ce que cela me fait, au XIXe siècle. On dit maintenant : qu’est-ce que cela me rapporte ?» Dans cette logique, Paul serait «banquier et Virginie épouserait le fils d’un fabricant de ressorts pour locomotives» – une hypothèse que Villiers de l’Isle-Adam formulera lui aussi quelques années plus tard, en 1883, dans son pastiche Virginie et Paul, où Virginie s’apprête à épouser le futur avocat Paul parce qu’«un avocat souvent gagne beaucoup d’argent». Et l’oncle de conclure : «La littérature est morte, mon enfant ; vois ces salles désertes, et ces livres ensevelis dans leur poussière ; je suis ici gardien de ce cimetière, et l’exhumation est interdite.»
     Bien sûr, il serait aisé de démontrer, chiffres à l’appui, que Jules Verne s’est totalement fourvoyé dans cette vision pessimiste du destin littéraire au XXe siècle. Que l’Art est florissant, que «le livre se porte bien» – comme on nous le ressasse après chaque Salon du Livre – et que, loin d’être «perdu», un écrivain peut devenir de nos jours, en quelques romans, plus riche que la Reine d’Angleterre, ou même servir de caution à la sphère économique, comme Paulo Coelho lors du dernier forum de Davos.
    Il serait tout aussi aisé de démontrer le contraire. Laissons ce débat!
    Intentionnellement ou non, Jules Verne se contente surtout de traduire par la fiction sa conscience exacerbée de l’impasse dans laquelle l’artiste, l’écrivain, se place immanquablement face à l’incompréhension, à l’indifférence surtout, de l’opinion publique. Et cette conscience ne peut se traduire que sur le mode le plus radicalement pessimiste. A moins de tricher, d’être un «faux-monnayeur» comme le dit André Gide, l’authentique artiste (il se mesure à l’échelle de sa sincérité) aura le plus souvent tendance, au crépuscule de sa vie, à considérer l’avenir de son art comme soumis à un déclin inéluctable, voire à confondre son propre déclin avec celui de son art. Comme le prétend Paul Valery dans son discours sur Bergson : «(…) l’un des derniers hommes qui auront exclusivement, profondément, et supérieurement pensé, dans une époque du monde où le monde va pensant et méditant de moins en moins, où la civilisation semble, de jour en jour, se réduire au souvenir et aux vestiges que nous gardons de sa richesse multiforme et de sa production intellectuelle libre et surabondante…». Ainsi, le taux de suicides n’a jamais été aussi important que chez ceux qui ont placé l’Art au centre de leur vie, de la vie. Voyez les surréalistes!  En ce sens, l’oncle a raison : cette Terre promise est dangereuse, jonchée de drames et d’amertume. Il faudrait y regarder à plusieurs fois avant de lui sacrifier la moindre parcelle de son existence. A moins que l’écriture soit une absolue nécessité, à moins qu’un auteur, non pas accouche d’un livre, mais que son livre accouche de lui, qu’il en devienne l’enfant, rien dans cette activité  – cette marotte disait Flaubert –, ne justifie qu’on lui cède la plus petite seconde de son précieux temps.
    Tout se résume finalement à ces deux questions : Combien de livres nécessaires ont paru cette année? Et combien sont le pur produit de la vanité ou de l’intérêt?

  • Jacques Prévert était-il heureux?

    Réponses aux substantifs androgynes
    (m) = masculin (f) = féminin
    (exception) = masculin singulier et féminin pluriel
    Abîme (m) - Aérogare (f) - Alluvion (f) - Amalgame (m) - Amarre (f) - Amiante (m) - Amorti (m) Amour (exception: m sing-f plur) - Antidote (m) - Aparté (m) - Apogée (m) - Apostrophe (f) - Argile (f) - Armistice (m) - Astérisque (m) - Augure (m) - Chasuble (f) - Délice (exception: m sing-f plur) - Dithyrambe (m) - Dividende (m) - Echappatoire (f) - Echauffourée (f) - Ecritoire (f) - Edelweiss (m) - Effluve (m) - Electrode (f) - Eliminatoire (f) - Eloge (m) - Enzyme (f) - Ephéméride (f) - Epice (f) - Epitaphe (f) - Epître (f) - Equinoxe (m) - Equivoque (f) - Escrime (f) - Estime (f) -
    Evangile (m) - Exergue (m) - Granule (m) - Haltère (m) - Hémisphère (m) -
    Hémistiche (m) - Interface (f) - Intervalle (m) - Interview (f) - Métastase (f) -
    Météore (m) - Météorite (m ou f) - Minuit (m) - Moufle (f) - Oasis (f) - Opprobre (m) - Orgue (exception: m sing-f plur) - Orque (f) - Pétale (m) - Planisphère (m) - Recel (m) - Sémaphore (m) - Sitcom (f) - Tentacule (m)

     

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    La pensée de la semaine proposée par Olivier Chiacchiari

     


     

     

        Il faudrait s'efforcer d'être heureux,

        ne serait-ce que pour donner l'exemple.

        Jacques Prévert

     

     

     


    J'aime bien cet aphorisme qui - au-delà de son ironie noire - évoque le bonheur comme une ambition déterminée, indissociable de la notion d'effort, par opposition à la béatitude passive et illusoire à laquelle certains aspirent.