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  • La Preuve du contraire à Romans

     

    Par Olivier Chiacchiari

     Mardi soir. J'arrive à Romans (petite ville à quelques kilomètres de Valence) pour assister à la première de ma pièce La Preuve du contraire au Théâtre de la Presle.
    C'est toujours une grande émotion pour un dramaturge de vivre cet instant, mélange de bonheur, de curiosité et d'appréhension. Ce soir j'avoue ressentir quelques palpitations au moment d'entrer dans le théâtre, je n'ai assisté à aucune répétition et je ne sais absolument pas ce qui m'attend. Mais quand faut y aller, faut y aller !

    Les quelques 150 places se remplissent rapidement, première victoire. Satisfaction entre toutes: plus de la moitié du public est constituée de jeunes lycéens. Non que je sois gérontophobe, mais j'ai toujours pensé que si la jeunesse appréciait mon travail, mon travail aurait peut-être une chance de me survivre. Ça ne vaut pas l'immortalité, mais c'est déjà pas mal.
    Le spectacle débute, on rit de bon cœur dans les gradins, deuxième victoire. Lorsqu'on écrit des tragédies, le silence du public peut être interprété comme une concentration intense, mais lorsqu'on écrit des comédies, comme moi, le silence du public n'appelle qu'une seule interprétation possible... rien de tout cela ici, tout se passe à merveille, la nave va !
    La dernière réplique tombe, le noir se fait, les applaudissements crépitent. Chapeau et merci à la Compagnie de l'Oeil nu ! Un couple m'accoste: «On a pris beaucoup de plaisir !» troisième et dernière victoire. «Ça tombe bien, j'adore en donner !»

    Le spectacle sera en tournée au Théâtre Astrée à Villeurbanne les 23 et 24 octobre, et au Théâtre du Passage à Neuchâtel les 26, 27, 28 octobre.
    http://www.ville-romans.com/article.php3?id_article=354
  • Doubs

     

    Par Pascal Rebetez

     

    Les monts nous attendaient comme attendent les forêts

     

    le fleuve avait mis sa robe du dimanche

     

    et nous chassions des proies qui nous ressemblaient

     

    et détroussions d'un coup de rire hardi la fausse contenance

     

    des calcaires réunit et des feuilles mortes comme des canards

     

    se suicidaient au plus fort de l'été dans la chute des corps

     

    c'était déjà l'automne et toujours le printemps

     

    quand nous croisions nos flux

     

    qui sont comme des peaux rouges

     

    sur le Doubs impassible.


    Voilà pour un hommage aux rivières, à l'amour et, why not?, à Rimbaud. Et pour ceux que les textes lus intéressent, je leur signale l'émission Méridienne sur Espace 2 de la RSR du lundi 22 au vendredi 26 octobre à 11 h 30. J'y lis des textes que le producteur Claude Dalcher m'a commandés et qui ont été magnifiquement mis en ondes (oui il y a beaucoup d'eaux dans ces missives) par Jean-Michel Meyer.

     

     

     


  • Féminisme

    Proposée par Pierre Béguin

    Phrase entendue dans un séminaire:

     

    "Le vagin devient l'image analogique inversée du phallus se donnant comme une représentation épiphanique de la puissance masculine."

     

    Des commentaires?

  • Quel pilote dans l'avion?

    Par Pierre Béguin


     

    Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais il arrive parfois que le citoyen qui sommeille en moi ressente comme un léger soupçon, une espèce de sensation ténue qui impose à mon entendement une hypothèse désagréable : est-ce que, par hasard, on ne se foutrait pas de nous?
    Tenez, pas plus tard qu’hier! Je reçois de mon assurance maladie, comme vous j’imagine, le détail des primes 2008. Avec diminution, est-il inscrit en caractère gras. Chouette! que je me dis aussitôt. 40 centimes par mois, la diminution! 1 fr 20 par trimestre! 4 fr 80 par année! Pas même un paquet de cigarettes! De toute façon, je ne fume plus. J’ai pris ma calculette pour estimer exactement mon gain : 0,12% ! Bon! On annonçait une baisse de plus de 3% mais tout de même, je suis rassuré, Couchepin et les assurances n’ont pas menti : pas d’augmentation pour 2008, c’est déjà ça, comme dit l’autre.
    Alors pourquoi ce léger soupçon, cette sensation ténue qui se réveille et qui m’impose sa litanie? Une sensation qui en cache une autre, plus obsédante et angoissante celle-ci : qui dirige vraiment ce pays?
    Au fait, comment appelle-ton un régime où ceux qui dirigent n’ont pas été élu par le peuple?

  • Philippe de Champaigne au musée Rath


    Par Alain Bagnoud

    Entre politique et dévotion. C’est le titre explicite de cette exposition du musée Rath, à Genève. Une rétrospective importante, qui montre les différents aspects de ce peintre né en Belgique en 1602, qui a fait toute sa carrière en France, parce qu’il s’y est arrêté pendant son voyage pour Rome. Une sorte d’obligation artistique, à cette époque, le voyage à Rome !

    Installé à Paris, donc, Philippe de Champaigne a incarné le Grand Siècle dans ses aspects les plus solennels. Il a été le peintre officiel de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche. Il a glorifié Louis XIII et Richelieu (onze portraits). Des tableaux de propagande très réussis, imposants, qui lient le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Quelque chose dans le même genre que les portraits de Kim-Il-Sung, Grand leader et Président éternel, par les artistes officiels de Corée du nord.

    De Champaigne est aussi le peintre des congrégations. Son nom reste surtout lié aux jansénistes de Port-Royal (sa fille y a guéri miraculeusement) mais il n’était pas sectaire. Il s’est attaché à donner une image pieuse à d’autres mouvements et à décorer toutes sortes d’églises ou de cathédrales.

    Cet univers champaignien (champaignesque ? champaignacien ?) semble un peu étroit, et agaçante cette célébration des puissances. Heureusement, il y a le langage de Philippe de Champaigne.

    Compositions précises et relation des masses. Monumentalité, ordre, solennité. Ce qu’on appelle le classicisme. D’un effet certain. Avec parfois un peu de mièvrerie.

    Mais une recherche de la perfection, un équilibre fixé, arrêté sur le fil du rasoir. Des couleurs éclatantes et maîtrisées, une recherche de la profondeur, et des paysages magnifiques en arrière-fond de ses scènes.

    (Musée Rath, Place Neuve, de 10 à 17 heures, fermé le lundi, jusqu'au 13 janvier)

    Voir aussi Le blog d’Alain Bagnoud

  • Si ce n'est moi...

    par Pascal Rebetez

     Pour un coup de maître, c'est un coup de double-mètre! premier papier dans Blogres et déjà une fatale erreur: j'ai confondu Marc et Jean-Claude, les réunissant en une même et seule personne, le manager sportif et le patron des montres. Dont acte. Mea culpa. Ce qui n'enlève d'ailleurs rien à l'impression de surmédiatisation dudit Jean-Claude, dont l'ubiquité nous interroge et parfois nous induit en erreur.

  • CEVA et droit démocratique

    Par Pierre Béguin


     

    Une source particulièrement bien placée m’informe que les CFF obtiendront, au mois de décembre, l’autorisation de mettre en œuvre le fameux projet CEVA, ce projet centenaire de liaison ferroviaire  Cornavin – Praille – Eaux-vives – Annemasse. Le plus étonnant dans cette affaire n’est pas tant le projet lui-même que l’incroyable silence politique qui accompagne sa mise en œuvre et sa future réalisation. Alors que les précédentes entreprises d’envergure sur le territoire genevois (autoroute de contournement, Stade de Genève, traversée de la Rade) ont fait l’objet de nombreux débats citoyens, pour le CEVA, rien à voir, circulez! De toute évidence, l’échec en votation de la traversée de la Rade a échaudé nos politiciens qui, retenant la leçon, veulent cette fois passer en force et en silence, contre tout respect démocratique. Même l’initiative alternative au CEVA, déposée dans les règles ce printemps, a nécessité cinq mois d’examen pour en valider les signatures, et pourrait être considérée comme non recevable sous prétexte qu’elle intervient bien après une information au public et aux intéressés, paraît-il, largement diffusée. Bel exemple de mauvaise foi crasse! Posez la question autour de vous et vous constaterez qu’une bonne moitié des genevois ignore totalement de quoi il retourne et qu’un bon nombre de l’autre moitié croit qu’il s’agit d’un projet des TPG. Soyons clair! Le CEVA est un projet des CFF dont la fonction première n’est pas de soulager le trafic genevois mais d’établir une liaison entre les réseaux ferroviaires nord et sud au niveau de Genève. Donc, à ce titre, il serait plus juste de dire que ce n’est pas Berne qui finance un projet genevois à hauteur de 60% de ses coûts mais que c’est Genève qui finance un projet de la Confédération à hauteur de 40%. Quel que soit, par ailleurs, le profit supposé que Genève tire de cette réalisation. Après tout, que je sache, ni les Bernois ni les Valaisans n’ont participé spécifiquement au financement du Loetschberg, même s’ils en sont les premiers bénéficiaires.

    Certes, mon opinion est anecdotique, elle n’a guère plus de valeur qu’une autre, et réciproquement d’ailleurs. L’important est que toutes ces opinions trouvent leur plate forme pour s’exprimer et qu’une véritable information ait lieu. Sinon, ce projet, qui engage le canton  dans ses choix financiers et stratégiques en matière de transport public pour des dizaines d’années, restera confisqué par les idéologies partisanes, le lobby de la construction, dont on a déjà par le passé mesuré l’énorme pouvoir et ses conséquences catastrophiques, les syndicats intéressés, voire les CFF qui, outre tous les avantages qu’ils retirent de cette opération, verront comme par hasard leurs terrains de la Praille bénéficier d’une plus value inespérée.
    Oui, mon opinion est anecdotique, mais j’ai heureusement le droit, n’en déplaise à certains, de m’interroger et d’attendre des réponses à mes questions de la part de nos élus, M. Cramer en tête. Par exemple :
    -         Pouvez-vous m’expliquer comment vous pouvez, logiquement, prétendre que la liaison CEVA est vitale à la mobilité genevoise et, dans le même temps, prévoir le déficit de son exploitation et vous engager – disons plutôt engager les citoyens sans les avoir consultés – à combler annuellement ledit déficit? Nouveau cadeau aux CFF certes, mais n’est-ce pas avant tout une manière de reconnaître à l’avance l’insuffisance du projet, pour ne pas dire son inutilité?
    -         Pouvez-vous m’expliquer pourquoi, alors que la droite recommence à taper du pied et à frétiller de tous ses membres pour une traversée de la Rade – et qu’on sent bien qu’elle va nous faire une crise si elle n’obtient pas satisfaction – vous ne leur donnez pas raison en conjuguant liaison Cornavin – Eaux-vives avec traversée autoroutière de la Rade (en tunnel, svp!)? Enfin un projet fédérateur! (Mais c’est une spécialité de la politique genevoise de ne jamais fédérer le bon sens commun sur un projet et de revendiquer le droit de commettre sa propre erreur sous prétexte que l’autre a pu faire la sienne : «On vous a laissé le CEVA, donnez-nous la Rade!») Il n’est nul besoin de carte du canton, ni même d’être un spécialiste, pour comprendre que, s’il doit y avoir liaison Cornavin – Eaux-vives, la plus logique doit se faire par le tracé direct. Quitte à repousser le seul projet véritablement censé : un métro de ceinture.
    - Pouvez-vous m’expliquer pourquoi, alors que les politiques et les responsables CFF jurent leur grand Dieu qu’aucun train de marchandises n’empruntera le tunnel Praille – Eaux-Vives, la construction dudit tunnel est prévue aux normes du transport de marchandises?  N’est-ce pas une manière d’admettre ce que tout le monde sait : que, très vite, des trains de marchandises, dont on a déjà souligné, à propos de la proximité du Stade de Genève, le danger de certains chargements, passeront à foison en tunnel sous la ville. Plus qu’une idiotie, n’est-ce pas de l’inconscience?
    -         Beaucoup d’autres questions me taraudent l’esprit mais toutes se cristallisent dans cette interrogation ultime : pourquoi refusez-vous la plus élémentaire honnêteté qui consiste à admettre le débat public et à prendre le risque d’une votation pour légitimer un projet d’une telle envergure? Il en va de l’idée même de démocratie dans une République qui se glorifie pourtant de ses fondements démocratiques. Et cette défense-là vaut bien celle, plus symbolique, d’un 1e août au Grütli.


    Oui, je sais, le peuple avait en son temps refusé le passage des 40 tonnes en Suisse : ce qui n’empêche pas ces derniers de sillonner les routes nationales jusqu’au col des Mosses : Et les cantons, via les impôts, de dépenser des centaines de millions à seule fin de renforcer leurs ponts et sécuriser leur tunnels pour permettre à des camions, que le peuple suisse avait démocratiquement jugés indésirables, de circuler librement… Quand une petite et stupide partie du peuple confisque la démocratie, des politiciens, à juste titre, s’indignent. Mais quand des politiciens et groupes de pression, toutes tendances confondues, confisquent la démocratie, le peuple se tait ou pense à autre chose. Et Genève prend des airs de République bananière…

  • Esprits libres et penseurs cathodiques

     

    Par Olivier Chiacchiari



     

     

    Du philosophique au cathodique, n'y a-t-il qu'un pas?

     

    Vendredi soir. J'allume la télé et je tombe sur «Esprits libres», animée par Guillaume Durant qui reçoit Bernard-Henri Lévy. Je suis tout ouïe, les émissions littéraires sont trop rares pour se permettre de zapper.
    Hélas, très vite l'ennui s'installe. Les banalités s'enchaînent, les poncifs s'accumulent et l'agacement succède à l'ennui.
    D'autres personnalités médiatiques interviennent sans élever le débat. On se chamaille cordialement sur des questions de gauche, de droite, il y a ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et lorsqu'un interlocuteur audacieux affirme que tout n'est pas aussi simple, BHL répond avec véhémence: «Certes, la situation est très complexe !» Et voilà qu'il embraye sur les événements de mai 68, etc., etc.,… ciel !
    A l'heure de l'internet, du clonage, de la mondialisation, à l'heure où se profilent des mutations sociétales vertigineuses, le philosophe le plus médiatisé de France ne trouve rien d'autre à nous dire en deux heures d'émission culturelle ? Et il me faudrait lire son livre pour en savoir davantage ?
    Y trouverais-je les pensées fulgurantes, les concepts novateurs, les intuitions subversives si chères à ses prédécesseurs ? Se proclamer philosophe, n'est-ce pas prétendre à la succession de Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Nietzsche, Deleuze? Ce seul héritage ne devrait-il pas empêcher ses prétendants de formuler publiquement des monceaux de platitudes dignes de politiciens en campagne ? Le philosophe ne doit-il pas bouleverser les esprits, dynamiter les certitudes ? Le philosophe ne doit-il pas philosopher hors des sentiers battus, tout simplement ?
    J'éteins la télé avec l'envie de relire Peter Sloterdijk, philosophe contemporain d'une envergure rare, que je n'ai jamais vu à la télé. Allez savoir pourquoi...

  • Un homme de théâtre s'en est allé

     

    Par Olivier Chiacchiari

    Bernard André dit Bengloan nous a quitté le 21 septembre dernier.
    Pour ceux qui ne le connaissaient pas, Bernard était un dramaturge d'origine bretonne qui s'est illustré en Suisse romande de 1970 à 1990.
    En trente ans de carrière, il a écrit près de vingt pièces qui ont toutes été montées, notamment par son complice André Steiger. Il était aussi l'auteur de La Muette (l'Age d'Homme), pamphlet virulent sur le théâtre local qui avait fait grand bruit lors de sa parution en 1994.
    Bernard fut pour moi un mentor et un ami, c'était un homme intransigeant, radical, mais au cœur immense et aux sentiments sincères. Il a su me m'encourager durant mes premières années d'écriture, il m'a passé le témoin, en quelque sorte, et je tenais à lui rendre hommage publiquement. Son parcours d'écrivain et ses qualités d'homme méritaient un coup de projecteur au crépuscule de son combat. Adieu l'ami!