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Dieu enfin identifié?

Par Pierre Béguin

 

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Pour tous ceux qui douteraient encore de l’utilité de la presse gratuite, le journal 20 minutes livre une information capitale par la bouche (et ce n’est pas rien!) de Salma Hayek. L’actrice mexicaine, fervente catholique, attribue à une intervention divine la perfection de ses seins. Dans l’édition du 16 novembre, en page 22 (je cite mes sources, mon confrère Chiacchiari ayant pu constater, lors de sa récente pensée de la semaine, qu’avec un certain lecteur la précision en ce domaine est une exigence absolue), en haut de la page 22 donc, la belle révèle qu’elle était une adolescente complexée (original, non?): «Contrairement aux autres filles de ma classe, j’étais plate comme une planche et je vivais cela très mal». C’est alors que le miracle eut lieu, un de ces miracles qui vous donnent envie de vous convertir immédiatement à une religion répondant si bien aux attentes des hommes: «Durant un voyage avec ma mère, nous nous sommes arrêtées dans un église réputée pour ses miracles. J’ai trempé mes mains dans l’eau bénite et j’ai dit: «S’il vous plaît Seigneur, faites que mes seins grossissent!». Quelques mois plus tard, ma poitrine s’est développée».
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je n’hésite plus: je me fais catholique! Que la concupiscence, toutefois, ne nous détourne pas de l’essentiel: cet aveu pourrait nous permettre de remonter la piste menant à Dieu et d’identifier enfin notre Père à tous. Il semblerait donc qu’Il habite au Brésil, qu’Il se cache sous un pseudonyme du genre Oliveira Santos da Silva (ou quelque chose d’approchant) et qu’Il fasse précéder ce nom de l’appellation «Docteur». Il paraît même, selon certaines rumeurs d’Orléans (non, ce n’est pas Jeanne D’Arc!), qu’Il aurait inscrit sur sa porte «Chirurgie plastique». Et voilà pourquoi, au Brésil tout spécialement, on ne sait plus à quel sein se vouer. Et voilà pourquoi, à partir de maintenant, les agnostiques auront tout faux.
Merci qui? Merci 20 minutes! Merci Salma Hayek!
Pour rester dans la presse récente – à un autre niveau certes mais toujours en relation avec Dieu – La Vie protestante (je salue son rédacteur s’il me lit et j’en profite pour lui rappeler que j’attends son téléphone depuis deux mois… Eh oui! Ça se passe comme ça chez les protestants, le rédacteur est aussi invisible que Dieu. Alors que chez les catholiques, les veinards, Il se manifeste, et plutôt gaillardement: voyez les seins de Salma Hayek! Enfin! Quand je dis «voir», il s’agit d’un vœu pieu que même l’œcuménisme ne saurait exaucer… Bon! Je me suis complètement égaré dans ma phrase. Je reprends.) La Vie protestante, donc, (dans son édition du mois de novembre 2007, en page 7, dans la rubrique «Economie») consacre un article à la bulle immobilière américaine (Non, lecteur! Rien à voir avec les seins de Salma Hayek!). Son auteur (dont je tairai le nom, le soupçonnant fortement – et je le comprends – de ne pas désirer se compromettre dans un article dédié avant tout aux seins de Salma Hayek, même s’ils mènent à Dieu), son auteur, donc, approuve l’intervention spontanée des banques centrales américaines et européennes, accourues d’un seul homme à la rescousse sur les marchés de crédit. Que les banques centrales aident les banques responsables de la crise et laissent les citoyens victimes de la bulle perdre leur maison est, bien entendu, économiquement justifiable. Et tant pis pour l’éthique! L’auteur pose tout de même cette question rhétorique: «N’aurait-il pas fallu interdire l’action des banques centrales pour donner une leçon d’équité civique au secteur financier en le laissant s’écrouler sous le poids de ses erreurs et crier revanche avec les loups d’une autre époque?» Et de répondre aussitôt : «Non. Bien sûr, car qui demanderait à un pompier de retrouver et punir un pyromane avant d’éteindre l’incendie?» Sauf que le citoyen, lui, peine à distinguer, dans ces histoires de bulle immobilière, le pompier du pyromane. Et qu’il ne comprend pas pourquoi le fait d’éteindre a priori l’incendie empêcherait a posteriori de punir le coupable. A moins que pompiers et pyromanes soient un peu les mêmes, comme flics et voyous en somme. Mais punit-on les dieux de l’Olympe de leur insouciance, même si les hommes paient l’addition? Non, bien sûr, car ces exigences éthiques sont "d'une autre époque". Tiens, tout cela me rappelle l’histoire récente de notre chère République genevoise!
Et pendant ce temps, que fait la Régie? Je veux dire: que fait Dieu? Demandez à 20 minutes et à Salma Hayek!

 PS. Oui, je sais! J’avais annoncé la suite de ma rubrique To read or not to read. Mais ces considérations littéraires n’ont guère d’importance en regard de l’actualité lorsque celle-ci est si brûlante (et c’est le cas, ne trouvez-vous pas?). A la semaine prochaine, donc!

Commentaires

  • Ce ne serait pas sein de chercher des niches à Dieu pour des nichons bien ronds bien ronds petits patapons...

  • Des déclarations pareilles ne peuvent provoquer que des réactions de telle sorte comme cette précédente est. Du sarcasme avant toute chose !

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