Lettre ouverte (bis) à Monsieur B. par Sylviane Dupuis
Alain Bagnoud
Vous êtes, Monsieur B., un « grand professionnel » de la politique : cela, même vos ennemis s’accordent à le reconnaître. Vous avez pour ce faire l’intelligence et tout l’argent qu’il faut. Mais justement. Je vous ai écrit une première fois il y a huit ans, Monsieur B., pour vous dire tout le mal que je pensais de votre projet d’entrer au gouvernement, et dénoncer « un système parfaitement programmé, une stratégie parfaitement sous contrôle, là où d’autres ne veulent voir que la sincère défense de convictions ». Depuis, vous avez raté votre premier putsch, mais réussi le second, le « système B. » a parfaitement fonctionné, vous êtes partout, vous êtes la Vedette, votre ego enfle de jour en jour comme celui de la grenouille de la fable, bientôt vous paierez pour qu’on confectionne des chocolats à votre image – et demain, en dépit de vos dérapages, de vos méthodes nauséabondes et des innombrables preuves données, en quatre ans, de votre mépris du droit, de la collégialité, voire même de la Constitution, vous vous retrouverez peut-être président de la Confédération. J’aime encore mon pays, Monsieur B. Je ne me fais pas à l’idée qu’on détourne à son profit la démocratie avec un tel culot. Je vous écris pour vous dire à nouveau que « je ne marche pas ».
Est citoyen, pour Aristote, qui a part au fait de gouverner et d’être gouverné. Ma qualité de citoyenne me donne donc encore, pour le moment, le droit de refuser publiquement d’être gouvernée par vous. Pour le moment : car quand vous serez devenu notre Grand Guide avec l’assentiment de tous et que chacun sera susceptible à tout moment et au moindre signe de différence de se voir étiqueté « mouton noir »… il sera trop tard pour parler. Or l’exercice de la parole publique est (toujours selon Aristote) l’autre faculté propre au citoyen.
Je vous dois un aveu, Monsieur B. : depuis huit ans vous êtes devenu ma bête noire, mon obsession...
Suite du texte ici (texte complet)
Commentaires
Nous avons certainement une vision angélique de ce que furent les démocraties de la Grèce antique : elles seraient des modèles de paix, de stabilité, d'égalité et de progrès.
Sur le conseil de Nietzsche, je me suis plongé dans l'"Histoire des Guerres du Péloponnèse" de Thucydide et le tableau est consternant: guerres, massacres, séditions et révolutions se succèdent sur plusieurs siècles. Homère et Hérodote ont donné des versions très romancées.
Particularité, les citoyens des cités avaient recours à des tyrans (potentats locaux) pour renverser les oligarchies qui avaient tendance à s'incruster. Tyrans qui finissaient par les tyranniser et dont ils se débarrassaient par la violence.
Transposant ce que je viens d'exposer, on pourrait imaginer que Monsieur B. a été choisi comme tyran par une majorité silencieuse, mécontente des autres formations politiques empêtrées dans des compromis électoraux, pour renverser une oligarchie de gauche, qui se multiplie par cooptation et entrisme depuis 30 ans dont ils ne veulent plus.
Souhaitons tout de même que la fin de Monsieur B. ne soit pas digne d'une tragédie grecque.