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  • La baise et les impôts


    par Pascal Rebetez

    Lundi dernier, en première page de la Tribune, l’œil égrillard du lecteur matinal a pu apprécier, avec quelques longueurs d’avance sur sa déclaration fiscale pisseuse et ses croissants baveux, l’énormité provocatrice et la vanité sexuelle de François Longchamp, notre chef du Département de la solidarité et de l'emploi, qui se déclare, je cite le malheureux secrétaire de rédaction de la Julie : « pour les baises d’impôts ». C’est ce qu’on appelle en langage d’imprimerie, une coquille. Il faut donc comprendre qu’en baisant les impôts à tout bout de Longchamp, on ne risque pas grand chose, à condition de se protéger avec d’encore plus lumineuses et sexuellement non transmissibles coquilles.
    C’est curieux, ce « baiser », geste d’amour à l’origine, signe de déférence et de tendresse qui est devenu transitivement l’équivalent de niquer, porter atteinte, tromper, piéger, vaincre, voler et même violer. Il en est de l’évolution du lexique comme celle des contributions publiques : à force de tendre sa sébile à tout va, l’Etat tourne autour du pot et ne récolte tout au plus que des fifrelins et autres boutons de culotte. Il rompt alors le pacte de la donation volontaire pour imposer le don : l’impôt, c’est ce qui est imposé. D’aucuns, les plus malins de la tablée sont les spécialistes du baiser de Judas : ils vont poser ailleurs leur authentique tendresse et leur jolie fortune. Les autres, les moyens, les distraits, les salariés paient. Ils paient pour voir baisser mais n’en jouissent que fort peu. La coquille alors est vide et les omelettes sans œufs. Est-ce la foule qui fait le bœuf ou le bœuf qui fait la poule ? etc.

  • Einstein glorifie l'imagination

    Proposée par Olivier Chiacchiari

     

       

     

        L'imagination

        est plus importante

        que le savoir

     

        Albert Einstein

     

       

        Si l'un des plus éminents scientifiques l'affirme

        sans ambages, on peut garantir à la fiction

        un avenir éternel...

  • Le staphylocoque est l'avenir de l'homme

    Par Pierre Béguin

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    Mon père atteint malheureusement l’âge vénérable où une hospitalisation est à craindre. Qui survint il y a une quinzaine de jours. Urgences. Beau-Séjour. Chambre à quatre lits. Sur la porte, un autocollant rouge attire l’attention du visiteur sur les précautions d’hygiène et le port obligatoire de gants en caoutchouc. A côté d’un des quatre noms, un petit signe rouge désigne le patient contaminé. Je me renseigne. Staphylocoque doré résistant. Ça tombe mal: ma mère, selon son médecin traitant, n’est pas en état de supporter cette bactérie. Contamination interdite. Je le signale au médecin qui m’avoue son impuissance. J’insiste. En vain. En partant, je remarque sur les autres portes le même autocollant et le même signe rouge à côté de certains noms. Idem au deuxième étage. Pourquoi ne regroupent-ils pas les malades porteurs du staphylocoque doré dans les mêmes chambres au lieu d’exposer les autres à une contamination? L’ostracisme d’une telle mesure ne s’en trouverait-il pas médicalement justifié? Fort de cette logique, je remonte poser la question au médecin qui me souligne, sans m’en expliquer les raisons, l’inutilité d’un tel regroupement qui n’a pourtant rien de familial. Trois jours plus tard, un deuxième signe rouge fait son apparition. Là, je m’inquiète vraiment. Quelles perspectives, papa? Anthrax? Ostéomyélite? Septicémie? Pour toute réponse, je reçois l’acrimonie des infirmières, par ailleurs particulièrement acrimonieuses, et la gêne du médecin. Deux jours passent qui amènent un troisième signe rouge. Seul mon père résiste encore. Cette fois, branle-bas de combat. J’exige un test et, en cas de résultat négatif, son déplacement immédiat. Même les médecins traitants de mes parents s’en mêlent. Le lendemain matin, test; le soir, résultat: pas de staphylocoque doré résistant mais pas de changement de chambre non plus. Finalement gain de cause est obtenu par mon frère dont la stratégie aux accents slaves semble plus efficace que ma logique desséchante et insistante: un couple que 59 ans de vie commune n’ont pas réussi à séparer pourrait l’être en quelques secondes par une bactérie dont la propagation n’a a priori rien de résolument fatal! Œuvre de tant de jours en un jour effacée! Bref, on place mon père dans une chambre individuelle. Ironie! De nos jours, ce sont les personnes non contaminées qu’on met en isolement. Ça promet pour l’avenir! Sur toutes les portes, à tous les étages – je jure, lecteur inquiet, que je dis la vérité –, les petits signes rouges se sont multipliés. Le surlendemain, Val-Fleuri, une EMS où nous avions déposé un dossier, nous informe qu’une place se libère. Soulagement. Le même jour, scandale à Val-Fleuri! Voyages du personnel et des conjoints, repas (g)astronomiques, voiture de fonction et salaire inapproprié pour le directeur, etc. On dilapide joyeusement l’argent pour motiver les cadres. Les débordements habituels en quelque sorte. L’Etat coupe les subventions à Val-Fleuri. Il n’y a plus de petits prétextes pour économiser. On vit décidément une époque formidable! Les conseils d’administration ou autres Pdg vivent comme des nababs, les banques, soutenues par l’argent public, engloutissent des milliards dans des krachs que trois neurones auraient suffi à prévoir et les états, évidemment endettés, coupent, coupent, coupent… le plus souvent où il ne faudrait pas couper. E la Nave va! Pour ceux qui ont les moyens, passe encore! On nous l’a bien dit, à Val-Fleuri: votre père est prioritaire  parce qu’il est solvable. Mais les autres? Pas de panique! Il reste Beau-Séjour, ses infirmières souriantes et son staphylocoque. Ah, quelle belle société! Le parachute doré pour les uns, le staphylocoque doré pour les autres.
     

    Moralité: Il faut mourir de son vivant. N’hésitons plus: fumons, buvons, jouissons, mangeons gras! Et surtout pas de sport, sous aucun prétexte! Je ne sais pas pour vous mais moi, c’est décidé: ce soir, c’est charcuterie, beurre, viande rouge en sauce, dessert crémeux. Et puisqu’il est temps encore pour les bonnes résolutions de janvier, demain – promis, juré! – j’arrête le sport et je commence à fumer.

  • Les petits arrangements, de Claude-Inga Barbey

    Par Alain Bagnoud

     

     Gilda, l’héroïne du livre, s’est fait quitter par
     son prince. Ça semble un peu mièvre,
     dit ainsi, mais c’est bien ce qui s’est passé.
     Il l’a séduite, voulue, désirée, prise. Un
     homme beau, plus jeune qu’elle, une statue
     vivante qu’elle couvait, qu’elle admirait,
     qu’elle cajolait, qu’elle entretenait. Elle a largué
     un premier mari pour cet Ulysse, l’a épousé, lui
     a fait un enfant.

     Mais emprisonné dans cet amour, contrôlé, chargé de famille, dévirilisé, le bel homme doit sauver sa peau et s’en va.

    C’est le chagrin de Gilda qu’on suit dans ce livre, ses tentatives pour regagner son homme, ou l’oublier, ou le remplacer par un prétendant, jusqu’à sa résolution finale de ne plus juger mais d’accepter que chacun suive sa route. Dans l’intervalle, elle a rencontré des prétendants divers, des êtres un peu à part, un SDF, un réfugié…

    Ulysse ? Les prétendants ? Oui. Claude-Inga Barbey établit un parallèle régulier entre son héroïne, qu’elle renomme Pénélope, et l’Odyssée. Histoire de donner à son histoire de la profondeur, du sens, de la généraliser. Le livre se termine d’ailleurs en Grèce, par une conclusion paradoxale, mais logique puisqu’Ulysse finalement ne revient pas : « C’est décidé. Pénélope part en voyage. »

    Pourquoi pas ? Le parallèle est parfois éclairant, parfois juste anecdotique, mais ce n’est pas la première fois qu’on utilise les mythes grecs à toutes les sauces. Plus gênantes sont les quelques incohérences du récit. Comment expliquer par exemple que cette Gilda riche, qui a des propriétés et entretient son mari, travaille comme serveuse dans un bar ?

    L’essentiel, quand même, est ailleurs. Dans la petite musique de Claude-Inga Barbey, ce chagrin et ce charme. Dans son don d’observation du quotidien qui lui fait épingler en quelques notes un être, une situation.

    Toutes choses qui font que ce livre se lit d’une traite et instaure une ambiance de tristesse, mais aussi de vitalité. Il suggère que même si tout peut s’expliquer a posteriori, si les schémas sont probables et les événements prévisibles, une grande liberté guide les destins, que la vie réserve des surprises, préserve le mystère des êtres, et est finalement intéressante même dans les plus téléphonés de ses dénouements.

     

    Claude-Inga Barbey, Les petits arrangements, Editions d’autre part

    (Publié aussi dans Le blog d’Alain Bagnoud.)

  • Une plume envolée

     

    par Pascal Rebetez

     

    Tristesse après avoir appris le décès le 18 janvier d’Anne-Lise Thurler à l’âge de 47 ans. J’avais lu cet été son dernier roman « La fille au balcon » paru chez Zoé et l’avais trouvé passionnant, fort, inspiré, puisant dans la relation familiale une source narrative d’une grande justesse. Et puis, elle, Anne-Lise, je l’avais croisée au Salon du livre. Nous avions discuté avec élan de diverses choses. Pas de littérature, non, mais de l’éducation, des enfants - elle en a eu deux - du cheval qu’elle pratiquait et puis… de sa maladie qu’elle m’avait avouée sans fausse pudeur, disant les yeux dans les yeux, qu’il y avait peu de chances qu’elle s’en remette, que la Faucheuse avait trop d’avance…

    Et la Faucheuse a gagné une fois de plus. Elles sont trop nombreuses ces femmes  de quarante ans qui succombent au cancer. J’enrage, impuissant comme toujours face à l’inéluctable. Une femme jeune, une mère décède. Qui était aussi un auteur. Est-ce que vraiment les livres survivent ? Cela en vaut-il la peine d'ailleurs? J’espère qu’on la lira encore longtemps.

  • Nietzsche, le génie rendu fou

    Proposée par Olivier Chiacchiari

     

     

     

     

        Ce qui est montré

        n'est pas ce qui est vu

     

        Friedrich Nietzsche

     

       

       

        L'une des innombrables pensées lumineuses

        de ce philosophe de génie, qui s'est efforcé

        de réfléchir par delà bien et mal,

        jusqu'à s'en rendre fou.

  • Réverbération, de Jean-Marc Lovay

    Par Alain Bagnoud

    Comment lire Jean-Marc Lovay ? De diverses méthodes que j’ai éprouvées, il ressort que ce qui fonctionne le mieux, c’est de se laisser porter. Comme si on descendait un fleuve à son rythme à lui.
    On suit le mouvement des phrases. On évite d’accrocher, surtout. C’est difficile.
    On ne saisit pas tout, on ne saisit même pas grand chose. Des fragments de phrase ou de texte, mais pas toujours le sens de leur juxtaposition. La raison alors nous taraude. Elle veut nous persuader de revenir à une proposition, à une expression, à une image, afin de la déchiffrer, de la clarifier. On peut le faire, c’est en vain.
    Vous ne comprenez jamais, parce qu’il ne s’agit pas ici de comprendre. Il s’agit d’éprouver un langage, dans sa plasticité, dans l’organisation des éléments qui le constituent, dans le jeu des sonorités.
    Lovay dans sa démarche s’apparente plus aux artistes contemporains qui mettent en valeur les éléments du tableau, qui font sentir la matérialité de la peinture, du support, les rapports de couleur, les équilibres, les nuances, les contrastes, qu’à ceux qui veulent représenter quelque chose. Qui veulent mettre devant nos yeux un paysage, une scène ou un portrait.
    Qu’est-ce qu’on trouve dans Réverbération ? Un trajet, un voyage. Un flot d’images fortes. Une avancée du texte avec des éléments qui le structurent et évoluent (le personnage de Krapotze, ancien meilleur apprenti pleureur final, qui se présente au poste de Grand Suicideur et n’est pas élu, les animaux, un parapluie, etc.). De l’humour. Une phrase complexe, organisée, étendue, riche, articulée. Et dans ce déploiement classique, la rugosité d’un accent, la matérialité rauque d’un rythme.
    S’il s’agit de marche, on n’est pas dans la plaine, mais en montagne, avec les différents rythmes un peu essoufflés par des variations de pente et les accidents du terrain. Marche évidemment, parce que Réverbération s’apparente à ces monologues ouverts qui passent dans les têtes, fatigue, exaltation et endorphines aidant, lors des trajets vers les sommets.
    Avec quelque chose aussi d’une prise d’acide et d’un rêve. Les objets qui se transforment, qui évoquent, qui deviennent autre chose tout en restant eux-mêmes.
    C’est une écriture, en fait, directement issue des années soixante. Une époque où Lovay s’est formé. Une époque où on n’avait pas peur de l’illisibilité. Une époque où on cultivait le délire. Où on pratiquait l’ivresse de la langue.
    Mais cette écriture n’est pas datée pour autant. Elle ne s’est pas figée en une croûte épaisse comme par exemple celle du Nouveau Roman. Lovay l’a approfondie, travaillée, creusée selon son génie propre, dans  une pratique et un forage personnel qui forcent le respect.
     
    Jean-Marc Lovay, Réverbération, Editions Zoé
     
    (Publié aussi dans Le blog d’Alain Bagnoud)

  • A Yvette Z'Graggen

    Par Pierre Béguin

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    De La Princesse de Clèves aux Fables de La Fontaine, on nous dit que, pour simplement survivre à la Cour, il faut respecter au moins trois règles élémentaires: 1. Ne jamais être sincère. 2. Ne jamais dire la vérité. 3. Toujours flatter. Dans un monde mené par les instincts, la vanité en tête, l’honnêteté et la vérité se révèlent systématiquement très dangereuses. Et puisqu’il faut mentir, autant mentir le plus agréablement possible pour le destinataire. D’où le rôle essentiel de la flatterie. Ces règles sont immuables pour évoluer aisément dans toute situation intra mondaine. Hier comme aujourd’hui et demain. L’avenir appartiendra toujours, non pas au plus méritant, mais à celui – ou à celle – qui sait au mieux, et dans les meilleures circonstances, appliquer ces règles. Force est de remarquer que, dans toute relation sociale – et dans le microcosme littéraire au moins autant qu’ailleurs – profession de foi, jugement à l’emporte-pièce, affirmation prétentieuse, position péremptoire, point de vue superficiel, phrase assassine défilent quelquefois à grand bruit de fanfare communale. C’est alors le règne du «Je» absolu de savoir divin, du jugement subjectif définitif et sûr de son verdict.
    C’est dire si je rends hommage à Yvette Z’Graggen en lui avouant ici (et j’espère qu’elle aura finalement appris à ouvrir internet pour nous lire) qu’elle me paraît une exception: elle a suivi sa trajectoire – une trajectoire unique dans le monde littéraire romand – sans faire usage (ou alors très rarement?) des trois règles précitées, avec une constance et une humilité remarquables. J’entends ici par humilité non pas la tendance à se dévaloriser mais la capacité à concilier exactement ce qu’on fait avec les talents qu’on a reçus pour le faire. Jamais mauvaise langue, plus consciente de ses limites que de ses qualités – le propre de ceux qui savent se remettre en question et progresser –, fière mais nullement hautaine, d’une attitude toujours digne et volontaire qui ni ne s’élève dans la prétention ni ne s’abaisse dans la flatterie, elle a vite gagné mon estime et mon amitié. Comme celles ou ceux – et ils sont peu nombreux – qui savent dire quand il le faut, tel l’homme qui courait après la fortune: Adieu Messieurs de cour; Messieurs de cour adieu!
    Alors à très bientôt, Yvette, pour une amicale discussion! Et, comme d’habitude, j’apporterai les pizzas…

  • Bret Easton Ellis écrit plus qu'il n'en faut

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    J'achève le dernier roman de Breat Easton Ellis, Lunar Park (2005), et j'avoue que la déception à l'arrivée est inversément proportionnelle à l'enthousiasme de départ. Que de longueurs assommantes, de pages inutiles, de phrases qui font naufrage! On réduirait la matière de moitié, il en resterait encore trop. A croire que son auteur a été payé à la ligne...
    Certes, subsistent des passages brillants, c'est d'ailleurs ce qui fait tenir jusqu'au bout: la scène de couple chez la psy, les rapports père-fils, ou encore les pensées schizophréniques du protagoniste qui s'adresse intérieurement à son alter ego écrivain.
    Certes, le concept d'autofiction est intéressant. Ellis dévoile sa vie privée sans que le lecteur ne puisse distinguer le réel du fictionnel. Procédé novateur, saisissant, mais cela ne suffit pas à faire un bon livre et à tenir en haleine durant près de 500 pages. Encore faut-il dépasser le «procédé», transcender le «concept», pour que la littérature opère et que le lecteur décolle.
    Malgré le savoir faire, on est bien loin de l'insolence inspirée d'American Psycho, best-seller incontesté et incontestable fustigeant la vacuité - et les paradoxes - de l'univers des golden boys des années 80.
    Dans Lunar Park, on ne perçoit plus que l'ombre de celui qui fut l'une des plumes américaines les subversives du moment. C'est un Bret Easton Ellis empaté qui s'exprime dans ce sixième roman. Mais attendons le septième, car l'œuvre littéraire est une course de fond, qui à l'image de l'existence, comporte ses hauts et ses bas.

     

    Lunar Park, éditions Robert Laffont, 2005

  • Un songe d’eau


     

    par Pascal Rebetez

     

    Hier j’ai vu une rivière, gonflée de neige fondue, qui m’a  fait résonner les mots « sourdre » et « jaillir ». D’un pont branlant, j’ai vu aussi un ancien moulin et sa roue désormais désaccordée et j’ai pensé au travail et au génie humain qui surent si bien négocier avec les forces de la nature. On empruntait alors un peu de force vive, en déviant une partie du courant, pour ensuite rendre l’eau à son lit, afin qu’elle se repose de tout le grain moulu.

    Quand nous faisons l’amour, je me sens moulin, roue à aube, martinet pour forgeron et tu m’es rivière, eau vive, énergie liquide. Et quand je te rends à ton lit, toute pâte étalée, des truites fraient alors dans nos rêves qui vont jusqu’à l’embouchure de l’aube rendre à la mer ce qu’on doit au passé.