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  • Quel avenir pour le Collège de Genève?

    Jeudi 28 février, une réunion importante concernant l’ensemble du Collège de Genève (qui aura 450 ans en 2009) s’est tenue au CEC André-Chavanne. Un professeur du Collège Calvin, Monsieur Alain Jacquemoud, revient en quelques mots sur cette rencontre. C'est bien volontiers que je l'invite sur ce blog.

    Pierre Béguin

     

     

    Cette journée, où se sont retrouvés les directeurs de collège, de nombreux doyens et présidents de groupe – rejoints dès 14 heures par MM. Charles Beer, Daniel Pilly, Georges Schürch et les deux vice-recteurs de l'Université, MM.Yves Flückiger et Pierre Spierer – a été mise sur pied à la demande des autorités du DIP et organisée par la direction du Collège de Genève. Elle s'est déroulée selon le programme suivant:

    Mise en œuvre de la révision partielle de l'ORRM, le matin

    L'avenir du Collège de Genève et de la maturité gymnasiale, l'après-midi

     

    Que visait-on en réunissant tout ce monde? Quels étaient les objectifs d'une telle journée? S'agissait-il d'informer les participants de la teneur de cette révision, de leur permettre de délibérer, de les inviter à élaborer un point de vue collectif sur la révision en cours? Entendait-on les impliquer dans ce processus, prendre en compte leurs remarques, leurs propositions, leurs critiques? On ne l'a pas su avant de se rendre au CEC André-Chavanne, on n'en savait pas davantage en le quittant sur le coup des 17 heures.

     

    Le matin, les personnes présentes, qui avaient préalablement choisi un thème de discussion parmi cinq, ont été réparties en groupes de discussion. Sous la conduite de Mme Madeleine Rousset, directrice du collège Claparède et de M. Pascal Emery, directeur du CEC Emilie-Gourd, le groupe dont je faisais partie s'est penché trois heures durant avec sérieux et efficacité sur la question du cursus de l'élève et sur celle des conditions d'obtention de la maturité. Ce qui est ressorti de nos délibérations, c'est:

    • l'idée qu'un certain nombre d'élèves se retrouvent au collège sans avoir vraiment les moyens ni la motivation nécessaires pour réussir dans cette formation;
    • que les conditions de réussite de la 4e année, plus aisément remplies que celles de la 3e, induisent chez un nombre non négligeable d'élèves une propension inhabituellement marquée à des calculs d'intérêt ainsi qu'à une certaine passivité;
    • que des moyens existent pour remédier à ce problème – certains ont été avancés, discutés – et qu'il conviendrait de les appliquer si l'on souhaite garder toute sa valeur au certificat délivré et préparer le mieux possible les élèves aux défis qui les attendent.

     

    Beaucoup auraient espéré que le fruit de ces discussions, d'autant plus significatif qu'il reflétait les points de vue d'une large majorité des participants, soit réellement pris en compte et fasse l'objet d'une synthèse. Cette synthèse aurait pu être présentée à l'assemblée entière et transmise aux autorités scolaires comme base de réflexion. Bref, ces échanges avaient été si profitables que l'on s'était mis à rêver de leur donner un écho officiel et à imaginer qu'ils soient véritablement entendus et jugés dignes d'infléchir les décisions à venir. Des comptes rendus ont été établis. Seront-ils transmis aux participants? A tous les enseignants? Pèseront-ils dans les décisions futures? Attendons un peu pour le savoir.

     

    Questions à Charles Beer

    L'après-midi, séance plénière. De l'exposé de M. Beer, de ses déclarations, des réponses qu'il a faites aux questions qui lui ont été posées, il ressort nettement que l'école se définit selon sa conception par sa force d'intégration et sa capacité à faire accéder le plus grand nombre au niveau d'une certification.

    Voici quelques-unes des questions posées à M. Beer.

    • Le taux d'échec en 1ère et en 2e du collège étant plus élevé que par le passé, ne conviendrait-il pas de revoir à la hausse, au nom d'un souci d'exigence, les critères d'admission? Réponse: non.
    • Pour garder à la 4e sa valeur d'année terminale et au certificat délivré toute sa substance, ne faudrait-il pas resserrer les exigences dans ce degré? Réponse: non.
    • Compte tenu de votre 3e priorité concernant la langue française (« L'apprentissage du français sera intensifié... »), comment expliquez-vous que le poids du français passe de 1/9 à 1/14 de la note globale dans la nouvelle maturité? Pas de réponse à cette question.

     

    Noble dessein, généreux programme que celui de M. Beer! Cela, nous le lui concédons volontiers, mais on voit aussi qu'en regard de ce dessein, la question de l'orientation des élèves, celles de la qualité de leurs choix initiaux, de la cohérence de leur parcours, le souci de la valeur des diplômes décernés – tous critères importants aux yeux de très nombreux enseignants – tout cela passe au second plan et n'est pas suffisamment pris en considération.

     

    Ainsi, il semble que M. Beer fasse très bon marché du coût financier (des centaines de milliers de francs investis chaque année pour presque rien), pédagogique (rythmes scolaires ralentis voire perturbés, engagement des enseignants en pure perte dans certains cas) et humain (sentiment de ratage, perte de confiance, démotivation des élèves en grande difficulté) lié aux lourd taux d'échecs en 1ère année. Dans ce degré, le collège n'est d'ailleurs pas le seul concerné, loin s'en faut.

     

    Il semble également que la question cruciale du français soit largement sous-estimée. Au fil d'un discours qui ne craint pas d'emprunter son tracé à la géométrie des courbes, M. Beer a beau se dire très conscient du problème et vouloir agir à la source. Ses mesures ne paraissent guère convaincantes. Par ailleurs, le peu de cas qu'il fait des signaux d'alarme donnés ce jour-là au nom de certains de ses collègues universitaires par M. Flückiger – qui déplorait la mauvaise qualité du français dans un grand nombre de copies – a de quoi laisser perplexe.

     

    La politique scolaire de M. Beer reflète-t-elle son idéal de socialiste? A ses yeux, sans doute. Il nous apparaît au contraire que, servie par une vision de l'école et des prises de position telles que les siennes, la belle idée de démocratisation des études soit lentement mais sûrement en train d'être dévoyée.

     

    Et les remerciements que M. A. Guex nous a adressés en fin de journée ont fait l'effet d'une cerise bien fade sur un gâteau dont personne ne souhaite avoir la recette. (A J)

     

  • Une rencontre avec Jean Chauma

    Par Alain Bagnoud

    Bu un café vendredi passé avec Jean Chauma.

    Vous ne connaissez pas Jean Chauma ? L’auteur de Bras cassés, un roman singulier, sortant complètement des moules littéraires, et qui parle du milieu des voyous dans les années 70 (voir ici et ici). Il vient de sortir un dernier livre qu’il m’a donné vendredi. Poèmes et récits de plaine (Antipodes). Je vous en parlerai plus tard.

    Quelques reflets, pour l’instant, de cette discussion. Car Chauma a des idées, une vision personnelle des choses et une expérience particulière. Il faut préciser, pour ceux qui ne connaissent pas cet écrivain, que c’est un ancien braqueur de banques et de bijouteries. Il passé une vingtaine d’années en prison, notamment dans des quartiers de haute sécurité.

    Chauma parle du respect, par exemple, mot tellement à la mode. Lorsque j’étais un voyou, explique-t-il, j’étais respecté. Quand au contraire on se met à travailler, quand on devient honnête, on ne l’est plus. N’importe quel type que vous méprisez, qui ne vous vaut pas, peut vous abaisser, vous traiter comme un objet, a le droit de vous renvoyer de votre travail sans motifs s’il est votre supérieur hiérarchique.  L’homme honnête est sans cesse humilié et offensé et il a bien du mérite à rester honnête.

    Un deuxième thème qui m’a intéressé, c’est celui du langage. Les voyous, explique Chauma, n’ont pas de mots. C’est pour ça qu’ils sont libres d’agir.

    Le monde autour d’eux n’existe pas, sinon comme décor. Ceux qui ne sont pas de leur milieu n’existent pas non plus. Quand on braque, explique Chauma, on ne demande aux victimes que de jouer le jeu, et on est très étonné s’ils résistent. Alors, s’ils prennent un coup de crosse ou une balle dans le ventre, c’est de leur faute. Ils n’ont pas fait ce qui était attendu d’eux.

    Mais ça cesse, explique Chauma, quand on acquiert du langage. On n’est plus alors dans l’instinct, l’action, mais dans le discours, la réflexion. Et ça rend lâche. Si on commence à comprendre que les autres existent, à deviner ce qu’ils peuvent ressentir, à penser aux conséquences, on n'exécute plus rien.

    Par exemple quelqu’un vous agresse. Soit vous réagissez immédiatement, avec les tripes, sans cogiter, et ça peut bien ou mal se passer, peu importe. Soit vous vous dites que l’autre va peut-être vous faire mal, qu’il est peut-être plus fort que vous, et vous ne faites plus rien. Le courage, dit Chauma, c’est l’apanage des brutes.

    Je vous résume ça comme je l’ai retenu. Pour voir ces idées incarnées dans les textes de Chauma, vous avez Bras cassés. Ou Poèmes et récits de plaine. Ou, à paraître à la rentrée d’automne, Echappement libre, un roman noir dont l’éditeur dit déjà le plus grand bien. Tous trois aux Editions Antipodes (www.antipodes.ch).

    Jean Chauma, Poèmes et récits de Plaine, Editions Antipodes

    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud)

  • Viens voir les crève-la-faim

    Par Pierre  Béguin

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    Nous sommes en 1689, dans le versant sombre du règne de Louis XIV. Les fastes de Versailles ne cachent pas la réalité: les paysans, qui représentent 90% de la population, sont dans une effroyable misère. Devant cette situation, La Bruyère, indigné, s’adresse aux nobles dans un petit texte construit sur le modèle d’un tableau qui, à bien le contempler, subitement s’animerait (Les Caractères ; De l’homme, 128). La rhétorique classique, ici, n’est plus au service du beau: il s’agit d’émouvoir le destinataire, c’est-à-dire de le mettre en mouvement, de le faire réagir, de toucher son cœur, de réveiller son sens moral, de lui faire voir le scandale de la misère du peuple, réduit à l’animalité et «tout brûlé de soleil» (l’allusion au Roi Soleil est évidente). Que ces riches aristocrates qui vont de Paris à Versailles ou de Versailles à Chantilly – comme les Condé – cessent de jeter quelques coups d’œil las et distraits au travers des vitres de leur carrosse! Qu’ils descendent et qu’ils regardent vraiment le paysage! Alors ils verront «certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés de soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible: ils ont comme une voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine; et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines; ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé.»

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    Nous sommes en 2008, dans un versant sombre des sociétés modernes. Une chaîne d’hôtels annonce son intention d’emmener de très riches clients dans la province de Surin, l’une des régions les plus miséreuses de la Thaïlande, pour voir comment de vrais pauvres vivent et s’occupent de leurs éléphants. Ils s’en retourneront comme ils sont venus, à bord d’un jet privé, pour déguster un repas composé notamment de langoustes, de truffes noires et de glaces au roquefort préparé par trois chefs français totalisant entre eux huit étoiles au guide Michelin. L’objectif avoué? Susciter l’intérêt, peut-être émouvoir, afin que ces milliardaires investissent dans les infrastructures de cette région, ou ailleurs dans le monde des miséreux. Et l’organisateur de préciser: «Si je suis pauvre et si je vois des riches arriver, je me réjouis, car enfin il y a quelqu’un qui vient me voir.»
    Humanisme? Pragmatisme? Opportunisme? Affairisme? Cynisme? Voyeurisme?
    Au moins, avec La Bruyère, la question ne se posait pas…

  • La musique nous emmène

    par pascal Rebetez

     

     

    J’écoute un trio cubain

     

    C’est bon, ça chaloupe, c’est divin

     

    Mais, diable, si j’avais ta main

     

    Que le tropique serait moins loin !

     

     

     

    La voix balance et les mains chantent

     

    C’est tout corazon et andante

     

    Oh tes lèvres, la vie al dente !

     

     

     

    La musique nous prendrait, ma femme

     

    Et nous lierait, joli tam-tam

     

    Et ces liens seraient délicieux

     

     

     

    Une nuit nous vivrons La Havane

     

    Jusqu’à ce que l’aube nous fane

     

    Un gardenia, juste pour nous deux !
  • Bois sec Bois vert, de Charles-Albert Cingria

    Par Alain Bagnoud

    medium_CINGRIA5_kuffer_v1_.3.jpgMais il faut absolument, me suis-je dit après avoir lu un certain nombre de ses citations dans le blog de Jean-Louis Kuffer chez qui on trouvera de nombreux articles sur cet auteur (voir ici)
    , il faut absolument, donc, se replonger dans Cingria. (Jean-Louis Kuffer à qui j’emprunte aussi l’illustration pour ce billet, un dessin de Dubuffet caricaturant Cingria.)

    Par exemple Bois sec Bois vert, qui devait être le premier volume de ses œuvres complètes (1948), paru chez Gallimard et republié dans la collection L’Imaginaire.

    En fait, ce sont les éditions de l’Age d’Homme qui les publieront, ses œuvres complètes, bien plus tard, en onze volumes, à quoi il en faut rajouter cinq de correspondance. Mais c’est une autre histoire.

    Charles-Albert Cingria mérite une brève présentation, pour ceux qui ne le connaîtraient pas.

    C’est un écrivain suisse. Genève 10 février 1883 – Genève premier août 1954. Mort le jour de la fête nationale, donc. D’une cirrhose du foie.

    Le reste de sa vie est moins patriotique. Sa famille paternelle était d’origine croate (Raguse, en Dalmatie) et vivait à Constantinople jusqu’à ce que son père, Albert, gagne Genève et devienne co-directeur de Patek Philippe. Sa mère, elle, était franco-polonaise.

    Toute sa vie, Cingria a vagabondé. Suisse, France, Italie, Allemagne, Espagne, Turquie. D’abord en usant la fortune paternelle, puis, ruiné après la première guerre mondiale, très pauvre, à vélo. Il s’arrêtait dans les cafés des villages, dit la légende, commençait à raconter, et il parlait si bien qu’on l’abreuvait jusqu’à plus soif, ce qui était onéreux car Charles-Albert avait la gorge très sèche.

    Spécialiste du Moyen-Age, il a publié des ouvrages érudits. La Civilisation de Saint-Gall, Pétrarque, La Reine Berthe… Durant toute son existence, il a livré de multiples chroniques dans des revues, des journaux, il a fait des conférences. Des textes libres, curieux.

    Bois sec bois vert en comprend dix. Digressifs, de genres divers, impossibles à résumer, pleins de fantaisie. Mais unis et portés par une langue magnifique, savante et souple, érudite, sensuelle, impulsive et sophistiquée. L’un parle d’un poète lyrique provençal. L’autre d’une jeune fille balte qui finit par trouver un diamant après bien des pérégrinations. Certains évoquent des voyages ou des vagabondages, parlent de la Loire ou de Rome…

    Il suffit de se laisser porter. Et alors, quel bonheur !

    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud.)

  • Don Juan ou les scandales fiscaux

     Par Pierre Béguin

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    Dans le Dom Juan de Molière, à la scène 4 de l’Acte IV, Don Louis s’adresse ainsi à son fils libertin: «De quel œil, à votre avis, pensez-vous que je puisse voir cet amas d’actions indignes, dont on a peine, aux yeux du monde, d’adoucir le mauvais visage, cette suite continuelle de méchantes affaires […] Ah! quelle bassesse est la vôtre! Et qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme? Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble lorsque nous vivons en infâmes? Non, non, la naissance n’est rien où la vertu n’est pas […] Apprenez enfin qu’un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature, que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous.»
    Cette scène m’est revenue en mémoire à la lecture, dans Le Temps, d’un article consacré au scandale fiscal qui ébranle actuellement l’Allemagne (et les places bancaires) et qui précipite aux enfers – comme la statue du Commandeur le fait de Don Juan – bon nombre de dirigeants appartenant à l’élite (!) économique du pays. Comme Don Louis envers son fils, les politiciens ont des mots très durs (mais la classe politique, en d’autres circonstances, est loin d’être elle-même au-dessus de tout soupçon) pour condamner ceux qui ne respectent pas les contrats sociaux et économiques élémentaires dans un système où leur position privilégiée devrait pourtant leur imposer un rôle de modèle. Ainsi du Ministre des Finances: «Ce sont les élites qui font craquer le système». Du Ministre de l’Intérieur: «Ces gens détruisent tout. Quand les élites ne comprennent plus qu’elles doivent respecter les lois, c’est grave». Et encore du Ministre de l’Economie qui demande aux dirigeants «de se purger de leurs mauvaises habitudes». Enfin, le journal Der Spiegel rappelle qu’«un tiers de la société doit se battre avec les conséquences de la globalisation et des lois sociales toujours plus dures. Mais la couche tout en haut fait davantage parler d’elle par son manque de mesure». Molière, par l’intermédiaire de Don Louis, ne dit pas autre chose des excès et dérives d’une bonne partie de la noblesse sous Louis XIV. A l’image de Don Juan, leurs manquements systématiques aux contrats élémentaires qui fondent la société marquent le surgissement anarchique du moi. En dehors des règles traditionnelles de l’honneur et de la morale, une société s’appuie sur le respect des codes qui assurent le bon fonctionnement des rapports économiques entre les hommes. Le refus d’honorer ces différents contrats entraîne le désordre, voire la déchéance sociale. Loin d’être une simple liberté de pensée – comme le prétend Don Juan – ce refus souligne le cheminement progressif – selon Molière – vers la bassesse morale et la mise en péril de l’ordre social.
    Avec Dom Juan, Molière initie un thème qui va traverser toute la littérature du 18e siècle pour trouver son ancrage historique dans la Révolution de 1789, cent vingt-quatre ans plus tard. Je gage qu'il faudra beaucoup moins longtemps pour que la soit disant élite économique actuelle, puisqu'elle commet les mêmes erreurs, subisse le même sort que la noblesse française. Pour quel ordre nouveau? Je ne sais pas pour vous, mais moi je crains le pire...