Quel avenir pour le Collège de Genève? (12/03/2008)

Jeudi 28 février, une réunion importante concernant l’ensemble du Collège de Genève (qui aura 450 ans en 2009) s’est tenue au CEC André-Chavanne. Un professeur du Collège Calvin, Monsieur Alain Jacquemoud, revient en quelques mots sur cette rencontre. C'est bien volontiers que je l'invite sur ce blog.

Pierre Béguin

 

 

Cette journée, où se sont retrouvés les directeurs de collège, de nombreux doyens et présidents de groupe – rejoints dès 14 heures par MM. Charles Beer, Daniel Pilly, Georges Schürch et les deux vice-recteurs de l'Université, MM.Yves Flückiger et Pierre Spierer – a été mise sur pied à la demande des autorités du DIP et organisée par la direction du Collège de Genève. Elle s'est déroulée selon le programme suivant:

Mise en œuvre de la révision partielle de l'ORRM, le matin

L'avenir du Collège de Genève et de la maturité gymnasiale, l'après-midi

 

Que visait-on en réunissant tout ce monde? Quels étaient les objectifs d'une telle journée? S'agissait-il d'informer les participants de la teneur de cette révision, de leur permettre de délibérer, de les inviter à élaborer un point de vue collectif sur la révision en cours? Entendait-on les impliquer dans ce processus, prendre en compte leurs remarques, leurs propositions, leurs critiques? On ne l'a pas su avant de se rendre au CEC André-Chavanne, on n'en savait pas davantage en le quittant sur le coup des 17 heures.

 

Le matin, les personnes présentes, qui avaient préalablement choisi un thème de discussion parmi cinq, ont été réparties en groupes de discussion. Sous la conduite de Mme Madeleine Rousset, directrice du collège Claparède et de M. Pascal Emery, directeur du CEC Emilie-Gourd, le groupe dont je faisais partie s'est penché trois heures durant avec sérieux et efficacité sur la question du cursus de l'élève et sur celle des conditions d'obtention de la maturité. Ce qui est ressorti de nos délibérations, c'est:

 

Beaucoup auraient espéré que le fruit de ces discussions, d'autant plus significatif qu'il reflétait les points de vue d'une large majorité des participants, soit réellement pris en compte et fasse l'objet d'une synthèse. Cette synthèse aurait pu être présentée à l'assemblée entière et transmise aux autorités scolaires comme base de réflexion. Bref, ces échanges avaient été si profitables que l'on s'était mis à rêver de leur donner un écho officiel et à imaginer qu'ils soient véritablement entendus et jugés dignes d'infléchir les décisions à venir. Des comptes rendus ont été établis. Seront-ils transmis aux participants? A tous les enseignants? Pèseront-ils dans les décisions futures? Attendons un peu pour le savoir.

 

Questions à Charles Beer

L'après-midi, séance plénière. De l'exposé de M. Beer, de ses déclarations, des réponses qu'il a faites aux questions qui lui ont été posées, il ressort nettement que l'école se définit selon sa conception par sa force d'intégration et sa capacité à faire accéder le plus grand nombre au niveau d'une certification.

Voici quelques-unes des questions posées à M. Beer.

 

Noble dessein, généreux programme que celui de M. Beer! Cela, nous le lui concédons volontiers, mais on voit aussi qu'en regard de ce dessein, la question de l'orientation des élèves, celles de la qualité de leurs choix initiaux, de la cohérence de leur parcours, le souci de la valeur des diplômes décernés – tous critères importants aux yeux de très nombreux enseignants – tout cela passe au second plan et n'est pas suffisamment pris en considération.

 

Ainsi, il semble que M. Beer fasse très bon marché du coût financier (des centaines de milliers de francs investis chaque année pour presque rien), pédagogique (rythmes scolaires ralentis voire perturbés, engagement des enseignants en pure perte dans certains cas) et humain (sentiment de ratage, perte de confiance, démotivation des élèves en grande difficulté) lié aux lourd taux d'échecs en 1ère année. Dans ce degré, le collège n'est d'ailleurs pas le seul concerné, loin s'en faut.

 

Il semble également que la question cruciale du français soit largement sous-estimée. Au fil d'un discours qui ne craint pas d'emprunter son tracé à la géométrie des courbes, M. Beer a beau se dire très conscient du problème et vouloir agir à la source. Ses mesures ne paraissent guère convaincantes. Par ailleurs, le peu de cas qu'il fait des signaux d'alarme donnés ce jour-là au nom de certains de ses collègues universitaires par M. Flückiger – qui déplorait la mauvaise qualité du français dans un grand nombre de copies – a de quoi laisser perplexe.

 

La politique scolaire de M. Beer reflète-t-elle son idéal de socialiste? A ses yeux, sans doute. Il nous apparaît au contraire que, servie par une vision de l'école et des prises de position telles que les siennes, la belle idée de démocratisation des études soit lentement mais sûrement en train d'être dévoyée.

 

Et les remerciements que M. A. Guex nous a adressés en fin de journée ont fait l'effet d'une cerise bien fade sur un gâteau dont personne ne souhaite avoir la recette. (A J)

 

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