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Ça nous séduit - Page 8

  • Pokhara, par Serge Bimpage

    Par Alain Bagnoud

    Pokhara est un court texte elliptique qui semble la partie émergée d’un iceberg : on perçoit, sous la ligne de flottaison, une immense masse juste suggérée.

    Viktor et Léon, deux vieux amis, fêtent leur cinquantaine dans les montagnes du Népal. Ils se connaissent depuis l’enfance, ils ne savent plus très bien quand ils se sont rencontrés pour la première fois. Pendant quelques jours dans ce décor grandiose, il est question entre eux de choses graves. De l’amitié, de la crise de la cinquantaine et surtout de la manière de conduire son existence.

    Entre eux il y a des souvenirs, une femme convoitée par tous les deux et que Viktor a fini par épouser. Ils ont connu deux trajectoires différentes, ils ont adopté deux manières opposées de mener leur vie.

    Léon est un baroudeur plutôt silencieux, un humanitaire habitué des conflits et des camps, globe-trotter qui a abandonné femme et enfants. Viktor vit depuis des années en couple, dirige un restaurant, a des valeurs bourgeoises. Leur amitié est faite d’attirance et d’agacement, de rivalité et de flashs d’amour.

    Ils passent quelque temps dans un refuge, sur un plateau désertique, puis se dirigent vers un camp de base près de l’Annapurna. A mi-chemin, Viktor renonce. Léon va jusqu’au bout, seul, mais quand il retrouve son ami en ville, c’est… Non, vous savez bien : on ne révèle pas la fin des romans, surtout quand il y a une surprise. 

    Serge Bimpage, Pokhara, Editions de L’Aire

    (Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud)

  • Floyd Mayweather, un prodige de la boxe

     

    Par Olivier Chiacchiari

     

    Si Ernest Hemingway, Jack London et Norman Mailer (disparu le 10 novembre dernier) étaient encore des nôtres, ils n'auraient manqué ce rendez-vous pour rien au monde.
    Demain soir à Las Vegas, Floyd "Pretty Boy" Mayweather remettra son titre en jeu face à l'Anglais Ricky "Hitman" Hatton.

    Un combat* au sommet attendu par des millions d'amateurs du genre, dont moi. J'en ai déjà l'adrénaline qui monte...
    Car on ne peut apprécier la boxe sans admirer Mayweather, ce serait comme aimer la musique classique en dédaignant Bach ! Il y a du génie chez ce champion invaincu et détenteur de cinq titres mondiaux, qui semble issu d'un croisement entre le tonnerre et la foudre. Il a un punch redoutable et enchaîne les prouesses techniques à une telle vitesse qu'on a parfois l'impression que ses adversaires bougent au ralenti.
    Dans tous les domaines, il est des virtuoses qui font corps avec leur discipline, comme s'ils étaient venus au monde dans le seul but de la pratiquer, d'y exceller avec une aisance et une grâce souveraine. Mayweather est de ceux-là. Et son art s'ennoblit.
    Demain soir, il est peu probable que la puissance brute de Hatton l'emporte, même si ce valeureux adversaire demeure également invaincu à ce jour. Mais sait-on jamais! Car en matière pugilistique, la moindre erreur peut s'avérer fatale. C'est ce qui rend chaque victoire admirable. Et toute défaite honorable. Que le meilleur gagne !

     

    Championnat du monde WBC des welters, diffusé en direct sur Canal + dans la nuit de samedi à dimanche.

  • Char et Guitry

    par Pascal Rebetez

     

    A côté de son lit, il y a deux ouvrages : un très beau livre de chez Skira, La Nuit talismanique édité en 1972 et signé René Char et, en Poche, Les mémoires d’un tricheur de Sacha Guitry. Celui-là est né il y a cent ans, celui-ci est mort il y en a cinquante. Je les lis tous les deux en l’attendant, elle, pour de nouvelles fiançailles, parce que nous nous sommes un peu froissés, pour des histoires de feuilles mortes. C’est ainsi parfois dans les couples : la chair répare les mauvaises humeurs. J’attends donc et je lis. Bon, c’est vrai qu’elle tarde un peu. C’est vrai aussi que les deux livres sont courts. Avec le Char, j’ai failli m’endormir, tant tout ceci, a priori très beau, très fort, très « commune présence » me barbe littéralement. Il y a des textes dont je n’arrive à comprendre ni le sens ni à découvrir le mystère de leur articulation. Et puis, le poète, dans ce livre, met en scène ses propres œuvres plastiques, il fait son peintre et c’est d’une prétention calamiteuse et d’un intérêt à peu près nul. La grandeur ici m’ennuie, tant je n’y vois que prétention et vanité jusque dans le titre, vraiment gonflant. Mais m’endormir en bâillant ne serait pas du plus élégant.

    Alors je prends l’autre titre au chevet et lire Guitry me réveille. C’est décapant, bellement ironique, rafraîchissant et parfaitement anticonformiste, comme on disait autrefois quand le conforme était la norme. Guitry savait tout faire, du théâtre, du cinéma, il fut cinq fois marié, et cette multitude d’activités l’avait aguerri contre l’ennui : il en a oublié de pontifier. Je lui en suis  reconnaissant, surtout quand elle se glisse enfin sous les draps et que débute, cavalièrement, un roman partagé. Mais c’est une autre lecture…
  • Etourneaux

     Pascal REBETEZ

     

     

    Un vol d'étourneaux

    sur les vignes gelées

    et ma poitrine gonfle

    dans l'ivresse de ton cru.

    Au revers des saisons,

    des ailes et de la sève

    enflent mes poumons

    qui soulèvent les labours.

    J'ai ton goût dans le bec,

    ô ma buse assoupie,

    et les serres plantées

    à ta folle envergure.