La Cour au QuARTier des Bains
par Pascal Rebetez
Quelqu’un m’a dit qu’il fallait y être absolument ce soir, que c’était le nouveau rendez-vous des connaisseurs, de ceux qui savent, que ceux qui possèdent y étaient tout aussi bien que ceux qui désirent se vendre ou même, ceux qui récoltent les miettes, les badauds qui prennent ici un verre, là un petit canapé.
On m’a parlé de QuARTier des Bains, cette opération conjointe de vernissage des galeries d’art contemporain de notre cité. Oups, flottent au vent de l’annonce publicitaire quelques oriflammes du plus mauvais goût ! Le logo ressemble, traits et couleurs, à celui, défunt, de Radio Jura Bernois qui, en 1980, n’était déjà pas une réussite. Mais la laideur et le mauvais goût sont « tendance ». Et ça se vend. Vive le bling-bling, les sourires compassés, les coupes de champagne et ces nouveaux clients russes qui trouvent dans l’investissement artistique une occasion de blanchir leurs milliards si honnêtement gagnés. Alors, on (et j’entends par « on » autant les artistes, les faiseurs que les galeristes et autres marchands de rêve) on leur prépare, à ces clients fortunés, cette « gentry » inespérée ce à quoi ils s’attendent, pour la décoration autant que pour les coffres de banque : du prêt-à-porter artistiquement emballé, puisqu’on n’achète plus que de la signature, et que je cite, et que je transpose, et que je gougougnaffe d’importance, avec, toujours, ce sourire putassier de ceux qui croient encore, l’espace d’un instant, qu’ils sont les maîtres du monde parce qu’on leur fait croire qu’ils sont les maîtres de la mode.
Je n’irai pas à cette parade du snobisme branché, je préfère relire, en m’esclaffant vraiment Les Précieuses Ridicules.
Commentaires
Je suis d'accord avec votre commentaire, mais je me permets de réagir, car s'il est facile de critiquer ce milieu. A Genève, ville dont le nombre d'artiste est exceptionnellement haut, il ne faut pas oublier qu'ils restent chez eux, sont spectateurs de ce grand bazar du luxe ou se terre à Artamis ou Kugler au lieu de se montrer! N'oubliez pas que derrières les galeries de luxe, se cache la bourse, donc le système capitaliste. Si les galeristes de la nuit des bains donnent des étoiles à rêver aux visiteurs qui peuvent se pavaner pour avoir l'impression d'être "tendance", vous tombez dans le même piège du 68tard frustré qui se rebelle contre du vent. Quand parlerez-vous des artistes qui sortent de chez eux et qui s'installe dans la rue pour montrer ce qu'ils font. http://mindart.blog.tdg.ch , n'avez-vous pas vu les tableaux lumineux de vivian crettol, ou la sculpture "hommage à Montagne" devant la galerie guy baertschi, ou ma conceptuel installation "l'attente de l'art" à côté d'Edouard Mitterand, le tout gratuitement exposé!. Si votre but est de dénoncer cette apathie de l'art, parlez de nous: de ce qui est positif, (sans oublier que certains artistes exposés dans ces galeries de luxe) sont aussi géniaux, et méritent de vivre de l'art (même si à la base, nous sommes tous artistes, mais pour la bourse ce serait pas bon!). Je sais bien aussi que maintenant les galeristes de quartierdesbains.ch ne se donnent plus la peine d'exposer que pendant les 3 dates de la nuit des bains, et que le reste du temps, ils ne font que faire poireauter les artistes, c'est ce qui s'appelle la "spéculation". Mais je vous rassure, en mars, ça devrait aussi déménager...
vous avez de la chance que votre texte soit passé en version papier sur TDG, et le mien pas peut-être est-il moins vendeur?...