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Ça nous émeut - Page 4

  • J’ai servi la beauté

    Par Pascal Rebetez

     

     

    Profiter de cette tribune pour saluer une frangine de lettres, Pierrette Micheloud, partie rejoindre les déesses et les dieux de la « gynandrie », ce lieu alchimique de la femme nouvelle, cette mystique poétique qu’elle aimait à développer dans ses textes comme dans sa vie.

    Pierrette est décédée d’un cancer et m’en parlait avec une touchante sérénité au printemps dernier, dans une salle du Sénat français où étaient réunis les jurés et les lauréats des Prix de la Francophonie. C’était un tout petit bout de femme, – de bientôt 92 ans mais qui s'était rajeunie de cinq ans en arrivant à Paris– vive, souriante, la voix cascadante, attentive aux autres et à leurs oeuvres qu’elle a défendues en tant que critique, membre de jurys, créatrice de Prix littéraires.

    Dès 1950, elle a vécu dans une mansarde du Quartier latin et revenait l’été planter la poésie dans les villages de son Valais natal, en trouvère inspirée. « J’ai servi la beauté » se plaisait-elle à dire. Il reste à retrouver et lire quelques vingt ouvrages et un livre-hommage paru en 2002 aux Editions Monographic Présence de Pierrette Micheloud. Allez aussi la revoir sur http://mediaplayer.archives.tsr.ch/micheloud-coeur/0.ask
  • Philippe de Champaigne au musée Rath


    Par Alain Bagnoud

    Entre politique et dévotion. C’est le titre explicite de cette exposition du musée Rath, à Genève. Une rétrospective importante, qui montre les différents aspects de ce peintre né en Belgique en 1602, qui a fait toute sa carrière en France, parce qu’il s’y est arrêté pendant son voyage pour Rome. Une sorte d’obligation artistique, à cette époque, le voyage à Rome !

    Installé à Paris, donc, Philippe de Champaigne a incarné le Grand Siècle dans ses aspects les plus solennels. Il a été le peintre officiel de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche. Il a glorifié Louis XIII et Richelieu (onze portraits). Des tableaux de propagande très réussis, imposants, qui lient le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Quelque chose dans le même genre que les portraits de Kim-Il-Sung, Grand leader et Président éternel, par les artistes officiels de Corée du nord.

    De Champaigne est aussi le peintre des congrégations. Son nom reste surtout lié aux jansénistes de Port-Royal (sa fille y a guéri miraculeusement) mais il n’était pas sectaire. Il s’est attaché à donner une image pieuse à d’autres mouvements et à décorer toutes sortes d’églises ou de cathédrales.

    Cet univers champaignien (champaignesque ? champaignacien ?) semble un peu étroit, et agaçante cette célébration des puissances. Heureusement, il y a le langage de Philippe de Champaigne.

    Compositions précises et relation des masses. Monumentalité, ordre, solennité. Ce qu’on appelle le classicisme. D’un effet certain. Avec parfois un peu de mièvrerie.

    Mais une recherche de la perfection, un équilibre fixé, arrêté sur le fil du rasoir. Des couleurs éclatantes et maîtrisées, une recherche de la profondeur, et des paysages magnifiques en arrière-fond de ses scènes.

    (Musée Rath, Place Neuve, de 10 à 17 heures, fermé le lundi, jusqu'au 13 janvier)

    Voir aussi Le blog d’Alain Bagnoud

  • Un homme de théâtre s'en est allé

     

    Par Olivier Chiacchiari

    Bernard André dit Bengloan nous a quitté le 21 septembre dernier.
    Pour ceux qui ne le connaissaient pas, Bernard était un dramaturge d'origine bretonne qui s'est illustré en Suisse romande de 1970 à 1990.
    En trente ans de carrière, il a écrit près de vingt pièces qui ont toutes été montées, notamment par son complice André Steiger. Il était aussi l'auteur de La Muette (l'Age d'Homme), pamphlet virulent sur le théâtre local qui avait fait grand bruit lors de sa parution en 1994.
    Bernard fut pour moi un mentor et un ami, c'était un homme intransigeant, radical, mais au cœur immense et aux sentiments sincères. Il a su me m'encourager durant mes premières années d'écriture, il m'a passé le témoin, en quelque sorte, et je tenais à lui rendre hommage publiquement. Son parcours d'écrivain et ses qualités d'homme méritaient un coup de projecteur au crépuscule de son combat. Adieu l'ami!