Par Alain Bagnoud
Entre politique et dévotion. C’est le titre explicite de cette exposition du musée Rath, à Genève. Une rétrospective importante, qui montre les différents aspects de ce peintre né en Belgique en 1602, qui a fait toute sa carrière en France, parce qu’il s’y est arrêté pendant son voyage pour Rome. Une sorte d’obligation artistique, à cette époque, le voyage à Rome !
Installé à Paris, donc, Philippe de Champaigne a incarné le Grand Siècle dans ses aspects les plus solennels. Il a été le peintre officiel de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche. Il a glorifié Louis XIII et Richelieu (onze portraits). Des tableaux de propagande très réussis, imposants, qui lient le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Quelque chose dans le même genre que les portraits de Kim-Il-Sung, Grand leader et Président éternel, par les artistes officiels de Corée du nord.
De Champaigne est aussi le peintre des congrégations. Son nom reste surtout lié aux jansénistes de Port-Royal (sa fille y a guéri miraculeusement) mais il n’était pas sectaire. Il s’est attaché à donner une image pieuse à d’autres mouvements et à décorer toutes sortes d’églises ou de cathédrales.
Cet univers champaignien (champaignesque ? champaignacien ?) semble un peu étroit, et agaçante cette célébration des puissances. Heureusement, il y a le langage de Philippe de Champaigne.
Compositions précises et relation des masses. Monumentalité, ordre, solennité. Ce qu’on appelle le classicisme. D’un effet certain. Avec parfois un peu de mièvrerie.
Mais une recherche de la perfection, un équilibre fixé, arrêté sur le fil du rasoir. Des couleurs éclatantes et maîtrisées, une recherche de la profondeur, et des paysages magnifiques en arrière-fond de ses scènes.
(Musée Rath, Place Neuve, de 10 à 17 heures, fermé le lundi, jusqu'au 13 janvier)
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