Comme on méprise un grand artiste
par Jean-Michel Olivier
J'ai reçu, l'autre jour, une lettre de mon amie Janine Massard, qui attire mon attention sur un scandale culturel typiquement vaudois. Je me permets de la reproduire telle quelle. Ou comment un théâtre de la place traite l'œuvre d'un artiste de renom...
Un article paru le 22 novembre dans 24 Heures relate un fait divers représentatif d’une petite combine locale mais qui, en bout de course, reflète le mépris dans lequel on tient l’œuvre d’un artiste peintre : la fresque commandée en 1981 à Jean Lecoultre, pour l’inauguration du théâtre de l’Octogone à Pully, a été recouverte de plastique blanc 31 ans plus tard. Sur proposition de la directrice du théâtre, le syndic actuel, M. Gil Reichen, en charge des affaires culturelles, s’arroge le droit de faire recouvrir l’œuvre d’un plastique, sans doute pour être plus en phase avec les préoccupations actuelles ! Et tout cela s’est passé sans avertir l’artiste, qui habite à deux pas du théâtre, et sans en parler davantage aux pouvoirs politiques. Voilà qui rappelle les temps anciens où des « fous de Dieu » enduisaient de chaux les peintures dans les églises, au mépris des messages que les siècles précédents leur avaient transmis.
Et la démocratie dans tout cela ? Que penser de cette façon d’agir qui s’accorde plus avec un petit esprit iconoclaste qu’avec les droits démocratiques et ceux des personnes ? Et quel mépris vis-à-vis d’un artiste dont l’œuvre a été exposée à la Biennale de Venise et à la Fondation Gianadda ! C’est nier l’action de ceux qui l’ont commandée et payée, comme si elle ne faisait pas partie d’un patrimoine culturel. Ce n’est pas un tag pourtant et Pully possède un musée !
Les signataires de cette lettre ont tous présidé l’Association Films Plans-Fixes qui produit des portraits filmés de personnalités de Suisse romande. Un film consacré à Jean Lecoultre figure parmi les quelques 300 titres de la collection : www.plansfixes.ch/films/jeanlecoultre . C’est à ce titre que nous intervenons et nous demandons que l’on veille au respect des droits de Jean Lecoultre en tant que créateur de l’œuvre.
Janine Massard, Olivier Pavillon, Catherine Seylaz-Dubuis, Jean Mayerat – ancien-n-es président-e-s de Plans-Fixes
Commentaires
Je ne comprends pas. L'oeuvre était en prêt et appartenait encore à l'artiste ?
Si tel n'est pas le cas, je ne vois pas au nom de quoi la Ville de Pully ne pouvait pas la détruire, à partir du moment où elle lui appartenait et qu'elle l'avait payée.