Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

On connaît la chanson

Par Pierre Béguin

jonasz[1].jpgEn v’là du sot en v’là…

Je ne sais pas pourquoi, mais à l’annonce de l’annulation par la justice de la double votation du 30 novembre sur le Cycle d’orientation (bon! si Flaubert ne s’était jamais remis d’avoir laissé filer deux compléments de nom d’affilée, moi je survivrai) cette chanson de Michel Jonasz, légèrement modifiée pour la circonstance, a spontanément squatté mon esprit et semble bien décidée à n’en point sortir. Je dois donc l’expulser. Il faut dire qu’après les cafouillages sur l’interdiction de mendier et la cacophonie sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, notre bon Conseil d’Etat prouve, s’il en était encore besoin, qu’il ne rate jamais une occasion de faire une connerie. Le sens inné de l’autogoal, des vrais pros! Avec eux, on ne sait pas où ça commence et où ça finit parce que ça ne fait que continuer. D’autant plus que, dans la course à la sottise, les quatre Dalton de la ville semblent bien décider à réagir pour assurer une qualification dont personne ne doute…

En v’là du sot en v’là

Et c’est du bon croyez-moi…

Certes, l’inénarrable chef de l’Instruction publique assume, assure-t-il. Et d’ajouter la bouche en cœur qu’il n’a jamais voulu tromper l’opinion. Ah bon! «Et moi j’suis les Beatles!», comme disait l’autre. Au train où ça va, m’est avis que ses cent directeurs ne sont pas encore assis définitivement dans leurs fauteuils dorés. Et encore un désaveu en vue, un!

En v’là du sot en v’là

Et c’est du bon croyez-moi

Et ça commence toujours comme ça…

Tenez, pas plus tard que mercredi dernier, je lisais dans la Tribune les arguments de Martine Brunschwig Grave contre l’initiative populaire «Pour un âge flexible de l’AVS». Je cite notre Martine nationale sinon vous n’allez pas me croire: «Lorsque l’AVS a été créée en 1948, la durée de vie moyenne pour une femme était de 81 ans (75 pour les hommes). Aujourd’hui, elle est de 91 ans pour les femmes (87 pour les hommes)». Martine aurait-elle des origines marseillaises? Et nous n’étions pas au courant! Incompétence ou mensonge éhonté? Dans les deux cas, elle garde le même aplomb, y compris sur le plateau de Genève à chaud où, lors d’un débat, elle répète les mêmes inepties sans que son opposante, curieusement, ne relève quoi que soit. En réalité, renseignements pris à l’Office fédéral de la statistique, en 1948, la durée moyenne de vie est de 71 ans pour les femmes (66 pour les hommes) et, actuellement, elle est de 84,2 ans pour les femmes (79,4 pour les hommes). Les chiffres folkloriques de Martine correspondent en fait à une projection possible – mais loin d’être certaine au vu de tout ce qui nous menace – pour 2030, ce qui, vous en conviendrez, suffit à faire planer un gros doute sur l’honnêteté de la politicienne. Attention Martine, je pourrai recourir auprès du Tribunal pour «forfaiture envers le citoyen»! Et je ne vous parle pas des autres arguments! Par exemple, Martine en pourfendeuse des riches qui seuls, selon elle, profiteraient des largesses de l’initiative… Est-ce que ces gens sont sérieux? En tout cas, moi, j’ai voté pour l’initiative dans l’espoir insensé que Martine l’anticipe (sa retraite donc). Certes, j’entends déjà, comme un chœur de tragédie antique, l’incontournable cri primal de Weiss Muller, les Tarzan du libéralisme, s’élever dans la jungle économique: des p’tits sous, des p’tits sous, toujours des p’tits sous... Mais si on trouve 68 milliards pour sauver l’UBS, on devrait bien en trouver 1,5 pour permettre aux futurs chômeurs de l’UBS de prendre une retraite anticipée. Faut pas m’prendre pour un sot, tout de même!

En v’là du sot en v’là

Et c’est du bon croyez-moi

On pourrait pas s’arrêter là

Alors ça continue des fois…

Le prochain camouflet prend peut-être déjà forme. Je lis dans le même journal que l’Office fédéral des transports (OFT) a rendu un avis favorable aux opposants du CEVA. Le Conseil d’Etat, toujours aussi stupidement imbu de lui-même, voulait passer en force sans mener le débat sur la place publique et sans que la population ne puisse s’exprimer par les urnes. Une erreur que les Vaudois n’ont pas commise avec leur métro. Déjà que nos voisins, en nous voyant, ne peuvent s’empêcher de chanter en réponse au «subtil» Cramer qui les avait très sottement traité de provinciaux…

En v’là du sot en v’là

Et c’est du bon croyez-moi…

Bon! On se vengera en automne 2009 qu’on se dit comme ça pour se consoler. Sauf que les partis vont, comme d’habitude, nous concocter des listes communes de seconds couteaux usagés qui, au final, ne nous laissera aucun choix. Il ne restera plus au crétin d’électeur qu’à valider par bulletin de vote le propre choix arrangé des partis…

Nos chefs sont tous très forts en thème

Et on élit toujours les mêmes…

Ah, enfin! D’une chanson l’autre. Espérons que celle-ci expulse définitivement la précédente et qu’elle soit elle-même expulsée avant les élections de 2009…

Magouille blues, magouille blues, maaa agouille blues!

Ah oui! Là, ça va déjà mieux….

 

 

Commentaires

  • Merci Pierre pour de magnifique billet....comme d'hab! Je me suis régalé.Et je ne peux m'empêcher d'en rajouter une couche:


    Le Conseil d’Etat persiste et signe !

    Après s’être livré à une interprétation tendancieuse de l’IN 134, le CE tente maintenant, dans un mea culpa bien timide, de se justifier en interprétant les considérants du Tribunal Administratif.

    Il continue ainsi à tromper les citoyens. Il cherche à minimiser son forfait en prétendant à une simple erreur, une inattention de sa part. Il n’en est rien.

    Le CE peut plaider la bonne foi, personne ne s’y trompera : il était parfaitement conscient de la démarche qu’il a choisie : « INFLUENCER l’opinion des électeurs de manière inadmissible ». C’est ce qui ressort des considérants du TA qui a conclu à des irrégularités graves, ceci d’autant plus de la part de l’autorité gouvernementale.

    Mais voilà que Messieurs Beer et Moutinot n’en restent pas là. D’une habile pirouette, ils trompent une nouvelle fois les citoyens en déclarant que le TA ne les a pas jugés « menteurs ». Ce faisant, nos deux magistrats cherchent à entraîner les citoyens sur un sujet qu’en effet le TA n’a même pas jugé utile d’examiner. Pour une raison très simple : le TA a estimé en priorité que le CE avait tenté de « VICIER la formation de la volonté de l’électeur » et que dans cette mesure la faute est suffisamment grave pour faire annuler la votation. Point besoin donc pour les juges de se casser la tête à aller plus loin.
    En d’autres termes, le TA n’a pas jugé utile d’examiner si oui ou non il y avait mensonges puisque la volonté d’influencer est clairement établie en premier lieu.

    Peut-être pas « MENTEUR », à chacun d’en juger selon son point de vue, mais certainement « MANIPULATEUR ».

  • Merci Pierre pour ce billet magnifique!

    C'est une erreur de mise en page; nous travaillons vite et beaucoup; c'est normal de se tromper!, nous disent à l'unisson M-Beer et M. Moutinot.

    Soit.

    Mais alors, où est le bon "Essentiel en bref" neutre et conforme à la loi?

  • Et il est là le problème, Rita. Où se trouve cette fameuse page que le CE aurait dû faire passer au bon endroit s'il n'avait pas commis une "erreur" ?

    S'il y en avait eu une, MM. Beer et Moutinot l'auraient brandie sous le nez les journalistes à la conférence de presse. Mais de page tout autre, il n'y en a pas... et la raison est si simple : ils n'ont pas voulu se contenter de gagner à la loyale, ils ont voulu nous faire la leçon et nous faire payer la baffe pharaonique qu'ils ont reçue sur les notes.

  • Bonjour tous,

    Et merci Pierre pour cette belle envolée !

    Nos ennemis du CE me font penser à cette phrase de (Balzac ?) :

    "Je préfère les salopards aux imbéciles, parce qu'ils se reposent."

    A vous.

    Yves

Les commentaires sont fermés.