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  • Delphine de Girardin, La canne de M. de Balzac

    Par Alain Bagnoud

    Épouse d'Emile de Girardin, le célèbre journaliste, Delphine de Girardin (1804-1855) est une femme de lettres à part entière, qui ne doit rien à personne et tout à son talent. Elle écrivait des chroniques dans un journal, sous un pseudonyme masculin. Évidemment, vu l'époque.

    Elle avait aussi un salon fréquenté par l'élite littéraire de l'époque. Notamment Balzac. Balzac qui avait la manie des grosses cannes ostentatoires.

    Delphine s'en moque gentiment dans La canne de M. de Balzac. Elle décrit une canne outrancière, décorée, ridicule. Canne remarquée par le personnage principal du roman, Tancrède, un très beau jeune provincial à qui son physique avantageux joue des tours : personne ne veut lui donner du travail malgré les recommandations dont il dispose, l'un craignant pour sa fille, l'autre pour sa femme ou sa mère.

    Donc, Tancrède est stupéfié par cette canne qu'il ne s'explique pas. Jusqu'à ce qu'il découvre qu'elle peut procurer le don d'invisibilité – ce qui explique les connaissances de Balzac sur tous les sujets et tous les milieux, espionnés grâce à elle.

    Tancrède obtient ni une ni deux de Balzac qu'il la lui prête, et les aventures commencent autour de cette canne qui est échangée, reprise, sans que la plupart des possesseurs se doutent de son pouvoir et comprennent le pourquoi des mésaventures qu'ils vivent.

    Spirituel, psychologue, fin, La canne de M. de Balzac m'a amusé. Ça manque un peu de profondeur, peut-être. Une superficialité liée à un certain esprit français. Mais pourquoi bouder son plaisir ?

     

    Delphine de Girardin La canne de M. de Balzac

  • De plus en plus en fort!

    Par Pierre Béguin

    ‘Sont décidément très fort à La Tribune! Déjà qu’ils avaient inventé le critique littéraire gratuit. Plus un article sur la littérature romande dans la Julie depuis belle lurette. C’est inutile et ça coûte cher. Nous, sur Blogres, voilà cinq ans qu’on fait le travail gratuitement. Et consciencieusement. Contrairement à la version papier, semble-t-il.

    Car dans l’édition du 20 août, surprise! En première page, on apprend que «Catherine Safonoff signe le meilleur livre de la rentrée romande». Moi, j’aime bien Catherine Safonoff, et je ne doute pas que son dernier roman soit excellent. Mais de là à établir un tel pronostic, par ailleurs tout à fait absurde, alors qu’à cette date seuls deux ou trois livres de la rentrée romande se trouvaient en librairie, que la plupart ne sont même pas encore imprimés, c’est très fort. La Tribune aurait-elle inventé dans la foulée le journaliste infaillible qui prédit l’information? Pas très professionnel, pour le moins. A tout bien considérer, on préfère La Tribune quand elle ne parle pas de littérature...

    Au fond, les blogs de la Julie semblent plus crédibles que sa version papier. En matière de critique littéraire du moins. Une bonne occasion pour rappeler que Blogres entame sa sixième année d’existence et que ses six représentants, eux, servent la littérature (romande entre autres) avec un peu plus de compétences et de rigueur. En plus, c’est gratuit!

    Au plaisir de vous accueillir pour une nouvelle saison! Nous aurons certainement l’occasion de reparler du livre de Catherine Safonoff. Sérieusement, cette fois...

     

  • Rousseau : une promenade, théâtre au Jardin botanique

    Par Alain Bagnoud

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    L'année Rousseau suit son cours. On a beaucoup vu, lu, entendu de choses de et sur Jean-Jacques. Mais il n'y a jamais trop de bonnes nourritures, n'est-ce pas ?

    Surtout si elles sont servies avec l'inventivité, la fougue, la générosité du Théâtre du Saule rieur, qui s'attaque à son tour au grand écrivain.

    Idée originale : Rousseau une promenade se passe dans le Jardin botanique et c'est itinérant. Emmené par les comédiens, le public se promène à travers le parc. Un prologue et cinq scènes dans divers décors de cet endroit merveilleux évoquent la mémoire de Rousseau, en lien avec la nature.

    Pour la pièce, qui est une création originale, Catherine Fuchs a imaginé une émission de télévision culturello-glamour, qui serait programmée dans le cadre du jubilé Rousseau. Une animatrice survoltée y confronte deux botanistes, dont le conservateur du jardin, à un écrivain à succès, habitué des plateaux télévisuels, des médias et des grands thèmes généraux. Mais l'émission ne se déroule pas tout à fait comme ses concepteurs l'avaient espéré.

    Dans ses turbulences et ses renversements, elle révèle pourtant des parentés et des analogies entre les siècles. Hier comme aujourd'hui, deux partis s'opposent, antinomie sur laquelle repose la cohérence du spectacle. D'un côté, il y a ce qu'on pourrait appeler la clique à Voltaire : des gens qui recherchent la lumière et la notoriété, qui mettent une pensée simple au service d'une philosophie clairette et n'échappent pas aux préjugés alors qu'ils affirment les combattre. De l'autre, il y a le camp de Rousseau, composé d'êtres plus dédaliens, à la pensée riche, complexe, touffue parfois au risque de devenir paradoxale, qui fuient les foules et aspirent à une vérité personnelle, sans souci de leur sécurité.

    Spectacle animé, baroque, varié, Rousseau : une promenade mêle les thèmes profonds chers à Rousseau (la botanique, Dieu, la nature, la littérature) et la satire de la télévision, mélange les époques et les genres, offre aux spectateurs le bonheur de goûter aux plaisirs du théâtre.

    Grâce notamment à des comédiens talentueux, polymorphes, investis (Vincent Babel, Nicole Bachman, Julie-Kazuko Rahir, Héloïse Chaubert, Pierandré Boo, etc.), mis en scène par l'inventif Cyril Kaiser, qui a récemment séduit le public grâce à un Misanthrope joué à la Fusterie en 2011 et à Calvin, un itinéraire, dans la vieille ville en 2009 et 2010.

    Grâce aussi à la scénographie de Fredy Porras, aux lumières de Liliane Tondellier et au magnifique jardin botanique, que le spectacle permet exceptionnellement d'investir le soir.

    Riche, complexe, nourri, drôle, contrasté, poétique et profond, aux résonances multiples, Rousseau : une promenade permet, à travers diverses évocations, d'approcher la figure du grand auteur, dans une montée en puissance qui se termine par la parole de Rousseau, proférée devant le jardin d'hiver par un Vincent Babel inspiré.

    Ce serait déjà une raison d'y aller. Il y en a bien d'autres, à découvrir sur place.

     

    Spectacle en plein air aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, Place Albert-Thomas (face à l'OMC), du 14 août au 16 septembre 2012

    infos et réservations : http://www.theatredusaulerieur.ch/