Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Laure Antoinette Malivert: le retour d'une auteure oubliée

laure1_couleur.jpgRedécouverte d’une œuvre! La revue littéraire Coaltar consacre son dernier numéro à une écrivaine oubliée. Et qui n’est pas sans rapport avec Genève, puisqu’elle a vécu plus de dix ans dans une villa de Conches, où elle est morte en 1919.

Petite biographie: Laure Antoinette Duparc est née à Lyon en 1853 dans une famille de drapiers. Très vite, elle s’intéresse à la littérature et tranche sur son milieu bourgeois. Sa famille, pour la calmer, lui fait épouser Charles Malivert, banquier plus âgé qu’elle et qui travaille avec la Suisse.

La jeune femme découvre ainsi ce pays. Elle fait de fréquents séjours sur la Riviera, dans les bains de Champel, Loèche ou Évian, par plaisir ou pour soigner ses nerfs.

C’est à Montreux, à 21 ans, qu’elle fait la connaissance de Robert Caze, un auteur français, qui a fui Paris après la Commune. Il enseigne la littérature française et l'histoire à l'Ecole cantonale de Porrentruy, écrit pour des journaux de Delémont.

Cette rencontre provoque l’éveil littéraire de la jeune femme. Les deux écrivains restent liés jusqu’à la mort de Caze, tué en duel en 1886. Puis Laure Antoinette Malivert, établie à Paris avec son mari, ouvre un salon qui s’intéressera vite aux questions liées à l’émancipation de la femme. Enfin, en 1907, veuve et aspirant au calme, elle s’installe à Conches.

L’étonnant est que cette femme, qui a toujours écrit, dont l’œuvre est étonnante (on en a des exemples dans Coaltar), n’a publié qu’une nouvelle, et traduite en espagnol encore. Elle a paru dans une revue argentine, El Mercurio de América, en 1898.

C’est grâce à un Argentin, d’ailleurs, qu’on reparle d’elle. Un universitaire, Antonio Caula, auteur d’une thèse sur « La Commune de Paris et les écrivains », a reçu en 2008 une bourse pour une recherche sur Robert Caze. A Genève, il a découvert les écrits de Laure Antoinette Malivert et a contacté la revue Coaltar pour lui proposer un numéro sur cette écrivaine emblématique de la question féminine au XIXème et de la place de la femme dans le milieu des lettres.

On trouve dans Coaltar des extraits de l’œuvre, une biographie, ainsi que des analyses de Philippe Renaud, Marina Salzman, ou Céline Cerny, qui s’intéressent à la forme des contes, aux figures féminines dans les textes ou au contenu social de l’œuvre de cette écrivaine.

Une écrivaine « trop originale, trop différente, trop multiple, trop libre », dit l’éditorial de la revue. A découvrir sur http://www.coaltar.net/

 

Commentaires

  • Ou alors trop impliquée dans des questions sociales sans pouvoir sortir d'un questionnement purement intellectuel? C'est ce dont donnent l'impression ceux qui parlent d'elle: de s'intéresser essentiellement à la question de la place des femmes dans les milieux littéraires. C'est un peu, malheureusement, comme si je parlais de Jacques Replat en ne m'interrogeant que sur la place des Savoyards dans les milieux littéraires francophones. Une étude globale sur la place des femmes peut être intéressante, mais la figure emblématique, à cet égard, c'est George Sand, ou alors, Mme de Staël, si on veut parler de la Suisse romande. Je ne saisis pas quel intérêt proprement littéraire a l'oeuvre de cette dame, non qu'elle n'en ait pas, mais que je ne vois pas où c'est dit.

  • Nice information!!!!

  • Il y a maldonne. Il me semble que le choix des extraits de Laure Antoinette Malivert sur coaltar n’est pas tant lié à la « question de la place des femmes dans les milieux littéraires » qu’à celle, plus simplement, de leur place dans la littérature.
    Le thème peut-être est récurrent, ça ne l’empêche pas d’être essentiel. Mettons, pour faire bref, que la place des Savoyards ou des Corses ou des Romands, ad libitum, dans la littérature n’a pas le moindre rapport avec celle des femmes. Dans un cas, c’est l’histoire du déni de la moitié du genre humain qui est en cause, dans l’autre celle d’une minorité (géographique ? linguistique ? culinaire ?). Plus bref encore, on peut supprimer l’adjectif « savoyard » sans grand dommage pour eux ni pour l’humanité, alors que supprimer la femme (en quelque sorte comme substantif) compromettrait sérieusement la perpétuation de l’espèce, par exemple.
    « Figures emblématiques » : ça va, ça vient, Mme de Staël, Corinna Bille, il y a en aura d’autres, c’est le sort des emblèmes. Que L.-A. Malivert le soit une semaine durant ne va pas détourner le cours du Rhône.
    Enfin : l’intérêt littéraire. Dans ce domaine, on ne convainc jamais personne. Je me contente de remarquer un sens du raccourci — même s’il suit de longs développements — qui n’est pas si fréquent à l’époque, par exemple ce « Léonore plongea » qui clôt La Tache.

  • Mais même si cette dame pose des questions par exemple sur la spécifité de l'éciture féminine, il est évident que si on se pose la question d'une façon globale, on prendra des figures plus emblématiques et déjà connues et reconnues. Si on veut faire connaître la création d'une femme inconnue, à mon avis, il sera difficile de convaincre que cette création est intéressante en mettant en avant qu'à l'origine se trouve une femme. L'essence de la littérature, d'un point de vue qualitatif, n'est certainement pas dans le fait d'être de telle ou telle ethnie, mais je ne pense pas que ce soit non plus dans le fait d'appartenir à tel ou tel sexe. Je ne pense pas non plus que pour ce qui est de l'intérêt littéraire, on ne convainc jamais personne. En fait, on ne sait pas vraiment quel genre de textes écrivait cette dame évoquée ci-dessus.

  • D’accord, mais le problème est que les emblèmes ne signalent qu’eux-mêmes et, en l’occurrence, Malivert est plus un exemple qu’un emblème. A s’en tenir aux figures tutélaires, on tourne en rond et réitérer sur Mme de Staël tiendrait d’une pathologie de la circularité.
    Cela étant, je n’aimerais pas lire une revue dont cette question, l’« écriture féminine », serait le cadre de référence. J’ai cru comprendre qu’il s’agit d’un « numéro spécial » et j’attends de voir.
    Ce qui nous mène au « genre de textes » qu’elle écrivait. M’est avis que son inspiration réside en partie dans ce qu’elle dit des Goncourt, de Barbey ou de Zola : on ne choisit pas son époque. Dans les nouvelles (et dans les journaux), le côté gothique est assez prononcé, certains passages dont décidément originaux par les raccourcis.
    Et je ne pense pas (je n’espère pas) que ceux qui ont publié ces extraits entendent faire de L. Malivert un génie méconnu enfin découvert.

  • Je suppose que pour connaître la qualité littéraire d'un texte, le mieux est de le lire d'abord. Après, bien que cette qualité ne fasse aucun doute pour moi (je l'avoue: j'ai tout lu!), il est toujours intéressant d'en discuter, preuves à l'appui. Par ailleurs, le fait de rappeler qu'une personne qui écrit est d'abord un corps, (qui donc possède un genre et se trouve à "participer" à la vie d'une société dans une époque donnée),cela me semble pouvoir donner un cadre et certains enjeux à la lecture. Nous n'en sommes plus, je crois, à l'époque où les textes étaient considérés comme des monades!

  • La personne qui écrit est AUSSI un corps, pas D’ABORD.
    Le corps a un genre, il a d’autres choses, dont le cerveau, dont j’ignore le genre à moins qu’il ne soit déterminé (ou qu’il ne détermine) le reste du corps.
    (Le verbe « déterminer », il vaudrait d’ailleurs mieux l’éviter, pour ce soir ça ira.)
    Et oui : le genre, où qu’il soit si j’ose, est de première importance, reste à voir en quoi (le style ? le ton ? la voix ? le sujet de la narration ? l'objet du salariat ?).
    Je crains que beaucoup de textes, et particulièrement les « grands classiques », ne soient encore considérés comme des monades. Il y a le pour et le contre : ils échappent à Sainte-Beuve, c’est le pour, ils échappent au corps (entre autres, cf. supra), c’est le contre.

  • Sur le site, néanmoins, je n'ai pas vu de présentation de quelqu'un qui, ayant aimé les écrits de la dame, parvienne à dire pourquoi. On peut trouver qu'une écriture est très féminine et que ce soit juste une constatation, et pas un compliment à proprement parler. A mon avis, quand on publie des textes, c'est qu'on les aime.

  • Alléché par vos comms, je suis allé voir, et je dois dire que les textes de la dame m'ont paru beaux et intéressants.

  • Salut, merci pour ce super post ;)

Les commentaires sont fermés.