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La loi de la jungle, vue par Eric Felley

Par Alain Bagnoud

felley.jpgOh, comme ils ont dû être déçus, ses collègues journalistes, quand ils ont lu le livre d'Eric Felley. Sans doute attendaient-ils des révélations croustillantes. Des portraits au vitriol. Des flinguages de sniper embusqué. Un journal de campagne à tout le moins.

Mais non, rien de tout ça. Ce livre doux-amer est subjectif, pas du tout journalistique. Il fait une grande place au je, récolte des impressions, s'attache aux ambiances... Bref, il se place résolument du côté de la littérature plutôt que du reportage.

Eric Felley, c'est ce journaliste qui s'est lancé dans la campagne politique pour l'élection au Conseil d'Etat valaisan. Il a décidé de le faire après l'éviction de Christophe Darbellay, un ami de Felley, expulsé de la candidature par les caciques conservateurs du canton. Du coup, Felley s'est jeté à l'eau et son employeur l'a viré.

Sans parti, sans programme, avec pour seule volonté d'animer en trublion une élection jouée d'avance, Felley ne constituait pourtant pas une menace pour l'establishment. Il évoque dans son livre un système opaque, clanique, où toutes les décisions sont prises par un petit cénacle. C'est ce qu'il voulait mettre à jour, sinon bousculer. Avec quelques questions intéressantes à la clé. La bonne volonté et le pragmatisme suffisent-ils pour faire de la politique? Est-il nécessaire d'avoir un programme? (Si je me souviens bien, l'ami Darbellay refusait de présenter le sien avant sa première élection au Conseil national, de peur que celui-ci lui fasse perdre des voix! Il a donc été élu grâce à son clan et à ses connexions seulement. Et Felley, qui condamne ce système tribal, roule pour Darbellay! Bizarre contradiction...)

La loi de la jungle trace aussi quelques portraits de Valaisannes et Valaisans, réels ou fantasmés, et tourne surtout autour du candidat Felley, de ses états d'âme et de ses rencontres.

J'ai aimé ce petit livre nostalgique et désenchanté qui donne au Valais une ambiance de conte crépusculaire. Il m'est arrivé par la poste, sans que je l'aie commandé, avec un bulletin de versement. C'est une menée classique des écrivains qui font du compte d'auteur. Ce que Felley ne cache pas. Voyez le nom de sa maison d'édition qui ne cherche pas à tromper le chaland avec des Baudelaire par ci ou des Bénévent par là. D'ordinaire, je n'aime pas beaucoup le procédé. Mais j'ai feuilleté le livre et finalement, je l'ai lu en entier.

Bien mieux, je l'ai payé!

C'est dire!

 

Eric Felley, La loi de la jungle, Editions de l'auteur

 

Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud

 

Commentaires

  • Je n'ai pas eu le privilège de recevoir le livre d'Eric Felley mais je ne comprends pas son parcours et surtout je n'arrive pas à saisir ses options politiques. Il est issu d'un milieu PDC qu'il ne renie pas du tout et qui le (et qu'il) sert bien quand il faut. Il joue les trublions mais il n'est qu'un amuseur au service des puissants du Valais. Enfin c'est mon avis!

  • Je réponds à magnifiquesun.

    Je ne suis pas un amuseur au service des puissants en Valais. D'ailleurs ils me le rendent bien. Dans ma campagne, j'ai toujours précisé que j'étais un indépendant, et que je défendais des valeurs comme la transparence des institutions et que j'ai insisté sur le développement des infrastructures (notamment internet), et le développement de la mobilité. Ce sont des thèmes simples, mais qui touchent tout le monde dans la vie de tous les jours et qui ne sont pas spécialement partisans. Les élections de mars 2009 ont été arrangées par les partis au Gouvernement. J'ai mis mon grain de sel dans cette mécanique pour voir ce qui allait se passer. Il y avait des opportunités pour changer les choses, mais cela ne s'est pas passé. Dommage pour cette fois. Mais je pense que la démocratie valaisanne a besoin d'être remise en question. Que ce soit par moi ou un autre, cela n'a pas d'importance. J'ai intitulé ma campagne L'Autre Valais. Il n'est pas majoritaire. Mais il existe. Même avec 10% de l'électorat.

    Meilleures salutations
    ef

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