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Simplifier le français


Par ANTONIN MOERI

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Professeur de sociolinguistique à l’université de Grenoble, Marinette Matthey vient de sortir aux éditions de l’Aire un livre très intéressant. Ce livre rassemble les chroniques que Marinette Matthey envoie chaque semaine au journal pipole “Le Matin” et une série d’articles parus dans diverses revues genre “L’Educateur” ou “Bulletin de la Haute École Pédagogique”.
L’auteur revendique clairement cette posture à la frontière entre l’université et les médias, d’abord parce qu’elle aime écrire et qu’elle préfère être lue par le plus grand nombre, ensuite et surtout parce que “les chercheurs en sciences humaines ont besoin d’atteindre le grand public depuis que le financement de la recherche est lié à la visibilité des résultats, autrement dit à leur reprise dans les médias”. Jean Kaempfer, prof à l’université de Lausanne, est du même avis en ce qui concerne la recherche dite littéraire.
Que ce soit à propos de la féminisation des noms de titre ou de fonction, de la droite décomplexée, des gros mots de Fadela Amara, des termes en -isme, de la langue comme condition d’intégration, de l’enseignement de l’orthographe dans les écoles publiques, du savoir populaire, de l’étymologie de certaines expressions, du langage SMS ou des langages suisses romands, Marinette Matthey se montre agile (souci didactique tout en parlant au lecteur de manière claire et détendue), exigeante, parfois cocasse, compréhensive, subtile, convaincante. Son rapport à la langue française (que Céline qualifiait d’impériale) est fait de distance, de réflexion, d’attirance, de tendresse. On sent que l’auteur aime cette langue. Elle pense que sa syntaxe et son orthographe devraient être simplifiées pour que chacune et chacun puisse se l’approprier à moindre coût. C’est sans doute ce “moindre coût” qui déterminera, dans les années à venir, l’évolution d’une langue qu’on ne peut plus réserver aux héritiers ni figer dans un irrespirable carcan.
Ce rapport à la langue implique une prise de position sur l’échiquier politique (les allusions à Rocard, Meirieu, Nina Catach et Ségolène Royal l’expriment clairement). Rapport à la langue exactement opposé à celui d’un Renaud Camus pour qui la soumission aux lois du langage et le respect des nuances syntaxiques sont une manière de réserver un espace à l’Autre. Peut-être Renaud Camus s’intéresse-t-il davantage à la langue pour elle-même (encore que...) et que Marinette Matthey s’intéresse davantage aux “gens qui parlent” (encore que...).

Une dernière chose. Le préambule m'a touché. Les saisonniers qui parlent l'italien dans l'immeuble où grandit la petite Marinette. Eclats de voix. Rires.  Buongiorno. Porca miseria! Première prise de conscience. L'ordre de la langue n'est pas celui des choses. Les mots-souvenirs dans le cercle familial. La lecture qui devient une addiction, et puis l'université. C'est raconté avec pudeur, sans effets oratoires. On interroge ses racines, si j'ose dire. Histoire d'une fillette qui a retroussé ses manches, qui construira une vie à elle, alors que le papa aurait tellement voulu un garçon.

 

Commentaires

  • Attention aux comparaisons hasardeuses! Camus, comme Céline, sont des écrivains, et de haute stature. La prose de Marinette Matthey, à juger par les papiers publiés dans le Matin dimanche, est sympathique, légère, superficielle - tout à fait journalistique, donc. C'est celle d'un écriveur, ou d'un écrivant. Non d'un écrivain, pour qui le souci de la langue est primordial, et absolument jaloux.
    Mais, à propos, de quoi parle son livre?!

  • Il parle d'elle, de son enfance, comme un succédané d'"Enfance" de Sarraute ou "La PLace" d'Ernaux. Des livres de premières de la classe, en quelque sorte.

    Je n'ai pas compris en quoi le langage italien montrait que l'ordre de la langue n'était pas celui des choses. A mon avis, c'est une réflexion typique de fonctionnaire, qui s'imagine que les choses, c'est l'Etat. En l'occurrence, qu'on parle italien en France, cela prouve que c'est la Constutition qui est théorique: le problème est seulement politique. La langue, ce sont des verbes qui désignent des actions, avec des sujets qui les effectuent et des objets qui les subissent, et c'est dire que la langue est le reflet fidèle de la vie. Car qu'est-ce que c'est d'autre, la vie? L'italien est autant un tel reflet fidèle que le français. Avoir des réflexions métaphyisiques sur la langue à partir de considérations purement politiques, c'est aussi typique des fonctionnaires, à mon avis. Franchement, Antonin, ce livre, tel que vous en parlez, ressemble au millionnième livre sentimental d'une professeure fonctionnaire qui pense avoir quelque chose à dire quand elle parle d'elle-même. Elle veut être aimée pour son intelligence, sans doute.

  • "Elle pense que sa syntaxe et son orthographe devraient être simplifiées pour que chacune et chacun puisse se l’approprier à moindre coût. C’est sans doute ce “moindre coût” qui déterminera, dans les années à venir, l’évolution d’une langue qu’on ne peut plus réserver aux héritiers ni figer dans un irrespirable carcan."

    A-t-on déjà pensé à simplifier les mathématiques pour que chacun puisse se les approprier? Non, on ne touche pas aux choses sérieuses, même s'il y a des gens qui ne savent pas compter. Mais en ce qui concerne la langue, chacun peut y aller de son discours démagogique, émotionnel et simpliste qui consiste à intéresser davantage "aux gens" qu'à la langue "pour elle-même".

  • Cher JMO,

    où vois-tu une quelconque comparaison entre Céline et Marinette? A aucun moment, une telle idée pourrait traverser mon esprit. Tu sais en quelle estime je tiens les livres de Céline. Il fait partie de mes auteurs fétiches. C'est dire si je connais bien sa prose qui n'a effectivement strictement rien de journalistique. Pour ce qui est du livre de Marinette, les choses sont on ne peut plus claires. Elle ne se considère absolument pas comme une autrice ou écrivaine ou que sais-je encore. Elle est d'avis que la capacité à décrire, à raconter, à expliciter pour convaincre font partie des compétences du bon scientifique. CQFD
    Ce que je voulais dire en parlant du préambule que Moret lui a demandé d'écrire, c'est qu'il y avait là-dedans autre chose que de simples énoncés, qu'il y avait une voix que je ne connaissais pas, plus sensible, qui me parlait doucement des origines de MM. Cette petite évocation m'a touché. Voilà. C'est tout.

  • A mon avis, Antonin, il viendra bientôt un temps où, pour toucher, parler de son enfance dans des quartiers bigarrés ne sera plus suffisant, car cela a été fait un milliard de fois. Le pire est encore quand on pense pouvoir comprendre quelque chose de totalement nouveau sur le langage à partir de cette expérience qui date de la tour de Babel. Enfin, c'est mon avis.

    Pour ce qui est de simplifier la langue, on voit bien, c'est sûr, que Marinette est plus fonctionnaire qu'écrivain, car l'écrivain demande à ce qu'il puisse compliquer ou simplifier la langue à volonté, et non quand cela a été décrété par des professeurs d'Université. Je ne sais pas qui empêche Marinette de simplifier son orthographe et sa syntaxe, si elle en a envie.

    Cela dit, la dictature de l'orthographe étymologique, ou des usages détaillés et spéciaux, je suis également contre. L'idée par exemple que "Paris" est masculin est toutes les autres villes féminines est complètement ridicule et arbitraire: Annecy est masculin dans l'usage depuis le Moyen Âge et les exceptions réservées à Paris sont politiquement indéfendables. Pour l'orthographe étymologique, les grammairiens savoyards tel Philbert Monet, ou cet autre Savoyard qu'était Castellion pratiquaient - et défendaient -, comme on le faisait au XIIe siècle, l'écriture phonétique, et ils avaient bien raison. Bossuet voulait ramener l'ancêtre latin dans le français, et il avait tort: cela alourdit et la langue, et l'esprit de ceux qui la parlent. Seulement, l'écriture phonétique varie selon les individus ou les régions, et il faut commencer par proposer plus de liberté vis à vis de la langue. Or, l'Etat est omnipotent, en ce qui concerne celle-ci, et au lieu de demander à ce que cela change, Marinette propose que l'Etat crée une koïné simplifiée qu'il assumera de nouveau totalement et d'une façon omnipotente. Cela me paraît incohérent.

    L'échec de Meirieu est d'ailleurs de s'être servi de l'Etat pour développer l'individu: c'est contradictoire à la base. L'individu préexiste à l'Etat, ou il n'est pas.

  • Rémi,
    je trouve votre propos très sévère: le livre d'une fonctionnaire qui veut être aimée pour son intelligence. Je ne connais pas assez MM pour vous répondre. Pour ce qui est des sonorités de la langue italienne, j'ai mal ordonné les choses. J'ai résumé en un petit paragraphe le préambule que l'éditeur à commandé à MM. Il y est question d'un immeuble où habitait la gosse, future linguiste. Elle entendait les gens parler fort et le fait d'entendre des sons autres référant à quelque chose qu'elle ne connaissait pas a beaucoup intrigué l'enfant MM. L'actuelle MM pense que ce fut là une première sensation, de celles qui l'ont conduite sur le chemin de la recherche socio-linguistique.

  • Je suis du même avis que Inma Abbet. C'est justement dans la difficulté de la langue française que réside la beauté de celle-ci. Vouloir la simplifier, c'est désirer l'enlaidir.

  • Je suis parfaitement d'accord avec vous, Kissa. Plus le sujet maîtrisera la langue française dans ses nuances syntaxiques et lexicales, plus le monde s'agrandira à ses yeux, à ses oreilles, à son âme, à son imagination. Mais apprendre l'orthographe et la grammaire à des petits sujets impatients d'obtenir le dernier I-phone semble, aux responsables scolaires, très superflu. De plus, cela coûte énormément d'argent à la collectivité. Et le client veut de l'utile. A quoi ça sert? est la question récurrente dans les cycles d'orientation. Un rapport basé sur le symbolique n'est plus tendance. Vous savez bien que la tendance est à un désengagement des Etats. Par conséquent...

  • Enfin, c'est sûr que les problèmes de dyslexie sont en partie dus à une orthographe arbitraire et ne collant pas assez à la prononciation, et à l'élitisme issu de Bossuet, c'est à dire à une volonté de rattacher visuellement le français à des langues antiques à l'origine plus prestigieuses. C'est complètement dépassé, y compris dans les cercles cultivés, où on ne pense plus que le latin ait été supérieur au français. La vérité est ici qu'un noyau de conservateurs bossuétistes a bien pris la place de la volonté générale, dont je suis persuadé qu'elle est favorable à ce que l'orthographe colle davantage à la prononciation.

    Pour la grammaire, le despotisme d'un bon usage théorique contre l'usage réel aurait fait bondir jusqu'à Vaugelas, qui était favorable à l'usage réel contre l'usage idéal. Et c'est sûr qu'on ne va pas libéraliser la langue avant plusieurs siècles. On peut proposer des réformes d'Etat tout de suite.

    Sinon, honnêtement, dire qu'on est devenu linguiste parce qu'on a entendu parler italien quand on était petit, je ne sais pas comment on peut prendre cela au sérieux. Une langue est un monde, et c'est un fait objectif: soit on y est sensible, soit non. La tentation de parler de soi sur le mode de Nathalie Sarraute et de faire dans le sentimentalisme me rend sévère parce que je trouve qu'ici, cela manque de cohérence: de fait, c'est le genre de livres que l'Education nationale conseille aux professeurs, et qui dans les faits n'intéressent guère les élèves (qui disent que pour raconter sa vie, il faut avoir vécu quelque chose d'exceptionnel). C'est qu'il ne suffit pas d'être d'une école de pensée.

    Au demeurant, je suis agacé également parce qu'en tant que professeur d'Université, Marinette n'a pas à enseigner la grammaire aux enfants: elle essaye donc de diriger ceux qui le font. Si elle veut qu'on respecte la libre inspiration des élèves en leur donnant des instruments simplifiés, pourquoi essaye-t-elle de diriger les enseignants qui sont face aux élèves? Cela aussi est incohérent. Qu'elle échange sa place avec la leur, si elle en sait autant. Sinon, qu'elle se pose des questions sur ce qu'elle doit enseigner à ses étudiants, et qu'elle laisse les professeurs de Collège faire eux-mêmes leurs programmes. Qu'ont-ils de moins qu'elle? C'est aussi cela, qui ne va pas: les élèves des collèges ont toujours l'impression d'être face à des sous-fifres. Leurs professeurs n'ont pas assez de pouvoir de décision. Du coup, simple ou compliquée, la grammaire qu'ils enseignent en suivant les directives de gens comme Marinette ne les enthousiasme pas, parce qu'elle n'est pas rendue vivante par de simples exécutants.

  • Ce genre de livres: "Enfance", de N. Sarraute, ou "La Place", d'Ernaux.

  • Je n'ai pas lu La Place d'Annie Ernaux. Par contre, je garde un très beau souvenir d'Enfance. Ce livre de Sarraute m'avait beaucoup touché. Je me souviens de deux voix. L'une étant une sorte de... de l'autre. Enfin, je trouvais la chose très réussie. Mais il faudrait que je la relise. Quant au rôle de Marinette dans l'Education helvétique, je ne le connais pas bien. Il faudra que je lui pose la question quand je la rencontrerai le 12 juin. Le problème des penseurs de la pédagogie reste entier. Ils ne sont pas sur le terrain. Mais il arrive que leurs conseils soient utiles. Je me souviens par exemple d'un cours donné par une dame universitaire spécialisée dans les fables de la Fontaine, elle avait parlé des points de vue. Ce qu'elle illustrait avec des bandes dessinées très originales. Ce qui m'avait donné des idées. Enfin, quelques idées pour occuper l'espace pédagogique quelque temps. Car il faut constamment renouveler le stock. Les choses s'épuisent aussi rapidement que le déo X ou le stick H. C'est une course en avant épuisante, une urgence de tous les instants qui a effacé toute forme d'humour ou d'ironie.
    Bonne nuit et bon courage pour la suite. Je viens de passer un moment sur une terrasse. Les conversations tournent toutes autour de la voiture, du pétrole, de l'argent. Et avec quel aplomb les gens évoquent ces problèmes de premier ordre. Une assurance époustouflante.Pas l'ombre d'un doute ou d'une hésitation. Sans parler de la louange constante du monde tel qu'il est ou va.
    Buona notte.

  • Oui, "Enfance" est très bien écrit. Mais il y a quand même le syndrome propre à une tradition qui pense pouvoir faire de beaux livres sans avoir de sujet réel. Ensuite, on stigmatise en faisant remarquer que les écrivains français se regardent beaucoup le nombril. Et de fait, penser qu'on s'est intéressé aux langues non parce que le sujet est intéressant en soi, mais parce qu'on a vécu ceci ou cela en rapport avec ce sujet, c'est un peu nombriliste, à mon avis. Moi, je dis que les langues m'ont intéressé simplement parce que c'est passionnant, et qu'un jour, je m'en suis rendu compte.

    Sinon, les lois sur l'orthographe et la grammaire sont promulguées à Paris, et je ne pense pas que Marinette l'ignore. Mais moi, je pense que pour faire ces lois, il faut consulter non pas les plus diplômés dans l'abstrait, ou les plus gradés, mais ceux qui concrètement les enseignent aux élèves, qu'ils soient gradés ou non. Il faut consulter la base, et je suis persuadé que cette idée correspond à la ligne politique de Marinette. Seulement, en parlant des jeunes, elle pense à ceux qui sont devant des collègues en général moins gradés, et donc, elle parle à la place de ceux-ci, de façon très illogique, à mon avis. Cela me paraît en fait relever de la démagogie, ce qu'elle a dit de la question.

    Mais bonne journée aussi, Antonin. Je suis d'accord que les conseils sont utiles, mais les professeurs d'Université sont un peu comme les riches: ils en donnent quand on ne leur en demande pas, aussi.

  • Je viens de céder à ma tentation périodique de me googler (c'est les vacances), et je tombe sur cette critique d'Antonin. Pas de mystère, on se connait, pas très bien, mais on se croise depuis 23 ans, cela suffit pour créer une certaine connivence. ET comme j'ai invité Antonin pour une émission de radio, et que je lui ai envoyé mon livre, c'est pour cela quîl en a parlé!
    M. Rémi Mogenet, j'entends vos critiques. Et je pense que vous avez lu le livre! Aucune prétention littéraire dans ce bouquin, juste une revendication: je sais écrire pour simplifier des choses réputées compliquées. L'exercice de l'autobiographie langagière est en revanche totalement nouveau pour moi. Comme je l'explique a début, j'ai essayé de me souvenir de mes plus anciennes réflexions sur la langue au travers d'un certain nombre d'anecdotes. Mes proches (non linguistes) ont bien apprécié, certains de mes collègues aussi, d'autres ont trouvé ça nul. En revanche, les chroniques et autres écrits "grand public" sont en général appréciés des de mes collègues et des enseignants de langue.
    Comme le dit très bien Antonin, je pense que les fonctionnaires universitaires en sciences humaines et sociales ont tout intérêt à élargir leur réseaux de lecteurs, quitte à modifier profondément leur manière d'écrire. Quel est le rôle des sciences humaines si ce n'est de tendre un miroir aux humains qui se posent des questions sur leur comportement, leur manière de dire, de vivre, d'aimer, de jeter, etc.? En cela, les sciences humaines sont plus proches de la littérature que des sciences dites dures, dans lesquelles le discours est finalement moins important que la validité de la formalisation et/ou des tests statistiques. En tant que prof d'université ayant comme public des étudiants dont une grande partie deviendront enseignants, je l'avoue, j'essaye de les influencer en direction de mes vues. Mais je ne le fais pas dans le vide: j'ai enseigné (remplacements) de la première primaire au secondaire 2, chose que la plupart des enseignants diplômés n'ont jamais fait! Et je pense que les enseignants ne sont pas des agents de l'Etat, mais des professionnels de la transmission. Désobéir aux consignes des inspecteurs et des méthodologues patentés me semblent un signe de santé! En tant que prof, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on est et ce qu'on sait, avec l'expérience que l'on a.
    Dernière remarque qui me touche, parce que particulièrement bien vue: oui, j'aime qu'on m'aime pour mon intelligence. J'espère que c'est pas un crime (je précise que j'ai un cul parfaitement aimable, également!).
    Merci Antonin pour cette lecture et cette critique de mon livre!

  • ah! Marinette ! C'est un plaisir de vous lire ! Rafraîchissant, vécu, pas snob pour un sou , et tellement vrai !!
    Que vous soyez aussi reconnue comme prof d'université est très encourageant , et permet de supporter certaines critiques trop ...universitaires ...
    Je pense que la langue évolue sans arrêt, et que nous serions bien embarrassés, (linguistes compris), si nous devions écrire ou parler couramment comme au douzième siècle !
    ET SI simplifier signifie donner à la plupart des gens la possibilité de s'exprimer , je suis pour ! pourquoi leur refuser cette possibilité , sous la raison discutable qu'ils ignorent les pièges de l'orthographe ???

    C'est un peu comme si on avait interdit aux troubadours de chanter , à certains poètes de chanter leurs chansons ...Combien de ballades, d'écrivains, de poètes aurions-nous perdus ?( certains dits "maudits" ont été reconnus ensuite et même encensés ! alors que de parfaits linguistes sont tombés dans l'oubli !))

    Mais qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit : je trouve qu'une bonne orthographe est un PLUS ! C'est aussi une forme de politesse ...Raison de plus pour faciliter l'apprentissage à ceux qui retiennent moins bien les subtilités de la grammaire !

    J'adore ( restons sérieux! j'aime beaucoup , beaucoup !) :
    "Désobéir aux consignes des inspecteurs et des méthodologues patentés me semble un signe de santé ".... Bien vu aussi pour la phrase qui suit !
    J'aime aussi votre pointe d'humour , à la fin !!!

    Pour terminer : combien d'universitaires, de grammairiens, peuvent se targuer de n'avoir JAMAIS fait de fautes ???

  • Merci pour ce commentaire bien sympa.
    Pour l'orthographe: c'est plus qu'un plus. C'est une technique qu'il faut maitriser pour bcp de métiers, mais il est impossible de la maitriser complètement: les fautes sont inévitables et elles gênaient bcp moins lorsque l'orthographe n'était pas encore le capital culturel jalousement défendu par les profs (cf. les travaux d'André Chervel).
    Et autre remarque pendant que j'y suis. Réflexion qui m'est venue en entendant un auteur dont j'ignore le nom sur Espace 2 hier. Il disait que ce qui fait la marque d'un grand auteur, c'est qu'on n'entend plus "sa voix" dans ce qu'il écrit, on n'entend plus que la langue, le style. Je suis parfaitement d'accord avec ça. Et jamais, au grand jamais, je n'aurais la prétention de dire que la partie autobiographique de mon livre relève de la littérature. "On t'entend parler" m'ont dit plusieurs personnes après avoir lu le livre. C'est donc bien que ce n'est pas de la littérature! Mais ce n'est pas non plus une "prose légère et facile de première de classe" comme le juge Rémy Mogenet, parce que je l'ai vraiment travaillée, cette bio! (nombreuses réécritures). Je revendique une conception artisanale et non artistique de l'écriture: c'est déjà pas mal, et je suis incapable de faire davantage, par manque d'envie, tout simplement.

  • Marinette, je n'avais pas vu cette réponse de votre part, avant qu'Alain Bagnoud n'y renvoie.

    Je n'ai pas lu votre livre, et me fie à Antonin (et Alain), qui sont de bons lecteurs et très honnêtes.

    Personnellement, je pense que les enseignants ne sont pas des transmetteurs, mais des enseignants, c'est à dire qu'ils enseignent les connaissances qui leur sont propres, individuellement, selon un programme déterminé par des Inspecteurs généraux, et une pédagogie qui en principe les regarde. Je suis d'accord pour dire qu'ils ne sont pas fonctionnaires avant tout, mais pour moi, cela veut dire qu'ils sont avant tout professeurs, et qu'en tout cas, ils ne doivent pas transmettre sans regard critique ce que les professeurs même plus gradés qu'eux (leurs "aînés") leur ont enseigné au préalable. Sinon, il n'y a plus de progrès possible, dans la connaissance. Et je ne pense pas que les possibilités de progrès doivent être rsérvées à l'Université, ou à certains grades. Je m'oppose à l'élitisme. Je crois que le progrès peut venir de n'importe qui et de n'importe où, même d'un point très obscur, même du point le plus bas ou le plus excentré du peuple des professeurs. Bref, je ne pense pas que l'on doive chercher à "influencer" ses étudiants pour qu'ils aillent dans un sens qu'on croit juste. Si on les influence, tant mieux; mais cela ne doit pas être un objectif. Je pense qu'il faut surtout chercher à enseigner de façon vivante et enthousiasmante un contenu.

    Sinon, naturellement, il est très bon d'essayer d'être accessible à tous, et normal de vouloir être aimée pour son intelligence, et plutôt bizarre (à mon avis) de chercher à l'être pour un derrière que la nature a donné, et auquel on ne peut pas grand-chose, sauf en usant d'artifices. Mais ma vanité, à moi-même, est flattée, quand mon derrière plaît. Heureusement, cela n'arrive jamais.

    Sinon, on peut raconter sa vie, mais personnellement, je maintiens que le langage est passionnant en soi, et que soit on s'en rend compte, soit non, mais que cela n'a rien à voir avec le fait d'avoir entendu de l'italien durant l'enfance: je pense que cela vient de plus loin.

  • Erratum: réSErvées.

  • Je comprends bien que vous n'ayez pas envie de dépenser 30.- pour mon livre, mais si vous voulez comprendre cette histoire d'italien, vous devez vraiment lire ce que j'ai écrit! Donnez-moi une adresse mail, je vous envoie la partie biographique du bouquin.
    Pour le reste, je suis parfaitement d'accord avec vous: les professeurs d'université ne sont pas au sommet de la pyramide des savoirs. Pour tout dire, certain sont même carrément à côté de la plaque. Il n'en reste pas moins que l'université est encore (mais pour combien de temps?) un endroit de liberté dans lequel on est payé pour lire, parler, discuter et penser autour de notions abstraites qui, parfois, nous aident à penser le monde (mais parfois aussi à l'emberlificoter). C'est ça que j'aime dans l'université. Par ailleurs, vous semblez tiquer sur les mots "transmission" et "influence". Ne croyez-vous pas que la transmission des connaissances, des valeurs, et des mythes divers, par les plus âgés en direction des plus jeunes est un des signes tangibles de la culture (au sens anthropologique du terme, donc)? Et concernant l'influence... J'aimerais ne pas essayer d'influencer mes étudiants, mais c'est très difficile. Quand on est passionné par quelque chose, par une façon de voir (par exemple "la langue"), on a envie de convaincre l'auditoire de la justesse de ses vues. C'est humain, non?
    Le passage sur votre derrière m'a bien fait rigoler!

  • Marinette, qu'on ait la tentation d'essayer d'imposer son point de vue au lieu simplement d''exposer ce qu'on croit être vrai existe, bien sûr, mais il y a une différence entre y céder et en faire un principe pédagogique. Mais je suis content de voir que vous n'en faites pas, justement, un principe.

    La culture est bien liée à une transmission, mais c'est comme tout ce qu'on transmet: cela peut être bon (les beaux derrières eux-mêmes sont souvent héréditaires), ou mauvais (les idées même mauvaises - par exemple, le mépris d'une communauté voisine et rivale - se transmettent fréquemment aux repas de famille). Or, je ne crois pas qu'il s'agisse pour un professeur de transmettre la "culture nationale" sans essayer de l'améliorer, en transmettant ce qui est bon et mauvais indifféremment. Et vous non plus, je pense, puisqu'en France, le culte de l'orthographe fait partie de la culture, et pourtant, vous le combattez. Je suppose que vous ne prônez pas, parallèlement, la transmission telle quelle de la pensée de Bourdieu ou de l'école à laquelle il appartenait, sans examen critique. De fait, il y a bien eu des Etats qui ont placé cette école de pensée dans leur culture nationale, et il n'y a donc pas de différence avec ce que vous combattez, de ce point de vue. Vous défendez ce que vous croyez juste, pour essayer d'améliorer la culture ambiante, et faire progresser les choses. Il ne s'agit donc pas de transmission, mais bien d'enseignement.

    Certes, un Collège a la tâche difficile d'administrer des mineurs pendant que leurs parents sont ailleurs, et donc, l'esprit d'un professeur de Collège n'est pas seulement occupé par les problèmes d'ordre intellectuel. Mais dans la mesure où il l'est, il n'a pas de raison de ne pas repenser par lui-même l'enseignement qu'il a reçu, et de désirer restituer mécaniquement, comme une machine, la culture des "aînés".

    Sinon, pour mon adresse électronique, je ne la donne pas ici, car si on le fait, on reçoit ensuite un tas de "spams". Mais vous pourriez laisser un message sur mon blog (cliquer sur "rm" ci-dessous), et votre adresse apparaîtra dans l'interface. Ensuite, je vous écrirai.

    Cela dit, vous pouvez contester ici-même la façon dont Antonin Moeri a restitué cette expérience de l'italien entendu dans l'enfance, si vous pensez qu'il l'a fait imparfaitement.

  • Personne ne pourrait se vanter de n'avoir jamais fait de fautes, et c'est là l'intérêt de la chose.

    De pouvoir s'améliorer, encore et encore, regarder nos erreurs, et tenter de ne plus les reproduire dans le futur.

    Il en va de même pour la vie en général. Il faudrait être assez stupide pour s'entêter à continuer ses propres erreurs dans le futur.

    C'est la même chose pour l'orthographe Française.

    Je trouve ça assez affligeant d'avoir l'idée d'une " Simplification d'une langue "

    Surtout de la part des Français, et envers le Français...

    Le Français est une langue réputée dans le monde pour être difficile, complexe, pas accessible à tous, car trop d'efforts à fournir pour la " maitriser "

    Vouloir la simplifier, reviendrai à vouloir effacer toute l'histoire derrière cette langue magnifique, pour la transformer en simple et vulgaire outil de marchandage commercial.

    C'est dégoutant, cette idée me révulse au plus haut point, et je n'ai que 20 ans.

    La discrimination ? En voilà une nouveauté. Demandez aux Japonais de simplifier leurs langue parce que trop de gens ne peuvent la comprendre. Voyez ce qu'ils vont vous répondre.

    Vraiment je ne comprend pas une telle insolence envers un monument immatériel culturel et historique.

    C'est comme si on invitai tous les Français à venir cracher sur la Tour Eiffel, la tagguer ou la vandaliser.

    C'est incompréhensible, vraiment, je suis réellement choqué d'avoir entendu des propos comme quoi on voulait simplifier la langue.

    Comme on l'a dit plus haut, est ce que quelqu'un a eu l'idée de vouloir simplifier les Mathématiques ? Parce que personnellement, j'ai toujours eu du mal avec, et je ne suis pas le seul.

    Et pourtant, personne n'a eu l'idée. Ou plutôt, personne n'a eu l'audace de dire une telle chose. Pour la bonne et simple raison que les Mathématiques sont trop complexes pour être simplifiée.

    Par conséquent, il en va de même pour la langue Française, ainsi que toutes les autres langues au monde.


    Il faudrait que les Français se réveillent, et cessent de vivre dans un monde où l'aspect tristement " Commercial " de la vie a prit le dessus, une véritable emprise sur nos vies, qui nous rend incapable de penser par nous même, et nous obligent à accepter la pensée d'un dirigeant.

    Il semblerait que nous soyons dans un simulacre de dictature.

    Plus je m'intéresse à ce qu'il se passe en dehors de ma vie, et surtout celle de la France, moins j'ai envie de continuer.

    J'ai l'impression que les gens se foutent littéralement de ce qui pourrait arriver à leurs culture, à leurs pays, et ne cherchent qu'a " s'internationaliser " ; à devenir une sorte de masse impersonnelle, sans volonté, sans désirs, si ce n'est ceux soufflés par la publicité ;

    Voyez le succès de Facebook par exemple, l'ablation de notre vie privée.
    C'est tout simplement aberrant de constater ça, et plus particulièrement, d'en voir le succès.

    Si ceci n'est pas le signe du fait que les populations ne cherchent que la " Globalisation " de leurs propres vies ; D'une exhibition des valeurs de chacun, pour mieux les détruire par la suite, et ne devenir " qu'un "


    Alors la Tour De Babel n'était pas une légende, mais une prophétie, qui semble bien plus proche de voir le jour, avant ces bêtises de 2012...

  • Cher Nicolas M.,
    Puis-je vous demander d'aller regarder successivement quelques textes du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle pour voir comment l'orthographe évolue? VOus constaterez par vous-même qu'elle se simplifie mais que cette simplification s'arrête en chemin (au milieu du XVIIIe).
    L'orthographe n'est pas comparable aux pyramides ou à Notre-Dame. Elle est plutôt comme un bel outil qu'on aime perfectionner avec le temps et qui devient de plus en plus confortable pour l'utilisateur.
    Quant au mwthe de la tour de Babel, contrairement à la doxa qui y voit une malédiction, je préfère y voir le bons sens des gens qui ont l'esprit ouvert: il ne faut pas rester entre soi si l'on veut continuer de vivre.

  • Le langage se simplifie de lui même. Jusqu'où allons nous aller ?

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  • Débat intéressant. Je suis pour la chasse à l'exception dans un premier temps, s'attarder sur chaque règle et faire rentrer dans les clous les déviances. C'est un premier chantier colossal, mais qui sera une première étape pour bannir les raisons historiques au profit de la logique.

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