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Objet du désir

pierre_michon.jpgPAR ANTONIN MOERI


Il existe à Genève une librairie fréquentée par des étudiants. Dès qu’il me voit, un des vendeurs (garçon magnifique au regard clair, cheveux en bataille) me sourit. Un vrai sourire qui n’a strictement rien d’un sourire commercial. Nous échangeons des propos mordants. Je lui parle de Bounine, il me parle d’Alain Badiou. Il me dit qu’il possède une édition assez rare portant la signature et une dédicace de cet auteur. Je lui raconte quelques souvenirs de ma vie nocturne à Paris, d’une soirée à La Coupole en compagnie de Blin et de Beckett. Aujourd’hui, le fervent libraire me parle de Pierre Michon et, plus particulièrement, de « La Grande Beune ». Je lui dis que j’ai rencontré à Soleure un garçon qui avait écrit sa thèse sur cet auteur et que je n’ai jamais lu « Vies minuscules », malgré la recommandation d’Alain Bagnoud. « Vous devriez absolument lire La Grande Beune, c’est le nom d’une rivière qui coule à Castelnau ». J’observe le mouvement de ses lèvres, ses doigts fins posés sur le comptoir, son visage gracieusement penché. Je lui demande pourquoi il me parle de ce livre. « J’ai senti que je devais vous en parler ». C’est exactement le genre de parole qui suscite en moi le désir de lire. J’ai aussitôt acheté le petit livre de Michon. L’ai posé sur ma table. En première de couverture, « La perte de la virginité », de Gauguin et, sur la quatrième :  « Yvonne suscite chez le narrateur une convoitise brûlante et toutes les variations d’un émoi qu’il nous fait partager au rythme de sa phrase emportée comme un galop de rennes». Une convoitise brûlante : je ne pense pas que Michon eût employé cette image figée. Et s’il avait osé comparer sa phrase à un galop de rennes, personne ne lirait sa prose.

Commentaires

  • Vite, Antonin, courrons au Rameau d'Or pour les livres et les seuls vrais libraires qui nous restent…

  • Ja'i fait la même expérience que vous au Rameau d'Or alors que j'étais à la recherche d'un bouquin d'Alexandre Vialatte. Nous avons également parlé d'Antoine Blondin. Une telle disponibilité, une façon de vous conseiller sans vouloir vous prouver qu'il en sait plus que vous Honore ce beau métier de libraire. Fréquentons-la, faisons nos achats, nos cadeaux dans cette librairie. Il sera trop tard pour se plaindre quand un café Starboeuf ou un lounge branché aura repris le bail de cette arcade où il fait bon musarder.

  • Où est cette librairie, que nous nous y précipitions?

    Et puisque vous avez le goût du désir, permettez-moi de vous murmurer à l'oreille Isabel ROCHAT... pour le Conseil d'Etat.

  • Cher Jack,
    expliquez-moi un peu qui est Isabelle Rochat. Je ne connais strictement rien au monde politique genevois. Votre éclaircissement serait pour moi une manière d'y entrer, j'allais dire d'y pénétrer.
    Quant au Rameau d'Or, il se trouve Bd Georges Favon je crois, cette avenue qui mène de Plainpalais au Rhône.

  • Merci pour l'adresse de la librairie où je me rendrai très prochainement.
    Madame Rochat est à mes yeux une grande Dame responsable.
    Elle séduit par son intelligence, son action. Elle sait ne pas se donner aux politiciens ni par souci électoral, ni par jeu, alors qu'elle donne tout son temps profesisonnel à la gestion de Thônex, en sa qualité de maire, et des commissions dont elle a la charge.
    Pour le privé, elle a le sens des responsabilité, du sourire et de l'ouverture. Elle respire la générosité de ceux qui forment pour permettre à chacun de se développer.
    Je lui remettrai l'adresse de la librairie. Et comme je ne suis pas partisan, je vous laisse évidemment libre d'adhérer ou non à son parti.
    Moi, non partisan, je voterai pour elle qui incarne si bien la raison du coeur, la vertu du bon Prince.
    Merci encore pour l'adresse et que le Verbe fleurisse!

  • JACK

    Merci d'avoir aimablement répondu à ma question. Il en est une dernière que j'aimerais vous poser:dans quel parti oeuvre Madame Rochat que vous avez si bien présentée et qu'on aurait envie de rencontrer.
    Si c'est trop indiscret, vous laissez tomber, cela va de soi.
    Il y a un pas entre le verbe et le politique qui, parfois, est franchi. Je dois vous avouer mon inappétence pour le politique. C'est Flaubert qui, je crois, disait: La politique est sale.

  • Isabel ROCHAT est candidate au Conseil d'Etat de Genève. Elle est vice-présidente du parti libéral genevois.
    Je comprends votre inappétence. Isabel m'a recommendé la lecture d'un livre nommé "Nos enfants nous haïrons". Cette attention de sa part mérite la nôtre.
    Parce que la politique nous lasse par ses turpitudes nous pouvons décider d'abandonner ou de citer le nom de personnes qui paraissent fiables et au service des citoyens.
    Les mauvaises herbes ne m'ont point encore découragé des floraisons printannières.
    Bien à vous et merci encore pour la librairie!

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