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Sainte Amélie ne priez plus pour nous!

Par Pierre Béguin

 nothomb[1].jpgMoi, d’abord, je ne voulais pas. J’ai résisté. Longtemps. «Allez! Essaie celui-là, tu verras, c’est génial!» qu’on me répétait sans cesse. J’approuvais, pour avoir la paix. Plus tard: «Alors, tu l’as lu?» Je ne l’avais pas lu. Incompréhensible! Borné, imbécile, inculte, j’étais, moi. Alors un jour j’ai craqué. J’en ai lu un. «Génial, non?» «Non» «C’est que tu n’as pas lu le bon! Tiens! Celui-là, tu m’en diras des nouvelles…» Je n’y coupais pas. De gré ou de force. Et voilà comment j’ai fini par lire une bonne dizaine de romans d’Amélie Nothomb. Pour avoir la paix.

Je croyais l’avoir trouvée (la paix donc, ne l’avais-je pas bien méritée?) avant de tomber, début septembre, sur le journal Coop (lui aussi on n’y coupe pas, il s’invite chez vous chaque semaine) avec la tête d’Amélie en première page parce que, comme chaque début septembre de chaque année (septembre, décidément, est bien le mois des catastrophes), le Nothomb nouveau est arrivé. J’ai lu l’article (un article littéraire du Coop, forcément, ça excite la curiosité). Fatale curiosité! J’ai perdu la paix. Sainte Amélie en couverture et des révélations fracassantes de l’auteure (ou de l’autrice, je ne sais plus): «Dans mon dernier roman, je décris un personnage qui conduit une voiture. C’est formidable. Je n’ai jamais eu le permis.» Une autre? Tenez, celle-ci par exemple, révélation de la journaliste: «Fait surprenant, vous donnez aussi une recette de cuisine dans votre roman…» Et Amélie de surenchérir: «Ce livre comporte des scènes de science-fiction. Donner une recette de cuisine, alors que, dès que je touche à un aliment, je provoque une catastrophe planétaire!» Ce n’est pas tout. Il paraît, selon la journaliste, qu’on trouve, dans ce dernier roman, deux thèmes de prédilection d’Amélie dans une seule phrase: «Je trouve bien de se soucier d’être mince le jour de sa mort». Préoccupation fondamentale, essentielle. Encore que, un peu de marge avant de devenir squelettique, Amélie, ça ne peut pas faire de mal, ne pensez-vous pas?…

A ce stade, résumons-nous. Dans le dernier roman d’Amélie Nothomb, on trouve une recette de cuisine, un type qui conduit une voiture et deux thèmes contenus dans une seule phrase. Bonne nouvelle! Au moins, faute d’être intéressant, ça devrait être court, ce qui a toujours été le principal mérite des livres d’Amélie. Mauvaise nouvelle! Amélie a une sœur, Juliette, qui va sortir en novembre un livre de cuisine intitulé Recettes pour Amélie. Recettes pour Amélie! Je n’ose imaginer… Une Nothomb, passe encore! Mais deux! Surtout que le coup de massue vient à la fin de l’article: «Même morte, je continuerai à écrire» nous déclare-t-elle. Ah non! Pitié! Sainte Amélie, ne priez plus pour nous! Ou que Dieu, dans sa grande mansuétude, nous en épargne la diffusion. Ou qu’Il supprime les mois de septembre et de novembre, le premier pour en finir avec les catastrophes, le second pour en finir avec le blues. Alors Amélie aurait enfin servi la bonne cause…

Commentaires

  • Excellent, Béguin!

  • Amélie NOTHING conviendrait mieux à ce phénomène de foire! Le plus curieux, comme toujours, c'est que tout le monde — jourmalistes en premier — suit!

  • Enfin quelqu'un qui ose dire qu'il n'aime pas les livres d'amélie !!!

    donnons-nous la main !

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