Botellon Stadium
Par Pierre Béguin
Ainsi donc, comme l’a annoncé la presse début septembre, le stade de la Praille se retrouve en situation d’insolvabilité. Et cette enceinte sportive, devisée à moitié prix par des politiciens et entrepreneurs et vendue aux citoyens au prix fort comme indispensable au rayonnement de Genève, en devient la verrue qui fait rire les Vaudois, des Vaudois qui ne manquaient déjà pas d’occasions de nous prendre, à juste titre, pour des rigolos, quand ce n’est pas pour des imbéciles – dernier exemple en date, un métro du futur contre un projet CEVA datant de 1912. Je ne sais pas pour vous, mais moi dont la famille est genevoise depuis deux siècles, je commence sérieusement à envisager une demande de naturalisation vaudoise, neuchâteloise ou, pourquoi pas, jurassienne, et même suisse allemande s’il le faut (non, pas valaisanne, faut tout de même pas exagérer!) pour m’épargner le poids du ridicule que me font porter malgré moi, par leur incurie, politiciens et autres pseudo notables dont l’ego est inversement proportionnel à l’intelligence (logique me direz-vous, l’un ayant précisément comme première conséquence d’étouffer l’autre).
Pour en revenir au stade, chacun y va de ses solutions pour sortir des chiffres rouges et, surtout, du ridicule. Michael Drieberg, patron de Live Music Production, propose de changer l’affectation de l’enceinte: plus de football («Je trouve surréaliste que tout tourne autour du foot») et de faire jouer Servette, vu ses résultats, dans un petit stade, la Fontenette par exemple (Servette à Carouge, ce serait au moins drôle!); plus de pelouse («C’est sans doute cela qui coûte le plus cher; après chaque concert, la pelouse est changée. Sans pelouse, on pourrait facilement organiser plus de concerts, des discos géantes»); moins de tribunes («Il n’y a pas d’accès pour les semi-remorques. Nous devons louer une grue pour installer les infrastructures»). Donc, pour rentabiliser le stade de foot, plus de foot, plus d’équipe de foot, plus de pelouse pour jouer au foot, moins de tribunes pour regarder le foot. Mais au fait, j’y pense, au vu de ce constat – pardonnez ma naïveté –, n’eût-il pas été plus intelligent de ne pas construire de stade de foot?Bon, le mal étant fait, il va falloir trouver une solution à cette mélasse typiquement genevoise. Permettez-moi une modeste proposition. En ce qui concerne Servette, pourquoi ne pas construire un petit stade aux Charmilles? Au moins, c’est dans son quartier et il paraît qu’il existe un projet de parc public, de la grandeur d’un stade justement, dont la réalisation tarde. Peut-être est-il encore temps? Quant au stade de la Praille, personnellement, je pense que cette enceinte constituerait un lieu idéal pour organiser un grand botellón. Tout y est! Infrastructure et logistique. Coup double: la jeunesse, la joie, l’ambiance, le délire, l’ivresse, les débordements – comme dans un stade de foot donc – y trouveraient enfin leur place et la ville pourrait ainsi résoudre un problème qui menace de devenir lancinant. On pourrait même organiser un match contre Barcelone, une rencontre totalement illusoire s’il s’agissait de foot.
Fini le Stade de la Praille, au nom banal et inconnu hors frontières. Place au nouveau Botellón Stadium! Une première mondiale. La Une assurée dans tous les pays! Quel rayonnement pour Genève!
Commentaires
Bienvenue chez les Vaudois, mon cher Pierre! Vu l'état de déliquescence de Genève, c'est une bonne décision!
Vous avez oublié de dire que, à chaque fois, il y aurait au moins un BUT lors des Botellónes: celui de se "torcher grave", même si c'est sans filet!
Pas de naturalisation valaisanne? Jaloux! C'est parce que le botellon y est cantonal?