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psychanalyse

  • Après l'Orgie en Livre de Poche !

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    par Jean-Michel Olivier

    Après L'Amour nègre (Prix Interallié 2010), voici Après l'Orgie, ou les aventures de la belle Ming chez le psy

    Je me permets de reproduire ici le bel article que Michel Audétat avait consacré à mon livre dans Le Matin Dimanche.

    « Ayant renoncé à cultiver son jardin, Candide avait repris du service en 2010 sous la plume de Jean-Michel Olivier : son ingénu s'appelait Adam, venait d'Afrique, se retrouvait adopté par un couple de stars hollywoodiennes, et la fable de cet innocent jeté dans notre hyper-modernité extasiée avait valu à l'écrivain genevois le prix Interallié de cette année-là. L'amour nègre ne l'avait pas volé. 

    Aujourd'hui paraît Après l'orgie qui le prolonge. C'est le versant féminin de L'amour nègre : les aventures de Ming, la demi-soeur d'Adam dont il avait été séparé et qu'il avait retrouvée dans un pensionnat suisse à la fin du roman. La jeune femme se confie ici à son psychanalyste qui finit par y perdre son latin et son Freud: payé pour fouiller les profondeurs de la psyché, il se retrouve devant une Chinoise aux yeux bleus qui semble pure surface, vraie dans ce qu'elle paraît, dénuée de tabous et peut-être même d'inconscient.

     Ming en a des choses à raconter. Les années turbulentes dans la luxueuse hacienda de ses parents adoptifs. Ses amours nombreuses. Ses grossesses foireuses. Sa métamorphose par la chirurgie esthétique, en Suisse, à la suite d'un accident de voiture. Puis ses séjours en Italie où elle devient la cajoleuse favorite de «papi, le chef du gouvernement: cela débouche sur une scène d'apothéose hédoniste, au Colisée, dont on laisse l'agréable surprise au lecteur.

     Satirique, grinçant et dopé aux amphétamines, Après l'orgie est aussi un roman dialogué comme les aimait Diderot. Il emprunte son titre à un essai de 1990: « Que faire après l'orgie? », s'interrogeait Jean Baudrillard dans La transparence du mal. Bonne question. Que faire, en effet, quand on a tout libéré, les moeurs, le plaisir, l'art de ses contraintes, le commerce de ses entraves et le capitalisme financier du réel? C'est la question que nous lègue la modernité et à laquelle Jean-Michel Olivier confronte ses personnages. »

    * Jean-Michel Olivier, Après l'Orgie, roman, Le Livre de Poche, 2014.

    Dans toutes les bonnes librairies dès le 2 juillet !

  • L'idole aux trois visages*

    349057970.19.jpgNe riez pas : je suis le dernier spécimen d’une génération sacrifiée. Oui, parfaitement. Sur l’autel d’une déesse implacable dont j’ai subi, de plein fouet, le triomphe éclatant, puis le déclin inexorable. L’idole à laquelle j’ai sacrifié ma jeunesse — comme beaucoup d’autres de ma génération (comme on ne choisit pas son nom, on ne choisit pas son époque non plus) — a trois visages : marxisme, psychanalyse et féminisme.
    Le marxisme, d’abord. La dialectique entre les dominants et les dominés, la lutte des classes, le rêve d’un avenir radieux qui serait comme le paradis terrestre retrouvé. La psychanalyse, ensuite : la dialectique entre le conscient et l’inconscient, la force de retour du refoulé, le rêve d’une harmonie entre le monde et moi. Le féminisme, enfin : la dialectique entre l’homme (dominant) et la femme (dominée), la lutte implacable de sexes, le rêve d’une égalité qui passerait par un renversement des rôles et des valeurs.
    Déboulonnée, comme les statues de Saddam Hussein ou de Moubarak, l’idole aux trois visages exhibe aujourd’hui ses ruines encore fumantes. Celui (ou celle) qui se réclamerait du marxisme passerait au mieux pour un naïf ; au pire pour un dangereux criminel. Comment peut-on parler de lutte des classes à une époque où l’ambition la plus élevée est de posséder une Rolex à trente ans ? Où les fameuses « classes sociales » chères à Marx, si distinctes et antagonistes à son époque, ne tendent plus à former aujourd’hui qu’une tribu indifférenciée de bobos ? Où la seule chose qu’on attend avec impatience n’est pas la révolution, mais le tout dernier modèle de smartphone ? Et l’avenir radieux ? No future ! Nous vivons un présent éternel dont les seuls diktats sont : consommer davantage, faire la fête à tout prix et rester éternellement jeune…
    Divisée par les conflits entre disciples plus ou moins reconnus du Maître, la psychanalyse, dans le meilleur des cas, s’est recyclée en thérapie alternative, développement intérieur. Rêves new age. Que reste-t-il de l’inconscient à une époque où les neurosciences, qui ont si bien cartographié notre cerveau, n’ont pas décelé la moindre trace de ça ou de surmoi ?
    Comme Dieu, l’inconscient était une hypothèse intéressante. Mais s’il n’existe pas ?
    Calquée sur le modèle marxiste, la lutte féministe a subi, également, bien des outrages. Dans un pays gouverné par une majorité de femmes (quatre femmes sur sept conseillers fédéraux), peut-on encore parler de sexe dominé ou dominant ?  Si oui, par un renversement complet, le sexe dominé alors n’est plus le même. Bien sûr, l’égalité (salariale, entre autres) n’est pas acquise. Le combat mérite d’être mené. Mais le discours des féministes de la première génération, repris par une Isabelle Alonso, semble aujourd’hui bien désuet. Non seulement passé de mode, mais à côté de la plaque.  Je veux que mon homme fasse la vaisselle ! — OK. Et ensuite ? — Qu’il change les couches de bébé ! — OK. What next ? Qu’il me laisse conduire sa Mercedes le dimanche ! — Pas de problème…
    L’avenir du marxisme ? Bouché. Les lendemains de la psychanalyse ? De plus en plus inconscients. Le furur du féminisme ? Derrière nous.
    À défaut d’instaurer de nouvelles valeurs, le temps nous a ouvert les yeux. L’idole aux trois visages est tombée de son socle. Des enfants dansent sur les ruines. La musique est légère et entraînante. Et la vie continue…
    Est-ce vraiment un mal ?

    * texte à paraître en avril prochain dans Petit traité de
    désobéissance féministe
    , de Stéphanie Pahud (éditions Arttesia)