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gypaète

  • Les Carnets de CoraH (Épisode 13)

     Épisode 13 : deuxième métamorphose : une gypaète est née !

    bb91d45f137bcfec499053ef02d391a8.jpgLe rêve qui est né dans la nuit du 1er décembre me hante encore. Peut-être n’a-t-il pas tout révélé de son sens ? Il m’est apparu obstiné, brut, visqueux et disgracieux comme un oisillion cassant la coquille ou un agneau au sortir de la panse.

    Puis le mot a surgi « gypaète cendré », mystérieux, fabuleux, curieusement sans connotation. Quel signe alors envoyé de l’inconscient ?

    Puis est apparu le sens : vautour en voie d’extinction, injustement accusé de vol d’enfants et de prédation car il recouvre son poitrail de boue ferrugineuse lui donnant une apparence sanguinaire. C’est bien plus un casseur d’os et nettoyeur des thumb2-350x350_c.pngAlpes, discret et timide, mais aussi nécessaire et utile, c’est pourquoi il est aujourd’hui protégé dans nos montagnes.

    Dans la masse des songes, le mot s’est révélé incandescent. Pourquoi un gypaète et pas un autre totem ? Pourquoi pas le rouge-gorge, la fauvette ou la sittelle, ces oiseaux mieux connus de notre monde périurbain qui visitent sans relâche l’oisellerie de la poète Mousse Boulanger. Le bestiaire est pourtant si large.

     

    Je me croyais citadine, je me suis extraite inconsciemment de ma nature. N’ai-je pas coupé le lien définitivement en m’exilant au Canada ? Ce présage ailé vient donc de très loin.

    thunder-bird-campbell-river-1929.jpgQuand le mot a surgi phosphorescent au bout de ma nuit, j’ai tout de suite aimé sa sonorité, sa racine féminine auxquelles j’ai ajouté le cendré de ses anciennes vies tel un phoenix. Il y a du gynécée dans ce mot. Il y a de la détermination et de l’affirmation.

    — Mais si l’on change le A (ce noir plumage corseté et féroce du corbeau) en O (ce clairon qui traverse les âges sous le regard bleu et voilé des aïeules), on obtient GYPOÈTE (me souffle ma chère Georgette…) ! Des aïeules entourées de silence qui nous font signe par de mystérieux détours (affirme Émilie) !

     

  • Les Carnets de Cora (Épisode 10)

    Épisode 10 : un tissu de rêves et de bandelettes

    georgia-okeeffe-deers-skull-with-pedernal.jpgJ’ai fait l’expérience de l’obscurité et la quête n’est pas accomplie,

    J’ai fait l’expérience du silence et le monde n’a cessé son murmure,

    J’ai fait l’expérience du néant et la mort n’est pas venue.

     Cette nuit, une image m’a été donnée en rêve. Un gypaète cendré a traversé l’enveloppe poreuse du temps. Que vient hanter cet oiseau de proie imaginaire ? Présage-t-il le retour du prédateur barbu ou du voleur d’enfance ? Il naît dans le boyau du temps, perce la paroi à coups de tête comme un bélier, prend de l’ampleur presque offensif. Que sera-t-il, phénix des Alpes protégé ou casseur d’os têtu tel Sysiphe ?

    Peut-être que ton obscurité était l’absence, cet été-là, d’une mère.
     

    Ladder to the Moon.jpgJ’avais enfant des rêves de momies bandées (celles des Cigares du Pharaon), de baleines engouffrées et de l’échelle de Jacob qui m’indiquait la direction de la lune. Mon regard suivait naturellement le haut du berceau. J’allais peut-être rejoindre mon interlocuteur privilégié, lumineux et bienveillant. Cet univers divin imprégné de légendes enfantines avait forgé en moi une autonomie précoce. Sevrée à quatre mois. Debout dès neuf mois. Appliquée au primaire, ce qui ouvrit les voies des études dès 9 ans. Survivante à 17, mariée à 21, divorcée à 33 ans, l’âge du Christ.

    Combien de fois faut-il renaître pour comprendre sa destinée ?

    Corah : étoffe de soie écrue, non teinteJ’aime me penser en tissus de toutes sortes, à la fois fond, trame et support. Un enchevêtrement d’éléments liés tel un textile ! Née des vers à soi, ceinte de toute part et pansée comme une momie.