Manifeste pour l'égalité
Par Pierre Béguin
En ce dimanche 8 mars, jour de la femme, il nous semble judicieux d’apporter notre contribution au combat pour l’égalité par une modeste proposition à Sandrine Salerno, comme le fit en son temps Jonathan Swift à la Cour d’Angleterre.
Comment pourrions-nous oublier la merveilleuse initiative de notre militante visant, par une féminisation des panneaux de signalisation, à une meilleure appropriation par les femmes du domaine public? Si cette initiative a rapidement bouleversé notre perception du problème et fait littéralement bondir la cause des femmes au point que nous pouvons d’ores et déjà parler d’un avant et d’un après Salerno, il appert que notre élue a oublié le remplacement d'un panneau essentiel au louable objectif qu'elle s'est fixé d’atteindre enfin une réelle égalité homme femme dans l’espace public. Omission que nous nous proposons de réparer par ce modèle - vous en conviendrez - d'une sobriété exemplaire:
Ce panneau - tel est notre voeu - doit rappeler à tout le monde cette scandaleuse injustice qui voit les hommes occuper sans partage les travaux de terrassement. Oui, car derrière chaque pioche, chaque pelle, chaque marteau-piqueur ou bétonneuse, dans chaque chantier, chaque percement de tunnel, que des hommes! Aucune femme. Cette appropriation honteuse de l’espace public par le mâle, cet immonde acte d’ostracisme d’une moitié de la population aux dépens de l’autre, n’aura échappé à personne, comme nous espérons qu’elle n’a pas échappé à Sandrine Salerno. Puisse ce panneau réparer une injustice qui ne saurait se prolonger, en incitant toutes les femmes animées d’un idéal égalitaire à embrasser une profession pour l’instant entièrement phagocytée par une caste virile de toute évidence cisgenre, venue avec enthousiasme et parfois de très loin goûter égoïstement aux privilèges et à la fierté de construire la Genève de demain!
Oui! La véritable égalité se mesure à l’aune de toutes les professions, ne l’oublions pas! Ne serait-il pas temps, à l’aube du XXIe siècle, que les femmes aient enfin le droit de participer à la construction et à l’entretien des routes, des tunnels, des chemins de fer qu’elles empruntent, ou des maisons – parfois luxueuses – qu’elles habitent, voire, pour certaines, des fitness ou des piscines où elles vont parfaire leur(s) forme(s)!
Il serait tout de même regrettable, dans la mouvance progressiste qui nous traverse, que des femmes ne sussent saisir une telle opportunité d'exercer un travail aussi primordial au bien-être de la cité et de ses citoyens, et ne pussent participer à une mission aussi essentielle au développement futur de notre pays en se voyant interdire d'investir massivement ces beaux métiers du terrassement qui nous font toutes et tous rêver, mais que seuls des hommes ont l’outrecuidance d’occuper.
Oui! Comme le titre judicieusement Le Courrier sur ses manchettes, «L’heure du féminisme a sonné!». En ce sens, nous formulons le souhait que notre apport sémiologique contribuera à l’avènement de ce Grand Soir qui verra enfin l’égalité de tous les êtres dans l’espace public, sexes, genres ou nationalités confondues, et nous sommes convaincus que Sandrine Salerno, en tant qu’élue de gauche particulièrement sensible à tout forme d’inégalité, pour le moins donnera une suite concrète à notre modeste proposition, pour le mieux imposera rapidement des quotas dans ces intolérables bastions machistes que sont les métiers du terrassement– peu importe ce qu’il en coûtera aux contribuables. Sur ce plan, nous lui faisons entièrement confiance. Qu’elle en soit d'avance remerciée!
Commentaires
Un petit pas pour Sandrine Salerno, un grand pas pour l'humanité.
J'ai trouvé ce panneau-ci sur le net. Cela se passe en Italie:
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:31021_Mogliano_Veneto,_Province_of_Treviso,_Italy_-_panoramio.jpg
@hommelibre
J'espère que les prostitués masculins vont réclamer l'égalité. Comme le panneau met en évidence une partie des "avantages" proposées par ces dames, je me réjouis de voir la version masculine.
Sehr geehrter Herr Begin,
Zusammen mit Sandrine Salerno hätten Sie auch die Existenz unserer "Union des chauffeuses poids lourdes suisses" erwähnen können.
Mit besten Grüssen!
Mère-Grand, je me suis dit la même chose en trouvant ce panneau!
Ah ben, il faut ce qu'il faut, ils doivent être vi-si-bles (les avantages ou les péripathéticiens)...
@hommelibre
Je suis obligé de l'écrire: les grands esprits se rencontrent.
"Union des chauffeuses poids lourdes suisses"
Voilé un énoncé qui doit faire rêver certains.
Il y a aussi les chauffeuses de palourdes. Un panneau avec une moule s'impose.
Blague à part ce billet met en évidence le sexisme (misandre) qui règne à de hauts niveaux en politique et dans la société.
Vous soulignez bien ceci: quand des hommes font les sales boulots elles ne réclament pas leur part. Saperlipopette!
@ Hommelibre
C'est exactement ça. Mais rien de plus normal - je veux dire de plus humain - dans cet apparent paradoxe. Ne faisons-nous pas toutes et tous pareil?
Ce qui est irritant, c'est le mot "égalité"que des femmes brandissent comme un étendard. Rien de plus inégalitaires, au fond, que ces revendications qui ne ciblent que les avantages! Sauf, évidemment, si on les mesure à l'aune de la stupide théorie des privilèges. Ce qui semble être le cas, et ce que semble faire aussi la gauche - mais s'en rend-elle vraiment compte? - qui en vient à considérer l'ouvrier immigrant travaillant sur des chantiers privilégié par rapport à la femme bonne bourgeoise. Ce néo marxisme - et non pas néo fascisme - est la théorie la plus inepte que je connaisse, et malheureusement elle sous-tend la plupart de ces religions sans dieu qui alimentent les hystéries actuelles et qui font de notre époque récente la plus imbécile qu'il m'ait été donné de traverser.
"Ce néo marxisme - et non pas néo fascisme - est la théorie la plus inepte" Vous seriez bien bon de développer quelque peu, je suis sûr que je ne suis pas le seul à ne pas bien saisir ce que vous entendez...
J'ai écrit un commentaire chez une dame au nom d'origine arabe qui prétendait à un salaire pour le travail ménager des femmes. Un autre commentateur faisait remarquer que ce n'est pas à la société de payer et en effet, cela appartient aux maris. J'ai ajouté que c'était parfaitement normal et juste et qu'il fallait s'attendre à ce qu'elles nous fassent payer leurs prestations sexuelles. Après tout, une pute privée - une femme mariée, donc - c'est le grand luxe, non ?
Mais elle n'a pas publié mon commentaire. Je me demande bien pourquoi...
@ Géo
A l'image de cette dame que vous mentionnez, je ne publierai pas votre commentaire, parce que ni son contenu ni sa tonalité ne s'inscrivent dans le cadre de mon billet.
En ce qui concerne votre demande d'explication, il vous suffit de taper "théorie des privilèges" sur Google et vous aurez toutes les réponses que vous souhaitez.
Bien à vous.