Manifeste pour l'égalité (08/03/2020)

Par Pierre Béguin

En ce dimanche 8 mars, jour de la femme, il nous semble judicieux d’apporter notre contribution au combat pour l’égalité par une modeste proposition à Sandrine Salerno, comme le fit en son temps Jonathan Swift à la Cour d’Angleterre.

Comment pourrions-nous oublier la merveilleuse initiative de notre militante visant, par une féminisation des panneaux de signalisation, à une meilleure appropriation par les femmes du domaine public? Si cette initiative a rapidement bouleversé notre perception du problème et fait littéralement bondir la cause des femmes au point que nous pouvons d’ores et déjà parler d’un avant et d’un après Salerno, il appert que notre élue a oublié le remplacement d'un panneau essentiel au louable objectif qu'elle s'est fixé d’atteindre enfin une réelle égalité homme femme dans l’espace public. Omission que nous nous proposons de réparer par ce modèle - vous en conviendrez - d'une sobriété exemplaire:

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Ce panneau - tel est notre voeu - doit rappeler à tout le monde cette scandaleuse injustice qui voit les hommes occuper sans partage les travaux de terrassement. Oui, car derrière chaque pioche, chaque pelle, chaque marteau-piqueur ou bétonneuse, dans chaque chantier, chaque percement de tunnel, que des hommes! Aucune femme. Cette appropriation honteuse de l’espace public par le mâle, cet immonde acte d’ostracisme d’une moitié de la population aux dépens de l’autre, n’aura échappé à personne, comme nous espérons qu’elle n’a pas échappé à Sandrine Salerno. Puisse ce panneau réparer une injustice qui ne saurait se prolonger, en incitant toutes les femmes animées d’un idéal égalitaire à embrasser une profession pour l’instant entièrement phagocytée par une caste virile de toute évidence cisgenre, venue avec enthousiasme et parfois de très loin goûter égoïstement aux privilèges et à la fierté de construire la Genève de demain!

Oui! La véritable égalité se mesure à l’aune de toutes les professions, ne l’oublions pas! Ne serait-il pas temps, à l’aube du XXIe siècle, que les femmes aient enfin le droit de participer à la construction et à l’entretien des routes, des tunnels, des chemins de fer qu’elles empruntent, ou des maisons – parfois luxueuses – qu’elles habitent, voire, pour certaines, des fitness ou des piscines où elles vont parfaire leur(s) forme(s)! 

Il serait tout de même regrettable, dans la mouvance progressiste qui nous traverse, que des femmes ne sussent saisir une telle opportunité d'exercer un travail aussi primordial au bien-être de la cité et de ses citoyens, et ne pussent participer à une mission aussi essentielle au développement futur de notre pays en se voyant interdire d'investir massivement ces beaux métiers du terrassement qui nous font toutes et tous rêver, mais que seuls des hommes ont l’outrecuidance d’occuper.

Oui! Comme le titre judicieusement Le Courrier sur ses manchettes, «L’heure du féminisme a sonné!». En ce sens, nous formulons le souhait que notre apport sémiologique contribuera à l’avènement de ce Grand Soir qui verra enfin l’égalité de tous les êtres dans l’espace public, sexes, genres ou nationalités confondues, et nous sommes convaincus que Sandrine Salerno, en tant qu’élue de gauche particulièrement sensible à tout forme d’inégalité, pour le moins donnera une suite concrète à notre modeste proposition, pour le mieux imposera rapidement des quotas dans ces intolérables bastions machistes que sont les métiers du terrassement– peu importe ce qu’il en coûtera aux contribuables. Sur ce plan, nous lui faisons entièrement confiance. Qu’elle en soit d'avance remerciée!

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