morgue du sujet pensant
par antonin moeri
Dans une tribune de Libé, un cinéaste français réagit aux 36% de voix que le frontiste Philippot a engrangées à Forbach. Né à Forbach (cinquième ville du département de la Moselle), ce cinéaste est fier d’avoir pu quitter cette France moisie pour vivre dans une grande ville et faire partie de «ceux qui mangent bio, consomment des produits culturels, partent en vacances, ont des enfants dans les bonnes écoles, manifestent pour le mariage pour tous, parlent sans accent, lisent les livres d’Eribon». Il se considère comme un homme qui a trahi son milieu, un milieu de misère économique, affective, sociale et intellectuelle, un milieu peuplé de «gens qui parlent mal et fort, qui aiment la brutalité et le sport, s’habillent comme des ploucs, ne pensent pas, énoncent des conneries en buvant de la bière à longueur de journée, rotent leur haine des Arabes, des pédés, des lesbiennes, des bobos et des juifs».
Ce cinéaste est d’avis que, si le FN triomphe à Forbach dimanche prochain, ces «cons» l’auront bien mérité et que ce sera une raison pour ne plus y mettre les pieds, dans cet enfer. Il convoque alors le Forbach de son enfance, «terre solidaire qui a refusé le fascisme», où régnait la culture syndicale. Un Forbach idyllique qu’il oppose au Forbach actuel, peuplé de gens vivant sans emploi, sans argent, sans véritable cinéma, sans véritable librairie, sans perspectives, «sans tout ce qui permet de tenir debout, sujets pensants et agissants».
Je n’ai guère de sympathie pour les idées et le parti de Marine Le Pen mais je me demande si le mépris affiché de ce cinéaste pour «les cons, les ploucs qui énoncent des conneries à longueur de temps en buvant de la bière», les obscurantistes incapables de raisonner, c’est-à-dire de penser, je me demande si cette suffisance et cette morgue de «sujet pensant et agissant» ne contribuent pas à augmenter les rangs de celles et de ceux qui, dimanche prochain, voteront pour Florian Philippot.
Commentaires
On a peine à croire que Libé publie de pareilles tribunes de ploucs installés à Paris. Je ne sais pas si on pourra dire que ses difficultés financières sont méritées aussi.
Et pourquoi ne pas nous dire de quel cinéaste il s'agit ? Quel film a t-il réalisé ? Cela ne manquerait pas d'intérêt, dans ce contexte...
vous êtes lucide et cruel Rémi, mais je dois avouer que ma surprise fut grande ce matin en tombant sur cet article incroyablement sot dans lequel l'auteur convoque les stéréotypes les plus éculés, les plus fatigués, les plus vidés tant ils auront été maniés par d'effarants bien-pensants. Me suis demandé, lisant cet article, à qui ce "cinéaste" voulait faire plaisir en rédigeant ce papier.
il se nomme Régis Sauder, j'ignore quel genre de films il a tournés.
@Antonin : pourquoi publiez-vous l'avis d'une personne inconnue qui cherche a se faire de la pub, surtout quelqu'un qui crache sur des électeurs (qui ne sont pas de son avis, moi non plus d'ailleurs). C'est ce qu'il cherche ce réalisateur, de la pub.....