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Féminisme ou féminocratie?

Par Pierre Béguin

feminisme.jpgUne collègue écrivain – pardon! écrivaine –, peu après la création de «Blogres» à propos d’une note sur les quotas, m’envoyait un mail dans lequel elle précisait notamment: «Je reste rêveuse en lisant la composition de votre groupe de Blogres… Grands dieux, m’imaginerais-je qu’un beau jour vous vous êtes réunis et vous avez décrété: "pas de femmes parmi nous !" (…) Eh oui, même dans votre esprit progressiste, le masculin reste la norme».

Aïe! me suis exclamé tout de go, voilà «Blogres», à peine né, déjà symboliquement investi par les féminocrates du pouvoir oppresseur du phallus, cette hydre toujours insidieusement renaissante. Voilà «Blogres», par la composition essentiellement masculine et vigoureuse de ses membres, réduit à l’incarnation d’une association misogyne reléguant la femme au rang d’éternelle victime de l’ordre phallocratique, lequel devrait être à tout prix être éradiqué, mis à bas, anéanti. Voilà cinq ou six copains réunis par le même goût des belles lettres assimilés à d’affreux primates aveuglés par leur libido dominandi en train de se gratter les burnes au réveil tout en se demandant s’ils allaient consacrer leur journée à chasser le cerf, à sabrer la gueuse ou à envahir la Pologne.

Certes, il faut bien l’admettre, nous incarnons les quatre piliers de l’ordre dominant: l’intellectuel mâle blanc hétérosexuel. Mais tout de même. Je me suis donc interrogé. Un groupe d’homme peut-il encore exister sans être a priori et par définition suspect? Serait-il coupable-né par décret féministe? Devrait-il se dissoudre dans le féminin ou, par un «juste» retour de manivelle – la fameuse «discrimination positive» qui constitue le nouvel oxymore du fémininement correct – s’y soumettre entièrement pour obtenir sa grâce et gagner sa rédemption?

Puis, très vite, je me suis désintéressé de la question, conforté par une coupable impression dont – je l’avoue – j’ai par moments peine à me départir à la lecture de certains propos féministes radicaux: que l’on abandonne trop souvent la réflexion à des personnes qui semblent vivre les rapports homme-femme sur un mode problématique, un peu comme si on confiait la rubrique gastronomique à des anorexiques. Oui, je sais, c’est là l’ultime parade du macho qui ne sommeille jamais vraiment! J’en demande humblement pardon.

Pour prouver ma bonne foi et requinquer dans les cieux internautes les étoiles ternies de «Blogres», mais loin de l’opportunisme gluant des féminolâtres et des tartufes de plateaux télévisés toujours prompts à confesser leur honte d’être des hommes (j’ai les noms!), j’ai décidé de consacrer une suite de billets à la littérature «féministe», accompagnés d’une bibliographie élémentaire pour inciter des lecteurs (trices) novices en la matière à mieux comprendre la genèse et les tendances actuelles de cette noble cause. Une cause que «Blogres» ne pouvait décemment continuer à passer sous silence sans être désigné, à juste titre cette fois, bastion phallocrate et livré à la vindicte de légions furibondes estampillées doubles chromosomes X. Mes compagnons de plume et d’agapes, qui ne sont pas impliqués dans cette démarche, me remercieront certainement de leur avoir sauvé les choses!

A demain donc, si vous le voulez…

Commentaires

  • Bigre!

    Une telle charge pour une remarque de la "collègue écrivaine" quant à la composition de "Blogres" a mis en marche la verve testostéronée de Pierre Béguin d'une manière qui me laisse rêveuse...

    A vous lire, on a l'impression d'un petit groupe menacé par un terrible danger, des hordes de féministes hurlantes assiégeant le grenier où les héros se sont réfugiés, prêts à vendre chèrement la virilité de leur pensée.

    J'ai beaucoup ri.
    Et j'attends la suite.

  • J'apprécie beaucoup votre réflexion et vos différentes définitions.
    Je suis moi-même choquée par certaines attitudes qui se veulent féministes mais qui font tort aux femmes elles-même.
    Nous pouvons nous baser sur le notion Yin-Yang des Chinois et voir que certaines réactions dites féminines sont issues tout droit du répertoire yang, à savoir émissif donc masculin.
    Ce n'est pas en imitant les hommes que les femmes affirmeront leur force mais bien en développant un équilibre entre les forces yin et yang.

  • Merci d'avoir compris qu'il fallait aussi en rire. A ne pas oublier pour la suite, dès demain...

  • Je n'ai pas ri du tout!
    Après le livre "Feminista" écrit par John Goetelen, voici un autre homme, Pierre Béguin qui décide de consacrer "une suite de billets à la littérature féministe".
    La pâle copie du XX aurait des choses à dévoiler sur le sexe opposé?

  • Relisez-vous, il y a des erreurs dans votre texte.
    Vous vous illustrez bien en tout cas. Je vais vous mettre en contact avec John Goetelen, un hoministe de la première heure.

  • @ Noëlle:

    Vous y allez fort! "La pâle copie du XX"... soit XY. Soit l'ensemble des hommes. Qui seraient de pâles copies. Pas mal comme déclaration de guerre.

    Si un jour vous lisez mon livre, nous aurons peut-être l'occasion de débattre du fond avec des arguments. En attendant je constate malheureusement que toute critique du féminisme radical (extrémiste) est ensuite l'objet d'attaques ad hominem. Est-ce donc un thème interdit au débat? Quel est le problème? Et pourquoi cette discrimination contre les hommes qui, avec humour et/ou arguments, s'autorisent à exprimer une réflexion critique?

  • Des femmes dans Blogres? Mais pourquoi faire?!

  • ;-)

    Moi, ça me fait sourire... Me réjouis de lire la suite....

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