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Joyeux Noël et mangez des pommes!

Par Pierre Béguin

Pommes.jpgAinsi donc la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de rendre l’argent moins cher en réduisant son principal taux directeur à 1%, le plus bas jamais atteint historiquement. Comme, dans le même temps, les agences de notation (américaines) s’efforcent d’abaisser la note des pays européens (même celle de l’Allemagne!), c’est donc une excellente nouvelle pour le système bancaire privé qui pourra emprunter moins cher et prêter plus cher. Il est vrai qu’après tous leurs excès et leurs âneries, leurs nécessités en recapitalisation sont (sous?) estimées à 114 milliards d’euro. Il faut bien aider les plus riches!

Mais c’est surtout une très mauvaise nouvelle pour le citoyen lambda qui doit donc s’attendre à travailler plus, à gagner moins, à voir sa retraite diminuée et ses aides supprimées (que voulez-vous mon bon Monsieur, c’est le naufrage, les banques et la finance d’abord!) Voilà pourquoi, toujours dans le même temps, les chefs d’Etat européens s’agitent en de multiples réunions de la dernière chance, non pas pour faire contrepoids, mais pour accréditer dans l’esprit du citoyen sa pauvreté galopante.

Y pas à dire, c’est vachement bien rôdé comme système! Parvenir à faire croire que, pour soigner les excès du libéralisme, il faut encore plus de libéralisme, c’est un peu comme prescrire une bouteille de whisky au déjeuner à un patient auquel on aurait diagnostiqué une cirrhose. Et parvenir à faire croire aussi que la crise est une fatalité, c’est pas mal non plus, alors qu’une once de bon sens commanderait que la Banque centrale intervienne directement et massivement sur le marché de la dette publique au lieu d’engraisser des intermédiaires qui ne contribuent qu’à aggraver le problème. Il faudrait changer un règlement, nous rétorque-t-on. Comme si les gens en charge des règlements n’en promulguait ou n’en modifiait aucun quand cela les arrange! On le sait pourtant depuis très longtemps. Voyez par exemple William Lyon MacKenzie King (premier ministre du Canada de 1921 à 1930, puis de 1935 à 1948) que je citais déjà dans un blog précédent: «Jusqu’à ce que le contrôle de l’émission des devises et du crédit soit restauré au gouvernement comme sa responsabilité la plus évidente et sacrée, toute référence à la souveraineté du parlement ou de la démocratie est inutile et futile (…) Une fois qu’une nation s’est séparée du contrôle de son crédit, les gens qui font la loi importent peu (…) les usuriers, une fois au pouvoir, détruiront la nation.» C’est exactement ce qui est en train de se passer!

Bon, me direz-vous, on peut toujours s’indigner! Mais pour cela, il faudrait faire semblant d’ignorer que la notion de citoyen n’est plus qu’un leurre, qu’elle a été depuis belle lurette réquisitionnée par la finance. Nous ne sommes plus que des animaux machines programmés pour consommer, des «ressorts» disait la Fontaine du courtisan. Alors à quand l’Internationale du consommateur, notre unique planche de salut?

En attendant, on peut toujours manger des pommes ou lire en Livre de Poche, voire les deux pour les moins démunis. Alors joyeux Noël et bonne année!

 

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