Don DeLillo, Great Jones Street
Par Alain Bagnoud
Bucky Wunderlick, une superstar du rock des années 70 en a assez. Il quitte son groupe en pleine tournée, disparaît et se réfugie dans une piaule sur Great Jones Street, New York.
Les rumeurs commencent à courir parmi ses fans survoltés, orphelins du messie. On le voit un peu partout. Lui reste dans sa chambre à ne rien faire, à regarder passer les heures, à écouter le sourd bruissement du monde, terré entre un écrivain besogneux et une mère qui s’occupe de son fils infirme.
Crise spirituelle, quête existentielle: Bucky est en pleine déroute. Mais on ne va pas le laisser tranquille, il compte trop pour le marché et se voit rattrapé par l’époque.
Une de ses ex le rejoint. On stocke chez lui une drogue nouvelle. Son producteur essaie de récupérer des bandes qu’il a enregistrées et qui peuvent changer radicalement la musique. Toutes sortes de personnages issus de la mouvance pop essaient de le manipuler: trafiquants, managers, musiciens, communautés marginales.
Bucky se laisse faire, ne proteste pas, étrangement passif. Chacun attend quelque chose de lui, tous veulent qu’il se plie à leurs projets sans qu’on sache très bien savoir quel rôle il accepte de jouer dans leurs intrigues.
C’est une plongée dans la pop culture des années 70. Pas un témoignage, un déchiffrage du monde à travers la drogue, la paranoïa, les intérêts et l’insensibilité, dans l’écriture sourde, virtuose, parfois opaque, aux dialogues fulgurants, qui est la marque de DeLillo
Gread Jones Street a été publié aux Etats-Unis en 1973, mais il paraît cette année seulement chez Actes Sud. C’est le troisième roman de DeLillo, né en 1936, un des romanciers américains actuels les plus en vue.
Don DeLillo, Great Jones Street, Actes sud