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Tu n’as rien vu à Fukushima

par Pascal Rebetez

 

9782283025284FS.gifNous sommes avec ma chérie dans le vallon de Valsorey au-dessus de Bourg-St-Pierre. Les marmottes sont de sortie, aux aguets : leurs petits courent dans tous les sens. En face, le tas de neige sous lequel il y aurait encore la cinquième victime de l’avalanche du 26 mars dernier. Tragédie de par ici. Nous pique-niquons, sous le regard de l’aigle qui patine dans le ciel tout là-haut.

Je lis à haute voix, parce qu’elle aime ça, le dernier petit livre de Daniel de Roulet : Tu n’as rien vu à Fukushima. L’auteur y écrit sur la catastrophe nucléaire à une amie japonaise. Et cette missive nous éclaire de toutes les façons sur le crime nucléaire, une pas si vieille histoire, mais vingt-cinq ans après Tchernobyl et ses dizaines de milliers de victimes, trente-quatre ans après la désolation absolue de Malville qui tua Vital Michalon - j’y étais aussi mais ne connaissais pas alors de Roulet -, un mois après Fukushima, on perçoit déjà la relance des milieux bien informés, qui vont bientôt lancer leur artillerie lourde d’arguments pour continuer envers et contre tout bon sens l’exploitation nucléaire. Il faut lire ce petit libelle de chez Libella*. Vivent les écrivains qui disent le présent ! Je me dis que ce genre d’auteur est indispensable, qu’on ne peut plus penser sans eux, parce qu’ils sont témoins et mémoire d’un demi-siècle de lutte contre la fission et la fusion.

« Là, regarde, ma chérie, c’est un épervier ! » et je bois un coup à la petite bouteille de Chardonnay. Mais elle veut que je continue à lui lire Tu n’as rien vu à Fukushima.

DdR m’apparaît aussi comme un véritable écrivain voyageur, pas de ceux qui vont chercher le pittoresque et les miroirs exilés de l’âme, mais bien de ceux qui regardent en face et en fouillant parfois la réalité des grandes opérations humaines, celles de la science sans conscience ou celles de la science de la mauvaise conscience. De Roulet nous invite, à sa suite, d’aller voir par nous-mêmes, de ne pas s’en laisser conter. Et c’est en cela qu’on en envie de le suivre, par son obstination à chercher les traces. Et parfois à expier sa propre naïveté, lui qui - je ne le savais pas – a travaillé comme ingénieur dans une centrale nucléaire, pour avouer ici, dans ce faux-vrai roman, qu’il a été pris à son propre piège pour avoir collaborer à un système « porteur d’une mort atroce ».daniel-de-roulet_1.jpg

A noter encore qu’il est désormais possible de sortir un livre, fut-il petit, un mois après un événement et de le vendre 2 euros, un de moins que l’Indignez-vous de Hessel. Ce n’est pas un hasard.

Mais il est déjà temps de ramasser les restes et de fermer le Rucksack. Ma chérie baye aux corneilles, mais ce sont des vautours, tenté-je de lui faire croire. Mais elle me répond que les vautours sont ailleurs, dans l’enrichissement de l’uranium et des capitaux.

 

*Daniel de Roulet, Tu n’as rien vu à Fukushima, chez Buchet-Chastel, groupe Libella, avril 2011



 

 

 

Commentaires

  • les Aguets ou le massacre des Arméniens,il fallait y penser!

  • Eh bien, sortir un livre à peine un mois après la catastrophe, si ce n'est pas de l'opportunisme, c'est fortiche!

  • Opportunisme? A le lire, on en est loin - c'est pensé, construit, mûrement réfléchi, et diablement bien écrit. Et par ailleurs, l'auteur a annoncé reverser les éventuelles retombées financières de son livre en faveur des victimes de la catastrophe.

  • Assez d'accord, la réalisation de site ecommerce est a faire par des professionnels

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