Bastien Fournier, Le cri de Riehmers Hofgarten
Par Alain Bagnoud
D’abord, éclaircir le titre, mystérieux. Il fait un peu saga de grande famille, non? Mais il ne s’agit pas du tout de ça. Riehmers Hofgarten est un quartier de Berlin.
Le personnage de ce roman y réside dans un atelier blanc de cent mètres carrés. Simon est un double de Bastien Fournier. On l’a déjà vu notamment dans Salope de pluie.
Ici, il est écrivain en résidence. Et il a envie de crier. « Crier qu’il n’a rien à dire; que n’avoir rien à dire jamais n’a justifié le silence; qu’il ne faut pas se taire... » Crier contre l’indifférence du monde, la solitude, le mur qu’affronte quelqu’un qui veut écrire...
Quelques épisodes suivent. Il reçoit la visite d’Aélia, belle harpiste, son amie, son amour, et aussitôt, on sent que leur histoire n’est pas sûre. Il y a des doutes, des difficultés de contact, des élans inaboutis.
Puis on retrouve Simon dans d’autres endroits, au fil des déplacements et des remémorations. Paris, Bruxelles, Rome, le Valais où il devient gérant d’une bouquinerie qui finit par prendre feu, où il se saoule avec ses amis...
L’essentiel du livre n’est pas là. Il parle surtout de la belle histoire d’amour qui a uni Simon et Aélia, et qui se termine peu à peu. La harpiste finit par quitter son ami, déstabilisée par ses angoisses...
Suivant la courbe de cette désunion et des souvenirs qui la ponctuent, le roman se compose de scènes fortes. L’écriture de Bastien Fournier, rythmée, pulsée, travaille sur la cadence et le tempo. Elle excelle à exprimer le trouble pantelant des anxiétés, des impossibilités, les doutes et l’inéluctable des moments de perte.
Bastien Fournier, Le cri de Riehmers Hofgarten, Editions de L’Hèbe
Publié aussi dans Le blog d'Alain Bagnoud
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Elle excelle à exprimer le trouble pantelant des anxiétés, des impossibilités, les doutes et l’inéluctable des moments de perte.