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Au bord de la piscine

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par Jean-Michel Olivier

Je suis assis au bord de la piscine et je regarde le ciel vide et profond comme la mer. De temps à autre il se charge de gros nuages noirs. Mais les nuages ne restent jamais longtemps. Le vent les chasse vers la montagne où les éclairs jaillissent bientôt comme un feu de Bengale. J’y découvre chaque jour des présages. Les nuages sont des livres qui refluent vers la nuit.

À Dolorès j’apprends à lire dans les bruits du dehors. Le chant des oiseaux ou le vent dans les branches des séquoias. Comme le sorcier de mon village. Et il me suffit de creuser la terre ou d’arracher l’écorce des arbres pour lui montrer qu’un autre monde est là. Merveilleux. Innocent. Un monde peuplé de fourmis rouges et de vers translucides. Un autre monde à portée de la main.

Matt est vautré dans une chaise longue. Il discute avec un acteur dont le prochain film sort dans quelques jours. Le type s’appelle Jack Malone. C’est un pote de mon père. Mais je crois qu’il m’aime bien aussi. Tous les deux fument un joint en regardant le ciel. Jack est surtout connu pour une réclame qui vante les mérites d’une capsule de café. Il a touché beaucoup d’argent pour ça. Il a les cheveux gris et noirs. Il porte des lunettes de soleil comme tout le monde dans cette ville. Il sirote une margarita.

De temps à autre, Matt dit quelque chose. Ou Jack. Ou les deux à la fois. Ça n’a pas d’importance. Aucun des deux n’écoute vraiment. Une musique douce s’échappe de la maison. La voix d’Astrud Gilberto s’invite au bord de la piscine avec le saxophone de Stan Getz. Corcovado. Les éclats de mica renvoyés par l’eau turquoise. Les volutes de vapeur qui montent du bassin. Les jolies filles et les jolis garçons qui se dorent doucement au soleil. Les palmiers qui se découpent sur le ciel mauve orange. Le vent qui brûle et donne des frissons. Le monde agit comme un anesthésique. Les mots ne pèsent pas. Les gestes n’ont pas d’importance. Les domestiques attendent sous le porche qu’on les appelle. Matt s’endort dans sa chaise longue. Jack lorgne une fille en bikini violet qui plonge dans la piscine. Dol lit le dernier roman de Dan Brown sous un grand parasol. Ses paupières se ferment toutes seules.*

* Extrait de L'Amour nègre, roman à paraître le 19 octobre aux Éditions de Fallois.

Commentaires

  • Prometteur ! On se réjouit de découvrir l'opus entier…

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