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Cuba libre

Par Pierre Béguin

fidel[1].jpgTrinidad, Cuba.

J’attends mon repas. On attend beaucoup à Cuba. A l’aéroport. Au restaurant. A la banque. Une heure pour manger. Deux heures pour retirer de l’argent. Toute la vie pour beaucoup de choses et l’éternité pour le reste.

Alors je lis le journal du coin. Un petit journal de 12 pages à la présentation minimaliste, triste, avec quelques photos en noir blanc. Genre Le Courrier. Peu de photos, beaucoup de mots. Le contenu? Les réflexions de Fidel sur les menaces écologiques de notre planète. En réalité, un pillage parfait des thèses de Yann Arthus Bertrand et de son dernier film Home. L’opportunité est trop belle de fustiger les dommages inhérents causés par l’hégémonie de l’activité impérialiste. 3 pages pleines donc.

La visite de Fidel à l’aquarium. L’occasion de vanter en contrepoint les réalisations révolutionnaires. 1 page tout de même.

Fidel en conversation avec les ambassadeurs cubains. La Révolution ouverte sur le monde. 1 page.

Une lettre de Fidel au peuple. 1 page.

Raoul Castro reçoit le premier ministre du Koweït. ½ page seulement. Logique. Il dirige certes, mais ce n’est que le frangin.

Le message de Fidel à Nelson Mandela, «symbole de la liberté, de la justice et de la dignité humaine» (dixit Fidel). 2 pages.

Leçons de vie avec le Che. On cultive le symbole cubain également. 1 page.

L’industrie anti-cubaine de Miami. On nous apprend que la CIA a fabriqué à coup de millions de dollars le dénommé «exil cubain» (en fait, Cuba survit plutôt mal grâce au tourisme et, surtout, à l’argent que les «exilés» envoient à leur famille). 1 page.

Reste ½ page pour le sport où l’on apprend dans la liesse que Cuba a terminé deuxième du tournoi de baseball de Harlem (au Pays-Bas bien sûr!). On ne sait pas qui a usurpé la victoire. On s’en fout d’ailleurs. De toute façon, l’année prochaine, c’est Cuba qui va gagner.

Ça fait 11 pages, me direz-vous. Oui. La première page est une photo de Fidel embrassant Mandela.

Je ferme le journal dans un élan de soulagement et de fierté natonale. Chez nous, un journal de même format contient plus de pages remplies de photos en couleur avec de jolies starlettes célèbres qu’on ne connaît pas, entrecoupées d’informations aussi variées qu’inintéressantes. Et surtout il est gratuit et se lit plus rapidement. 20 minutes seulement! Logique. Chez nous, on attend moins.

Je pose le journal du coin sur un coin de table. J’attends toujours mon repas. A Trinidad, Cuba…

PS. Que le lecteur se rassure, au moment où je mets ces lignes sur Blogres, ça fait déjà quelques semaines que j’ai avalé mon repas, et beaucoup d’autres depuis…

 

 

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