Du côté de chez les Grecs
Par Pierre béguin
Il paraît qu’on ne peut limiter les bonus de nos traders par le monde sous prétexte de forte concurrence – en réalité de peur qu’ils ne quittent la banque avec une liste de clients qui ne seraient pas censés exister, ou tout simplement avec les clients eux-mêmes. Pourtant, ce que le monde entier n’arrive pas à faire, les Grecs l’ont réussi depuis belle lurette. Ainsi, selon le fisc grec, le revenu annuel déclaré par les hommes d’affaires et les traders hellènes s’élève à 13 236 euros en moyenne, soit à peine plus de 1000 euros par mois, bonus compris. Au fond, ce que gagne un bon trader chez nous en un jour, bonus non compris. Mais qu’ont-ils de plus que nous ces Grecs? Alors que, malgré une lutte acharnée de tous les instants, nous ne parvenons pas à endiguer les inégalités croissantes de nos sociétés, les Grecs, en douceur, qui plus est avec l’approbation des milieux libéraux, ont construit une société plus égalitariste que le Kuomintern. Toujours selon le fisc grec, si les médecins, les avocats et autres membres de professions libérales doivent se contenter d’un revenu annuel moyen de 10 493 euros – et sans bonus excusez du peu (seuls 7.5% des professions libérales ont déclaré plus de 30 000 euros) – les ouvriers, employés et retraités bénéficient quant à eux d’un revenu annuel moyen de 16 123 euros. Du jamais vu! Un pays – si donc on en croit son fisc – où les plus riches sont les retraités, les ouvriers et les employés, les plus pauvres les médecins et les avocats, où la classe (très) moyenne se compose d’hommes d’affaires et de traders! Mais que fait la gauche en nos contrées? Y aurait-il là-bas un Olivieris Besencenos efficace? Et qu’attendons-nous? Employés, ouvriers, retraités et futurs retraités, bref vous et moi, allons tous en Grèce nous y faire voir, et plus si entente! Les beaux jours revenant, les sécheresses s’annonçant, les traditionnelles déforestations criminelles par le feu qui font rage presque chaque année dans l’Attique et le Péloponnèse vont libérer de lucratifs terrains à bâtir pour les plus fortunés. Pour une fois que ce sera nous, n’hésitons pas! D’autant plus que, d’ici 2013, la manne financière de Bruxelles devrait avoisiner les 30 milliards. Sans compter les aides contingentes et celles du FMI. L’Eldorado sous l’Olympe, le rêve, quoi!
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Le Monde diplomatique. L'auteur démontre, sans ironie, le lien de causalité entre la fraude fiscale en Grèce, véritable sport national prétend-il, et la faillite du pays.