Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les treize priorités du DIP

Par Pierre Béguin

 

Tout le monde se souvient – ou devrait se souvenir – des treize priorités de Charles Beer pour sa gestion du DIP. Certes, on comprend qu’un politicien doit ratisser large. Les électeurs, qui ne sont plus dupes depuis des lustres, en prennent acte et s’en amusent. Mais tout de même, treize priorités, là, on faisait dans l’inflation! Le citoyen lambda comprend immédiatement que treize priorités, c’est l’embouteillage assuré, l’accident programmé, le cataclysme annoncé. Treize priorités, c’est, au fond, n’en avoir aucune.

Une brève visite sur le site de l’Instruction Publique donne à ces treize priorités une note particulièrement savoureuse. Sous «conseil d’établissement» – le dada de notre ministre – on peut lire ceci: «Il développe des liens entre l’école, la famille ainsi qu’avec et grâce aux communes.» Ainsi qu’avec et grâce aux communes! En voilà une syntaxe qu’elle est bonne! Rappelons-nous que, dans l’ordre de leur présentation, les trois premières priorités de Charles Beer étaient les suivantes:

  1. Renforcer la cohérence et la qualité du système scolaire
  2. Combattre l’échec scolaire
  3. La langue française

De toute évidence, ces priorités ne sont pas si prioritaires que cela. Mais ce n’est pas tout. On nous indique que «ce projet renforce la démocratie et la participation». Or, il est précisé que, «pour l’élection des parents, le taux de participation moyen est de 18%». Bon, disons que la participation n’est pas une priorité. Et l’on ajoute: «L’élection des enseignant-e-s s’est déroulée de manière tacite dans la plupart des cas». Bon, disons que la démocratie n’est pas une priorité. Enfin, cerise sur le gâteau, cette remarque: «Sur les 364 sièges réservés aux parents, environ 70% sont occupés par des femmes». Bon, disons que l’égalité n’est pas une priorité. Pourtant, dans l’inénarrable liste des treize priorités, on lit sous chiffre 7: «Une politique volontariste en faveur de l’égalité entre filles et garçons». Etonnant, non?

Le politiquement correct m’empêchant de conclure comme le point 10 de la fameuse liste m’aurait incité à le faire, je laisse le lecteur disposer à sa guise de cette ultime séquence.  

Commentaires

  • La priorité de ces treize priorités est celle de détourner l'attention des constats qui, eux, imposent une seule et unique priorité urgente: cesser de vouloir faire de l'école un paisible lieu de vie et la restaurer dans son mandat d'instruire par la transmission de connaissances rationnelles, rigoureuses et approfondies.

    Seulement, reconnaître cette priorité là implique l'abandon définitif de toute la construction pédagogique patiemment élaborée pendant des années de réformes et de discours creux destinés à "donner du sens" à ce qui n'en a pas.


    "Il n'est pas permis au Chef de laisser apparaître la plus petite parcelle de réalité, c'est pourquoi son mérite est proportionnel à ses aptitudes à enfumer tout un chacun" (Isabelle Stal, L'imposture pédagogique, Perrin, 2008, page 53)

Les commentaires sont fermés.