Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Home, hard home…

 

  

 

par Pascal Rebetez

 

 

J’ai vu le dernier film d’Ursula Meier dont la critique dit tant de bien : « prodigieux » dit l’Hebdo, « chef d’œuvre » renchérit Le Temps, « renouveau », « long métrage essentiel » et j’en passe. Le curieux se laisse séduire par l’appareil « réputatif » mis en place. On n’avait pas vu ça depuis Tanner dans les années septante, invité à Cannes, primé ici et là. Et puis j’avais été fasciné par le moyen métrage Tous à table de la talentueuse cinéaste. Donc j’y vais, même si le motif aperçu dans un lancement n’est pas très croustillant : une famille seule, un bord d’autoroute, l’enfermement…

Et c’est bien ça : une famille au bord du monde, qui s’entend, puis qui se lézarde quand elle ne s’entend plus, à cause du bruit du monde (la circulation qui a repris sur l’autoroute). On peut donc voir ceci comme une parabole, blabla, identité helvétique, enfermement, tous névrosés, clichés, blabla…

Mais je ne suis pas critique, juste spectateur. Et nous étions nombreux, à la sortie du cinéma, à trouver le film trop long, ennuyeux, lourdingue, sans grand intérêt sinon son ambiance claustrale, et puis « Isabelle Huppert, elle est si menue, on ne l’a jamais vue aussi maigre, non ? »…

Alors quoi ? D’où vient cette dichotomie entre les louanges sans nuances de journalistes avides de couronner une artiste d’ici (enfin !) et le « oui, mais bof » du spectateur lambda ?

Tresser des louanges de temps en temps doit aider à survivre dans la profession, si encline à l’ironie funèbre ; un peu de pompes doit raffermir les lustres. Et puis, quand tous s’en mêlent, quand c’est d’espoir, presque d’espérance dont on parle, il n’y a plus à douter : il faut encenser, glorifier, canoniser tant qu’à faire ! Le critique est alors aux avant-postes, laudateur aspergé d’un peu de la gloire qu’il contribue à créer, dans une mécanique dont un des principaux ressorts repose sur sa crainte panique du ratage, d’être à côté de la plaque tournante du succès, la peur de ne pas « en être »…

Tiens, toutes proportions gardées, c’est comme en littérature avec le très estimable mais illisible Jean-Marc Lovay : tous les critiques le portent aux nues, alors que bien peu l’ont vraiment lu jusqu’au bout.

Je vais encore me faire des amis…

Commentaires

  • Je me suis toujours demandé (avec inquiétude) si la critique littéraire était aux livres ce que la critique de cinéma est aux films… C'est-à-dire tributaire des modes, des règles et des humeurs, de l'air du temps, des rivalités médiatiques (si le critique de l'Hebdo adore un film, celui du Temps est obligé de le descendre en flammes, et inversement, etc.)… Ce serait grave!
    Quant à Lovay, il n'a pas besoin de lecteurs : il a des appuis médiatiques (le journal le Temps fait office d'attaché de presse des éditions Zoé) et des soutiens politiques (Pro Helvetia) qui suffisent à l'édification de sa légende! Le littérature, ici, est tout à fait secondaire!

Les commentaires sont fermés.