Les corbeaux sont toujours là
PAR SERGE BIMPAGE
Moment de joie exceptionnelle, mardi, à la première de « Les Corbeaux », à la Comédie ! Anne Bisang signe ici sa meilleure mise en scène. Elle a su donner une contemporanéité et insuffler un rythme effréné à cette pièce du XIXème qui traite de la voracité des hommes d’affaires et de la place des femmes dans la société. Quant aux acteurs, emmenés par une Yvette Théraulaz au mieux de sa forme, tous ou presque – pianiste compris – sont sous l’effet d’une inspiration contagieuse. Une mention toute spéciale pour la jeune Prune Beuchat, dont le naturel et l’inventivité de jeu est aussi percutant qu’époustouflant.
Un grand moment, oui. Qui fait du bien par les temps qui courent. Non seulement le sujet a de quoi donner à penser en cette époque où l’argent et le pragmatisme cynique prennent le pas sur toute solidarité ; mais par elle-même, cette création à l’enthousiasme et au talent collectif subjuguants, constituent un défi des plus tonique à la morosité ambiante. Décidément, Anne Bisang, au fil des saisons, a su imposer au travers de ses choix esthétiques un théâtre qui dérange dans le meilleur sens du terme. Un vrai théâtre, qui n’a que faire des conventions. Le choix de « Les Corbeaux », pièce qui révolutionna jadis les canons théâtraux traditionnels, de même que son remarquable traitement, fera date dans l’histoire du boulevard des Philosophes.
Commentaires
Anne Bisang aurait réussi une mise en scène? C'est une bonne nouvelle. Je me réjouis d'aller vérifier…
"Les Corbeaux", d'Henry Becque, ça va sans dire, mais encore mieux en le disant..