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Voyez la différence

Par Pierre Béguin

 

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Un ami qui travaille dans une banque privée de la place me faisait part l’autre jour de son étonnement professionnel à l’observation des traditionnelles transhumances estivales: tous les directeurs, fondés de pouvoir, personnel du back office, middle office et front office partent en vacances sans que personne ne voie la différence sur le fonctionnement de la banque. Tous sauf un: l’huissier. C’est le seul poste qui doit absolument être repourvu pendant l’absence de son titulaire sous peine de paralyser l’établissement…

J’ai enseigné dans un collège où, pendant presque une année, il n’y avait plus de directeur. Personne n’a vu la différence. J’ai enseigné dans un collège où, pendant presque une année, il n’y avait plus d’huissier. Tout le monde a vu la différence.

Et pourtant, dans le but, soi-disant, d’améliorer le fonctionnement d’une structure, on renforce systématiquement sa hiérarchie et on coupe à sa base. Ainsi, la rentrée scolaire draine ses inévitables alluvions de directeurs qui se déposent un peu partout comme autant de barrages au courant d’eau vive. Cette année, l’école primaire fait particulièrement fort: une centaine de directeurs et 5 super (!) directeurs. A part Charles Beer et les quelques inspecteurs devenus directeurs qui gagnent plus pour travailler moins, personne ne verra la différence sur l’efficacité du système. Mais comme il faut bien prendre à Pierre ce qu’on donne à Paul, la conséquence directe est évidente : toujours moins d’enseignants en proportion du nombre d’élèves. Là par contre, tout le monde voit la différence. Merci qui? Allez, répétez-le pour vous en souvenir dans une année lors des élections. Là, on verra peut-être la différence. Quoique…

Je sais, vous vous demandez quel est le rapport entre la photo d’en-tête et le contenu de ce billet. Simple contre-exemple: elle figure au sommet, elle ne sert à rien, et pourtant, sur l’impact et l’efficacité de cet article, là, je vous assure, on voit la différence…

Commentaires

  • Excellent...

  • Avez-vous remarqué comme certains animaux ont la fâcheuse habitude de vouloir toujours marquer leur territoire d’une manière ou d’une autre? Il en va de même pour quelques conseillers d’Etat ainsi que pour la grande majorité des députés du Grand Conseil. Ainsi, Charles Beer se doit de marquer d’une pierre blanche son mandat ministériel. Nos élus, eux, préfèrent acheter la paix scolaire : la tranquillité est propice aux basses magouilles politiciennes, elle permet de mieux assouvir ses ambitions personnelles en se livrant au jeu du « je te donne, tu me donnes ».
    Que pouvait donc bien faire Charles Beer après la « claque » qu’il avait prise en 2006 lors de la votation sur le maintien des notes à l’école primaire. Rappelons qu’il s’était vu désavoué par la population à près de 76% tout de même… à n’importe quel prix il lui fallait reprendre la main, montrer qu’il agissait, sauver les apparences. Malheureusement, s’il fallait lui mettre une note, le bilan du chef du DIP serait loin d’obtenir la moyenne ; celui-ci serait même recalé à son examen final. Voyons plutôt.
    Bien qu’inscrites dans le nouveau règlement de l’enseignement primaire, le Département est incapable de mettre en place des mesures d’appui efficaces et réalistes pour les élèves en difficulté scolaire ; aujourd’hui, elles sont réduites à une peau de chagrin. C’est pourtant là la seule condition pour lutter contre l’échec scolaire. Au détriment des élèves, le politicien Charles Beer préfère le tapage médiatique et instaure un nouveau fonctionnement de l’école primaire. Il quadruple les forces hiérarchiques en nommant 93 directeurs surpayés en lieu et place des 25 inspecteurs d’antan. Ceux-ci feront quatre fois moins de travail. Notre conseiller d’Etat estime néanmoins nécessaire de leur allouer encore, à chacun, un maître adjoint. Sans aucun doute a-t-il cédé à la pression qu’exerçait le syndicat de la SPG. On se demande d’autant plus comment ces directeurs vont meubler leurs journées ? Ce ne sont plus des placards dorés qui leur sont offerts mais de l’or en barre ! A quand la voiture de fonction, l’appartement à disposition et pourquoi pas l’exonération d’impôts ? Tout cela au nez et à la barbe de nos chers députés qui, mis devant le fait accompli, acceptent de se voir imposer sans broncher ce changement de loi . Jusqu’à quand nos élus laisseront-ils ainsi bafouer leurs droits et devoirs ? N’est-ce pas au pouvoir législatif de décider des lois ? Pourquoi donc ces députés ont-ils été élus ?
    Le contre-projet sur le cycle d’orientation, concocté par Monsieur Beer, ne vaut pas mieux. Elaboré dans le seul but de contenter tout le monde politique, destiné à promouvoir la paix scolaire pour laquelle tous les députés s’empressent de s’auto-féliciter, ce contre-projet se fiche du bien des élèves à qui il est pourtant destiné. Issu de ce compromis politicien, sans relief, il n’est que la pâle copie du CO actuel. Trois regroupements en 7ème ! Voilà un changement révolutionnaire par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui avec les trois « voies » A, B et C ! Puis, dès la 8ème , un choix tout ce qu’il y a de plus restreint avec seulement trois sections différentes. Ce contre-projet n’a rien de novateur et n’est absolument pas adapté à notre société actuelle. Aujourd’hui, les adolescents du CO ont le droit de bénéficier d’un large choix de sections afin que chacun d’entre eux trouve la place qui lui convient le mieux. L’initiative 134, « Pour un cycle qui oriente » répond à ce besoin.
    A l’évidence, le bilan du conseiller d’Etat en charge de l’Instruction Publique est catastrophique : rien… si ce n’est de la poudre aux yeux. Après le mandat tout aussi calamiteux de la libérale Martine Brunschwig-Graf, Charles Beer avait pourtant toutes les cartes en main pour sauver l’école genevoise à la dérive. Malheureusement, il ne s’en est pas montré capable et mène désormais cette école à un naufrage annoncé.
    André Duval

  • Ha! Cher collègue, je sens que je vais adorer ce blog....:))
    Bonne rentrée!
    Ark

  • Les classes du collège sont saturées. Certaines comptent 25 élèves. Le chèque d’établissement a été tellement serré cette année que les directeurs ont subi des pressions inouïes.

    Tout cela pour permettre aux 93 directeurs - dont absolument personne n’a besoin - d’être engagés à prix d’or. Et au chef du DIP de dire qu’il fait des réformes formidables. Ici, il ne s’agit pas d’économie (ce qu’on pourrait comprendre) mais d’un tour de passe-passe. L’école genevoise est simplement lamentablement dirigée. Y a-t-il une malédiction qui pèse sur elle ?

    Le pire est que nul de défend, au sein d’un DIP en déliquescence, la filière culturelle, celle qui conduit à l’université, parce que la culture, aux yeux de nos vaillants garde rouges et de nos pédagogistes, est un passe-temps élitiste.

  • Est-ce une photo de l'une des nouvelles directrices d'établissement? Peut-on savoir lequel? J'aimerais y inscrire mes enfants?!

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