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Requiem pour une révolution...

Par Serge Bimpage916782172.jpg

Pas plus tard qu’hier j’ai rencontré Paul, un de mes vieux potes de 68. Je veux dire un type de ma génération, un mec bien : cadre, créatif et fumeur. Justement, il en grillait une sur le trottoir mais il avait vraiment pas l’air cool. Ca va pas, brother ? je lui ai lancé jovial, ayant abaissé ma vitre. Plaisante pas, il a dit, tu ne sais pas ce qui m’arrive : comme directeur j’ai été contraint de voter une directive pour interdire aux employés de fumer ! J’ai compati en souriant. Alors, il a ajouté : On est cernés, mon vieux. Et ça n’est encore rien. Ah bon, quoi d’autre, Paul ? Il s’est penché vers moi, et en aparté : J’ai été dénoncé à la police par un cinglé qui estimait que je roulais mal ; il a noté mon numéro de plaques et envoyé un sms au 939 pour se procurer mon identité… Là, je suis resté muet. Dans ses yeux humides j’ai lu le requiem pour une révolution perdue, le deuil d’une époque où l’on jouissait sans entraves – toute la douleur de la commémoration. Non parce qu’elle balise le temps qui passe. Parce qu’elle signe l’irrépressible montée mac’cartiste qui sévit. T’en fais pas, on va bientôt redescendre dans la rue, j’ai dit sans conviction. Une vague lueur dans ses yeux, comme il écrasait sa clope. Et hop, on est retourné dans nos bureaux.  

 

Commentaires

  • Tristesse et nostalgie en lisant et relisant votre billet.
    Un sourire un peu amer, normal.
    "En ce temps-là…"
    Aujourd'hui, c'est la gauche qui est chiante et bien-pensante.
    Pleine de bon sentiments bien rangés, par palettes entières,
    avec les codes-barres bien lisibles, les interdictions de penser
    autrement bien visibles et un leasing à 0 %.
    P'tain…
    Je suis bien content d'avoir brûlé mes 20 ans en '68
    et d'avoir gardés intacts ma joie de vivre et mon rire.

    Merci pour ces lignes tristement drôles…

  • Allez, quelques nouveaux slogans, pour remonter le moral de Paul :

    *Le Grand Soir peut encore se lever de bon matin.

    *La révolution fait bander mieux que le Viagra.

    *Tapez révolte sur votre clavier et sortez dans la rue !

    *Nos grands soirs flamboyants vaudront toujours mieux que vos petits matins péteux.

    *Ils nous ont fusillés tant et tant de fois, mais nous sommes toujours debout.

    *Désillusion ? Est-ce que j'ai une gueule de désillusion ?

    *Arrachons le futur à l'Histoire !

    *Si vous avez du mal à dire non, dites Merde !

    * Une seule question : Quand fait-on la révolution ?

    (Extraits de "Slogans pour les prochaines révolutions" de Denis Langlois)

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