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Prime d'assurance maladie: inacceptable!

Par Pierre Béguin

Ainsi donc les primes d’assurance maladie obligatoire vont augmenter de 0,5 % l’année prochaine, annonce fièrement le DFI. Et son ministre, l’inénarrable Alain Berset, de se féliciter – en d’autres termes de s’autocongratuler – de hausses à son image, c’est-à-dire «très modérées», soulignant comme il se doit le fait que «les efforts de maîtrise des coûts menés ces dernières années semblent porter leurs fruits» (au pluriel, svp!).
AH BON !
Dans la foulée, la FMH (Fédération des médecins) en remet une couche, s’estimant elle aussi très satisfaite de la hausse des primes correspondant «à une faible croissance des coûts». Bref, si toutes les parties concernées sont contentes, le citoyen devrait l’être, non?
NON!
Car cette fois, plus personne ne pourra en douter: on se fout royalement de notre gueule!
Rappelons donc ce que tout le monde sait: jamais les hôpitaux et les cabinets médicaux n’auront fonctionné si loin de leur capacité maximale qu’au temps du confinement, entre mars et avril. Quand ils ne furent pas simplement fermés, les cabinets médicaux fonctionnèrent entre 10 et 30 % de leur capacité, les cliniques, et même les hôpitaux, à guère plus de 50 %. Et ne parlons même pas de tous les autres acteurs de la santé, réduits à l’inactivité complète. Par la suite, et jusqu’au début juillet au moins, les patients encore frileux n’ont guère repris le chemin menant à leur médecin, la fréquentation stagnant autour de 50 % d’une fréquentation normale. Tous les médecins dans mon entourage – et cela en fait tout de même un certain nombre – se lamentaient de leur perte financière (même si beaucoup s’estimaient tout de même privilégiés).
Alors expliquez-moi ce paradoxe étrange: comment une telle baisse de fréquentation des patients et une telle perte de revenus pour le corps médical, donc logiquement de telles économies effectuées par les compagnies d’assurance, peuvent-elles se traduire en finalité par une augmentation des coûts? Désolé de vous contredire, Monsieur Berset, mais tout cela sent son escroquerie à plein nez. Ou alors j’ai raté un épisode, mais dans ce cas, au lieu de vous autocongratuler pour faire passer une pilule de plus en plus amère, il s’agirait de nous expliquer.
Et que dire de ces fameux fonds de réserve aussi obscurs qu’énormes que les assurances amassent chaque année pour faire face – dit-on – à des circonstances exceptionnelles. Si l’on pouvait jusqu’en 2020 justifier de leur nécessité par l’avènement de temps difficiles, comme ceux que nous traversons, l’expérience nous montre maintenant à l’évidence l’inutilité, pour le citoyen bien entendu, de ces milliards de fonds de réserve face au problème même par lequel on justifie leur existence. Les fonds de réserve? Non, mesdames messieurs, pas touche et silence radio!
Cette fois, le doute n’est plus permis: notre système de santé est nu, comme celles et ceux qui essaient de le défendre et/ou qui en profitent allègrement, et l’escroquerie – ou appelez cela comme vous voulez – évidente.
Reste à connaître la réaction des politiques, des différents partis, face à ce que nous devons considérer comme tout à fait inacceptable. Si rien ne se passe au niveau politique, nous serons amener à nous questionner sérieusement sur le rôle joué par nos élus dans ce qui menace de plus en plus de tourner un jour au scandale national.
Et si d’aventure nous avons droit à une troisième votation sur le sujet, il faut espérer que les citoyens se souviendront de 2020, de cette inacceptable – et Xème – augmentation «modérée», qui aurait dû cette année se transformer en une baisse significative, et qu’ils feront cette fois voler en éclats dans les urnes un système qui, à petites doses annuelles, enrichit les uns en rendant exsangues les autres.

Commentaires

  • Pour réellement changer le système, on ne peut compter ni sur les économistes ni sur les politiciens qui sont sur leurs lancées sans frein ou presque. Il est temps d'effectuer une réelle transmutation et que chacun réveille le médecin qui sommeille en lui. Ainsi, quel que soit le praticien consulté, que cette rencontre permette de mieux se connaître, mieux observer ses réactions donc trouver le geste juste ou l'attitude adéquate pour rectifier ses troubles. Tant qu'on a le réflexe de gommer les symptômes, on restera dépendant des industries pharmaceutiques donc elles continueront de diriger notre santé tant physique qu'économique!

  • Bravo pour cette vérité en espérant que le peuple aura son mot à dire ....

  • Ce que l'on voit pas au travers de ces chiffres, c'est la "part personnelle". Ce qui est dommage, c'est qu'il en va de l'accessibilité de notre système de santé pour une partie de la population au dessous de sa franchise.

    J'ai trouvé ce chiffre par exemple.
    Entre 2015 et 2018: cabinet médicaux soins de base, part "personnelle": augmentation de 43% (1.6 milliards à 2.3 milliards).
    Donc la consultation que l'on paye entièrement de sa poche pour des "soins de base" a augmentée de 600 millions entre 2015 et 2018.

    Source: https://www.bfs.admin.ch/bfsst.../dam/assets/12567521/master

    Hors cela échappe totalement aux "radars" de l'OFSP - et une partie de ces chiffres n'arrive même pas chez eux vu qu'ils ne passe pas toujours par les assurances... hors il en va de l'accès à notre système de santé.

    Un bon système de santé doit rester abordable pour tous... hors ce n'est plus le cas avec le système de santé Suisse. On a tendance malheureusement à confondre un système de santé "luxueux" et "excellent".

    Par ailleurs notre système de santé à augmenté entre 2015 et 2018 de 10%. De 74'385 millions à 81'892 millions.

    La part que les ménages versent a elle augmentée de 18.06% (18'931 à 22'350 millions).

    La part que rembourse les assurances de 8%
    (12'105 à 13'122 millions).... pourtant nos primes ont pris entre 12 et 50% d'augmentation entre 2015 et 2018....

    La part de la confédération/cantons/communes de 8.14% (13'877 millions à 15'006).

    Donc clairement il y a un déplacement de la charge sur la part "personnelle"... quand on est déjà le pays "évolué" qui fait le plus payer ses citoyens à leurs propres frais.

  • Il y a un immense divorce entre le service financier des assurances maladie et la réalité des maladies et des soins adaptés à chaque individu. Il faudrait un service qui relie le tout , ce qui reviendrait à la politique si elle n'était pas si soumise aux économistes, aux industries pharmaceutiques et à la médicocratie (terme qui n'est pas encore transmis par google!)

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