Les Carnets de Corah (Épisode 83)
Épisode 83 : Marc JURT en rêvant : La mémoire résurgente
Sur la toile de fond, les quatre éléments se frottent les uns aux autres, circulant dans la masse épaisse du temps où se profile plus bas, le triptyque de la mémoire résurgente.
Au centre, un coquillage inoccupé, vidé de sa substance. Abandonné comme les restes d’un festin exquis. L’enveloppe tangible témoigne des époques successives qui ont été nécessaires à sa croissance pour servir de frontière protectrice, de cocon nourricier au vieil hôte des lieux, aujourd’hui enfoui. Il n’y a plus âme qui vive ici ! Seul ce cercueil ouvert parle encore de son passage sur terre.
Sur l’estampe de gauche, deux cellules s’aimantent sans se toucher comme deux nageuses synchronisées. Peut-être sont-elles cultivées in vitro dans le but de fabriquer un être nouveau ? Un songe ex nihilo, sans racine ni mémoire, qui ressemble à un être artificiel capable d’ondoyer en de souples identités. Le matin, bambou, le soir, huitre perlière.
À droite, une graminée en chute libre au-dessus d’un massif d’herbes sauvages. L’esprit insoumis se distingue du groupe. Souple comme le roseau, stoïque comme le bambou, il trace sa voie avec fluidité au hasard des rencontres.
Faut-il se souvenir de son corps, de son esprit créateur et du hasard pour fonder l'avenir ?
Marc JURT. La mémoire résurgente, 1990. Aquatinte au sucre, pointe-sèche et vernis mou en noir, bleu-vert, bleu-gris et brun sur quatre plaques ; 11,9 x 13,8 cm, 11,9 x 13,8 cm, 11,9 x 13,8 cm et 59, 4 x 46, 1 cm. Catalogue raisonné, no 203.