Sur les traces de la femme invisible (Nathalie Piegay)
par Jean-Michel Olivier
Dans La femme invisible*, Nathalie Piegay, professeur de littérature française à UNIGE, réussit un pari impossible : rendre vivante et visible une femme restée dans l'ombre de son amant (Louis Andrieux, homme politique français, ami de Georges Clémenceau) et de son fils unique, Louis Aragon. On connaît l'imbroglio familial : le poète est élevé par sa mère Marguerite (qu'on fait passer pour sa grande sœur) et sa grand-mère (qu'on fait passer pour sa mère). Vous suivez ?
À vingt ans, Aragon découvrira la vérité. Il restera attaché à sa mère toute sa vie et vouera une inimité tenace à ce père célèbre et brillant qui les a entretenus, mais aussi soigneusement tenus à distance de sa vie officielle. Nathalie Piegay dénoue parfaitement cet imbroglio —, qui a tout de même produit l'un des plus grands écrivains français du XXème siècle !
La vie de Louis Andrieux, le père donc, est connue et largement étudiée (voir ici). Mais on savait peu de choses sur Marguerite qui a élevé et aimé cet enfant naturel. Nathalie Piegay mène l'enquête. Elle se rend sur les lieux où Marguerite a vécu. Elle découvre que cette femme, jusqu'ici invisible, a exercé plusieurs métiers et qu'elle a écrit des romans, vendus comme suppléments à certains magazines féminins. Une abondance de romans, même.
Quelle influence cette mère écrivaine (et traductrice) a-t-elle eue sur son fils ? Impossible à dire, bien sûr.
Mais le feu de l'écriture passe par là…
Au fil des pages, le mystère Marguerite se dévoile. Mais la part d'ombre reste intense, car les documents, textes, traces de cette vie discrète font défaut. Nathalie Piegay se livre elle-même beaucoup dans le portrait de cette femme « invisible », avec une ferveur teintée de féminisme. Ce qui rend le livre (est-ce un roman ? un récit ? un essai ?) à la fois attachant et passionnant à lire.
* Nathalie Piegay, La Femme invisible, éditions du Rocher, 2018.
Commentaires
Bonjour,
Le Mystère de Marguerite, c'est l'histoire de la Femme, c'est l'éternelle féminin qui se dévoile, doucement mais surement.
Et l'on s'aperçoit alors que ce qu'elle a écrit, loin d'être des romans, est une œuvre de feu, du feu de l'esprit, immortelle et de première importance qu'il faut redécouvrir.
Rappelons que la tradition antique personnifia toujours la science et les lettres par neuf femmes qui furent les neuf grandes Révélatrices. Les sociétés secrètes, qui continuent les Mystères antiques, ont gardé fidèlement le souvenir de ces grandes Déesses (1) qu'elles symbolisent par neuf sœurs.
Quelles étaient en réalité ces neuf Déesses ?
Les voici :
1- TOTH en Egypte, auteure des 42 livres sacrés.
2- SARASVATI aux Indes, auteure du Véda.
3- YAO en Chine, auteure des King.
4- La VOLUSPA chez les Celtes, auteure de l'Edda.
5- DERCÉTO, surnommée ISTAR ou ASTARTHÉ, en Phénicie, auteure de la Cosmogonie Phénicienne.
6- ARDUI-ANAÏTA, surnommée ARIANE ou ARIADNE, auteure de l'Avesta en Perse.
7- KRISHNA aux Indes, auteure de la Bhagavad Gitâ.
8- HEMŒRA en Grèce, auteure des livres attribués à Homère.
9- MYRIAM HATHOR en Egypte, auteure du Sépher qui servit à faire le premier livre du Pentateuque, la Genèse biblique.
Plus un enfant connait sa Mère, plus il l'Aime.
Cordialement.
(1) Déesse est le nom générique de toutes les femmes supérieures et qui n'indiquait alors que les qualités morales inhérentes au sexe féminin.