Les Carnets de CoraH (Épisode 26)
Épisode 26 : les Carnets fêtent leurs 6 mois !
Pour marquer cet événement, je l’accompagne d’un poème visionnaire. J’ai parfois l’impression étrange de voyager dans le temps, de voir défiler dans l’épaisseur des âges, des visages lointains et inconnus qu’il me semble, à force de les pister, reconnaître. C’est ici, Léo, un homme actuel (ordinaire) éclairé fugitivement par quelque éclat : un bateau lunatique, un visage peint, une cène frugale. Connaissez-vous cette excitation de suivre des apparitions sur une toile vivante, d’y lire les histoires à la fois courantes et communes, où l’on peut s’inscrire, prendre part ou se perdre ? Les êtres et les lieux se superposant à l’extrême, vibrant à l’unisson dans une transe cosmique.
Vision I
Léo à l’aube
S’ébranle, la bouche humectée de gin
Le halo d’une Marlboro opaque
Le pouce vif musclé
Une sifflée une taffe une pincée
Léo sur le pont
Seul au monde
L’œil dans l’onde
— Un va, un vient, un sort !
Elle voit elle figure elle minaude
Léo, mon Vinci, mon Caprice
Léo tu pénètres le temps ?
— Diable ce Léo !
Entre Toronto et Genève l’océan
Large frontière entre les uns et les autres
Disque lunaire tu rayonnes
Au-delà du visible
Artiste, venu, trahi
L’un sur l’autre masqué
Dans l’épaisseur du monde
— Me fais-tu signe ?
Georgia O'KEEFFE, Night Wave, 1928.
Georgia O'KEEFFE, Sun Water Maine, 1922.
Commentaires
Vous êtes faite pour rejoindre les Poètes de la Cité, qui ont plusieurs poètes visionnaires en leurs rangs! https://www.lespoetesdelacite.ch/
Merci d'annoncer ici cette belle perspective poético-musicale. Il m'aurait plu de voir vos trois danseurs ou de suivre vos pas dans la ville sur des airs de Saint-Saëns ou de Mozart! Je n'ai pu venir vous écouter car j'exerçais ma voix sur trois airs de Peter Pan!
Corah, comme vous j'aime suivre les personnages qui me font signe dans les tableaux et m'y perdre un peu....celui-ci s'y prête particulièrement et je comprends de mieux en mieux votre engouement pour Georgia O'Keeffe, continuez à glisser vos mots entre ses pinceaux pour notre plus grande joie!
Frédérique, plus je vais à la rencontre de Georgia plus j'y découvre un parcours d'une grande cohérence, d'une richesse incroyable! J'aime faire résonner ses tableaux avec mon parcours… sans y donner une interprétation mais les points d'attache, les échos, y sont tellement nombreux. Le mystère est ainsi offert en partage.