Les Carnets de CoraH (Épisode 11)
Épisode 11 : première métamorphose : Cora devient CoraH
Les mots sont un outil profondément psychanalytique. Un jeu avec des sonorités naissantes que l’ouïe ajuste piane-piane. Une reconnaissance des cavités de son corps qui bourdonne, bruit ou sanglote andante. Une tournée vertigineuse dans les creux, les failles, la résistance de l’os qui rend possible le son et amplifie le sens hors de soi dans le ressassement audible. Du cri primal à la voix modulée, timbres, accents et inflexions, je les fais tous résonner, crescendo, comme autant de tiges enroulées autour de l’échelle vocalique. Comme des gloires du matin, avides et vigoureuses autour d’un tuteur. Tout sauf le garrottage.
Si les mots s’invitent par l’oreille, leur racine traverse le temps et les langues, et leur graphie s’imprègne sur la rétine. Il y a du corps, du cri et de l’ivresse dans CoraH, de l’étoffe indienne sur l’étal de Zola. De l’onomatopée avant le poème.
Croâ, croâ, croâ
ziiip, aaaaah ! clac !
boum boum, boum boum
beurk, kof kof
boum boum, boum boum
glouglou, couac !
pfiou, hiiiii-hiiiiii, aaaaaarrh
boum boum, boum boum
……………………………
din-din
pof, la la la, pof, la la la
bzzzzz, bzzzzz
boum boum, boum boum
ha ha ha ha, hourra !
Dès aujourd’hui, durant la nuit des longues échelles (l’Escalade genevoise) une lettre supplémentaire boucle mon nom par une échelle orientée vers l’astre élu et favorable. Tout sauf une lettre morte !
Avec cette nouvelle verticalité assumée au bout de mon nom, je crée une échappée bienheureuse hors de l’en-nuit et de la dormance. Au-dessus du vol du corbeau, au large de l’île des supplices. Comme un nocturne passé en boucle, la contingence des lettres et le hasard des mots viennent à moi, escaladent les échelons et s’élèvent dans la masse sonore.
Lire n’est-il pas prodigieux quand la rotation s’opère sur nous-mêmes et nous fait voir autrement qui nous sommes ?