Frédéric Lamoth, Lève-toi et marche
Par Alain Bagnoud
Lève-toi et marche, c'est un roman, qui, pour moi, fleure un peu les idées 70, ses idéologies et ses thèmes : un jeune homme fait son service militaire. En pleine nuit, il quitte sa caserne et part se promener dans la campagne, rencontrant des gens sympas et alternatifs, pendant que continue la vie militaire avec ses troufions et ses gradés, des hommes qui aiment l'ordre et le foot, aux valeurs carrées.
Mais la forte opposition entre les deux mondes représentés dans ce roman est bien menée. Frédéric Lamoth donne un côté comique à la gestion de la vie militaire et aux scènes de l'école de recrue, et s'attache aussi à comprendre avec honnêteté les valeurs et les univers de ces gradés qui lui semblent un peu étrangers et lui paraissent manifestement exotiques.
Le monde de son déserteur, Samuel est très différent, baigné de musique et de chant. Au fil de la cavale tranquille de ce poétique jeune homme, on découvre son passé, reconstitué par fines touches.
Un secret, un drame est caché dans chacun de ces deux univers. Ils peuvent peut-être expliquer une désertion spontanée, qui semble échapper à Samuel lui-même : une grange qui brûle d'un côté, de l'autre la mort d'un frère doué provoquant le désarroi de la mère.
Quoi qu'il en soit, dans le départ inopiné du héros et son errance sans but, dans sa rencontre de personnages singuliers, un étranger qui brûle un corbeau, des habitantes d'une ferme biologique, on perçoit une recherche d'identité. Elle est suggérée par touches fines qui reconstituent le puzzle de la mémoire et interrogent les raisons qu'il y a d'exister...
Frédéric Lamoth, Lève-toi et marche, Bernard Campiche Editeur